La mort et la belle vie de Richard F. Hugo

La mort et la belle vie de Richard F. Hugo
( Death and the good life)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Xerinata, le 7 juin 2006 (Amiens, Inscrite le 5 avril 2006, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 297ème position).
Visites : 6 086  (depuis Novembre 2007)

Un polar à savourer

C'est le titre qui m'a donné envie d'acheter le livre (en plus de la photo avec le caribou perdu dans la neige). Des polars j'en lis rarement, mais celui-là est différent, un peu comme ceux de Fred Vargas. Davantage pour l'humour et l'écriture que pour l'histoire, qui est classique.
Un policier poète (déjà c'est pas courant) espère couler des jours paisibles dans un coin paumé du Montana. Mais trois meurtres horribles vont troubler sa tranquillité. Son enquête va déterrer une autre affaire criminelle qui s'est passée il y a une vingtaine d'années. Les enquêtes vont s'imbriquer les unes dans les autres comme des poupées russes.
Une comparaison que n'utiliserait jamais Richard Hugo – trop convenue. Il préfère : "elle me paraissait aussi passionnante qu'un détachant liquide" ou "la moquette était bleue luxueuse et si moelleuse qu'avant de risquer un pas de plus, j'éprouvai le désir de la soulever pour m'assurer qu'il y avait un plancher en dessous".
Ses descriptions de personnages sont particulièrement originales. Et même quand il prend l'ascenseur, ce n'est pas comme vous et moi : "Je pénétrai dans un vieil ascenseur grinçant qui devait fonctionner selon son bon vouloir. J'appuyai sur le bouton du sixième, et il s'éleva à peu près aussi vite qu'un ruban de fumée par une chaude journée sans vent. Il vibrait, gémissait et, de temps en temps, se livrait à un petit écart. J'espérais que je vieillirais aussi lentement que lui."
J'ai savouré ce livre d'un bout à l'autre.

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Polar de poète

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 23 novembre 2015

Hugo, pas notre Victor national, Richard considéré par certains comme le fondateur de la fameuse école de Missoula qui regroupe les écrivains du Montana, et désormais d’ailleurs, qui racontent des histoires ayant pour cadre les grands espaces américains, a troqué la plume du poète pour celle du romancier pour écrire ce polar. Ce texte restera sa seule incursion dans la fiction, la mort l’emportera avant que le succès de ce roman l’incite à persévérer dans le genre.

Dans cet unique roman, Hugo met en scène Al Barnes la Tendresse, un flic débonnaire et compréhensif qui n’aime pas rudoyer les jeunes à l’énergie débordante, ayant quitté la police de Seattle après avoir été flingué par un vieux gangster roublard. Il a alors préféré s’installer à la campagne comme shérif-adjoint à Plains dans le Montana. Un beau matin, la quiétude qu’il a trouvée dans ce trou perdu qu’il affectionne, est perturbée par la découverte d’un corps tailladé à grands coups de hache. Il doit enquêter sur ce meurtre et sur un second commis de la même manière. L’affaire est bientôt résolue, trop vite et trop facilement pour la Tendresse et son chérif qui reprennent leurs investigations, Barnes repart en chasse, son enquête l’entraîne alors dans le milieu des gens riches, trop, de l’Oregon et plus précisément à Portland où des recherches l’attirent dans des histoires tordues, perverse, sinueuses et particulièrement embrouillées. Le fil qu’il déroule le conduit inexorablement, malgré les remarques de son supérieur, vers un autre meurtre, commis vingt ans auparavant, qui pourrait être à l’origine de ceux qu’il essaie d’élucider. Son enquête réveille des démons ensommeillés depuis deux décennies et provoquent une nouvelle vague de violence meurtrière que la Tendresse devra élucider pour comprendre les meurtres commis sur son territoire.

Hugo n’aime pas les riches surtout lorsqu’ils sont pervers, menteurs, violents et même meurtriers, il ne cache pas ses opinions politiques, pas plus que son aversion pour les fortunes accumulées sans aucun mérite, acquises seulement par naissance, mariage ou autre combine encore. Il n’apprécie pas plus les policiers flingueurs, tueurs expéditifs. Barnes la Tendresse est un flic sérieux, gentil et parfaitement incorruptible, il aime la nature, le Montana, surtout le petit coin où il vit avec sa nouvelle maîtresse et, tout comme Hugo, la pêche.

Un bon polar bien bâti, bien construit, haletant même s’il est un peu lent, avec une fin très adroite même si les spécialistes du genre l’éventeront certainement, j’aurais été déçu que ce dernier rebondissement ne surgisse pas.

Le flic et le poète

7 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 18 septembre 2013

On ne sait plus trop qui nous avait mis sur la piste de Richard Hugo (... avec un nom comme ça) et de son polar La mort et la belle vie, ou plus exactement de son détective Al Barnes, dit Barnes-la-tendresse, car c'est bien le personnage qui tient ici le haut de l'affiche.
Al Barnes est un ancien flic de Seattle qui s'est mis au vert à la montagne dans le Montana (on se rappelle Swan Peak de James Lee Burke et l'évocation de la mythique Lolo Pass que l'on retrouvera fugacement ici sur la route de Missoula).
Si on le surnomme Barnes-la-tendresse c'est parce que ce gros nounours est le plus trop gentil flic de toute la côte ouest. Trop cool, trop sympa.
Lui dans les interrogatoires, il ne “joue” pas au flic gentil : il “est” le flic gentil.
Trop gentil, ce qui lui a d’ailleurs valu de se faire tirer dessus à Seattle et explique sa "retraite" dans le Montana.
En fait il a été muté à la criminelle parce qu'il était incapable de verbaliser les excès de vitesse ou même d’interpeler les braqueurs !
Le flic des villes est donc devenu un flic des champs mais est resté toujours aussi tendre.
Un personnage particulièrement attachant et l'on se dit que, chouette, on tient là encore le beau début d'une belle série prometteuse.
Sauf que non.
Richard Hugo est un poète (un vrai) qui écrit de la poésie et qui enseigne la littérature. Nous avons donc entre les mains son seul et unique roman : il s'est essayé au polar, un genre qu'il affectionne tout particulièrement, comme ça, juste pour s'amuser et se détendre (le bougre).
De plus, le bougre n'est plus là et nous a quitté en 1982.
Voilà, gros regret avant même d'ouvrir le bouquin.
Du coup, on attaque cette histoire en savourant chacune de ces pages dont on sait qu'elles seront si peu nombreuses.
Et comme ça démarre super bien, le regret augmente en proportion : un peu de l'ambiance Craig Johnson, celle d'un tandem de flics blanc et indien, un peu de l'ambiance William G. Tapply, celle de la pêche (bon, vite interrompue la pêche, d'accord).
Un humour finaud à la saveur inhabituelle. Tout en douceur, tout en tendresse comme si c'était Al Barnes qui écrivait (ou plus sûrement, comme si Richard Hugo s'était projeté dans son héros).
De l'autodérision, pour les personnages comme pour l'auteur lui-même.
Un polar nature avec des personnages sympas.
Mais un polar quand même puisque dès la page 70, après déjà trois cadavres pas très jolis, nos gentils flics des champs ont déjà arrêté une grande folle qui manie la hache avec un peu trop d'entrain.
Oui mais comme il reste près de 200 pages, on se doute bien que le troisième cadavre découpé à la hache n'est pas du fait de la grande folle de la forêt.
Barnes-la-tendresse quitte donc ses chers bouseux de la campagne et prend l'avion pour Portland, Oregon : retour à la ville pour enquêter chez les riches et les nantis, à propos d'un ancien meurtre vieux de vingt ans, jamais élucidé et qui pourrait bien expliquer le troisième hachis.
Franchement, on aurait préféré rester avec les bouseux à la campagne dans le Montana. La deuxième partie du bouquin se lit sans déplaisir aucun mais ça n'a plus le tout à fait le même charme que les premiers chapitres.
On devine aisément que le poète Richard Hugo a voulu s'essayer aux différents styles de polars et rassembler tout cela dans un même hommage aux grands auteurs du genre. Depuis les indiens du nature-writing jusqu'à la figure archi-classique du privé parachuté dans la haute société un peu décadente.
Le “à la manière de” est assez réussi (évidemment, Richard Hugo est un pro, il était quand même prof de littérature !), l'intention est très louable mais le résultat finalement pas tout à fait convaincant pour le lecteur : on est un peu sévère mais le tout manque un peu d’unité et finalement de personnalité.
Richard Hugo écrivait de la poésie, Richard Hugo nous a lâché trop tôt, … bref, les amateurs de polars sont frustrés d’un grand auteur et d’une grande série !

Petis meurtres entre amis

9 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 57 ans) - 2 janvier 2012

Al Barnes, la quarantaine, a enfin trouvé le bonheur. Il est shérif adjoint de Plains, bourgade perdue du Montana. La délinquance y est inexistante, ce qui correspond bien à son naturel bienveillant, d'où son surnom de « Barnes la tendresse ».
Après avoir été flic à la brigade criminelle de Seattle, son travail lui laisse désormais beaucoup de temps pour écrire de la poésie et aimer ardemment Arlène, sa pulpeuse copine qui tient un des deux bars de la ville.
Jusqu'au jour où deux hommes sont sauvagement assassinés à la hache. L'enquête va vite le conduire à Portland, Oregon, et l'amener à s'intéresser à un meurtre non résolu vieux de vingt ans...
Richard Hugo (1923-1982) était le pape des écrivains du Montana, professeur à la fameuse université de Missoula. Poète, il s'est intéressé sur le tard au roman policier, puisque « La mort et la belle vie » date de 1980. C'est un polar classique et bien ficelé, forcément bien écrit et riche en rebondissements, avec un flic sympathique comme héros. Cet unique roman de Richard Hugo a frôlé le prix Pulitzer, et n'a pas eu de petit frère puisque l'auteur est décédé avant de l'achever.
Il est à noter que Richard Hugo a eu pour étudiant James Crumley, auteur dès 1975 de "Fausse piste", l'excellent premier roman policier de la série des Milodragovitch...
L'élève avait dépassé le maître ! L'école littéraire du Montana est décidément d'une incroyable richesse...
Personnellement, je préfère la roublardise rustique et déjantée des aventures de Milo. Mais Al Barnes a son charme, et « La mort et la belle vie » est un très bon bouquin.
A lire et à faire lire.

La magie n'a pas opéré tant que cela

7 étoiles

Critique de Nomade (, Inscrite le 14 février 2005, 12 ans) - 14 décembre 2011

Comment deux choses à l’opposé de l’une et de l’autre peuvent-elles être côte à côte dans le titre d’un ouvrage littéraire ? Richard Hugo, écrivain américain aujourd’hui disparu, a décidé ce choix il y a une trentaine d’années. Death and the good life, seul roman de ce poète dont je ne connais pas encore l’œuvre complète, est avant tout un polar. Un policier pour lequel j’avais entendu que de bonnes choses. C’est un des livres, à en croire certaines personnes, qu’il faut découvrir puisque c’est l’unique roman de celui qui a créé l’Ecole littéraire de Missoula dans le Montana et qui, de plus, a frôlé de peu le prix Pulitzer. (Toujours est-il qu’on ne nous communique pas sur l’œuvre qui a raflé ce titre. Serait-ce La conjuration des Imbéciles de J.K. Toole ?). Deux arguments de vente pour beaucoup mais qui ne le sont pas pour moi. Pas grave. La curiosité a été la plus forte.

Ce polar qui s’articule en trois grandes parties propose de faire la connaissance de Barnes la Tendresse, un ancien de Seattle, qui interpelle d’emblée le lecteur : « Comme je l’ai dit plus haut, si vous souhaitez un policier d’expérience, vous tombez bien avec moi. Par contre, si vous souhaitez un vrai flic, un dur, vous avez frappé à la mauvaise porte. (…) J’ai d’autre part découvert que je possédais un don particulier, et je me demande d’où il provient. Les gens se confient à moi, et je ne sais pas pourquoi. (…) Comme je procédais un jour à l’interpellation d’un gentil vieillard que nous désirions interroger, celui-ci me pria avec une grande politesse de ne pas lui passer les menottes. Il souffrait d’une mauvaise circulation, et cela lui risquerait de lui créer de graves troubles. Aussi, fidèle à mon nom de la Tendresse, je lui donnai mon accord. Il me demanda ensuite s’il pouvait aller dans la salle de bains avant de partir, et je l’y autorisai volontiers. Je l’avais fouillé et je savais par conséquent qu’il n’était pas armé. Seulement, quand il sortit de la salle de bains, il l’était, et il me logea trois balles dans le corps. »

Voilà un monsieur extraordinaire. Au départ, il souhaite se livrer aux joies de la pêche dans une bourgade tranquille. Mais il va finalement se retrouver à enquêter sur le meurtre d’un pêcheur, McCreedy, parti s’adonner à son loisir préféré avec deux comparses à Rainbow Lake près de Plains dans le Montana. Et c’est parti pour près de trois cents pages avec cet homme plus tout jeune qui à plusieurs reprises balance de très bonnes répliques à ses interlocuteurs pour la plupart des gens du cru. Le lecteur apprend ainsi les us et coutumes des petits coins reculés loin des grandes villes. Un régal qui malheureusement ne s’est pas poursuivi avec les deux dernières parties du livre qui ont opéré un changement de décor. La saveur est différente mais surtout moins relevée à mon goût. Dommage car La mort et la belle vie mérite que l’on s’y attarde. Comme trop souvent, lorsqu’un livre est plébiscité par une pléthore de lecteurs, je place la barre très haut voire trop haut. Et par conséquent, la déception est au programme. Peut-être que j’attendais tout simplement davantage de poésie au vu du titre et de la qualification « légendaire » ( ?) de poète de Richard Hugo.

Naissance et chant du cygne

8 étoiles

Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 46 ans) - 6 février 2008

J'ai lu ce roman en très peu de temps et j'y ai mis une passion certaine et un attachement particulier pour le personnage de Barnes-la-Tendresse.

Cependant, j'ai trouvé que le récit s'essoufflait quelque peu vers la mi-parcours, à un moment où le charme de l'écriture cesse d'opérer et où l'on désire que l'enquête prenne un tournant plus efficace.

Quoiqu'il en soit, Hugo a bien fait son école, on voit qu'il apprécie et respecte les maîtres du genre, et j'aurais bien aimé pouvoir lire d'autres de ses romans au fil d'un talent qui se développe.

Dommage.

Le polar qui frôla le Pulitzer !

10 étoiles

Critique de Allegra (Huy, Inscrite le 4 décembre 2006, 52 ans) - 15 mars 2007

Richard Hugo a frôlé le Pulitzer avec ce livre !

C’est un polar classique et novateur en même temps. Classique, parce qu’il se nourrit des clichés du roman noir, tant au niveau de l’intrigue que du style ; novateur, parce que Hugo distille humour et poésie via son personnage Al Barnes, dit Barnes-la-tendresse, policier et poète, manipulé et déglingué….

Barnes a quitté la grande ville pour une bourgade du Montana où il espère trouver la tranquillité et se livrer aux joies de la pêche….. Mais une série de meurtres vient troubler ses projets. Son enquête le renvoie à une affaire vieille de 20 ans…

Et là, c’est du grand art…. Hugo emmêle les fils, son intrigue est construite de manière subtile, fine….Impossible de deviner le fin mot de l’histoire avant la fin du livre ! C’est fort !

Quant au style, Hugo mêle poésie, humour, et comparaisons….surprenantes !

Et en plus, l’histoire se passe dans le Montana…. Nature sauvage quand tu nous tiens !

Un regret : C’est son unique roman ! S’il en avait écrit d’autres…. Je les aurais dévorés !

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