Pour l'amour des livres : Entretiens avec Nadine Sautel
de Jean-Jacques Brochier, Nadine Sautel

critiqué par Kinbote, le 7 juin 2006
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Le créateur du Magazine littéraire se raconte
Le créateur du Magazine littéraire revient sur cinquante ans d’histoire littéraire. Il parle des « petits éditeurs » qu’il a connus : Maspéro, Losfeld, Pauvert, Lindon.
Au rayon de ses détestations, il évoque Céline (« pour moi, Voyage au bout de la nuit est de la veine du dernier Zola : très ennuyeux »), Camus (Brochier a écrit Camus, Philosophe pour classes terminales) ou Gracq dont il n’apprécie que ses Lettrines. Il n’aime pas plus Molière que Marivaux. « Chardonne, c’est le type même de l’auteur sans intérêt ». Il trouve Claude Simon ennuyeux, n’aime de Stendhal que les Chroniques italiennes. Et n’a jamais pu finir Guerre et paix. Mais il tente de réhabiliter François Augiérias, Jean Réverzy, André de Richaud ou Pierre Moinot.
Il ne cache pas son admiration pour Sartre, Robbe-Grillet, Flaubert ou Maupassant (« Boule-de-Suif est un chef d’oeuvre ») ou Perec dont il fut l’ami pendant une quinzaine d’années et avec lequel il partageait l’amour des chats : « Perec s’entendait avec les chats parce qu’il était lui-même un chat, c’est-à-dire qu’il savait tout mais ne disait que ce qu’il avait envie »

Amateur de cuisine (« lire une recette de cuisine est plus beau qu’un poème »), de chasse et de littérature populaire, volontiers anarchiste, il avoue que l’oeuvre littéraire dont il est le plus fier, c’est le magazine littéraire. Ce livre d’entretiens fut le dernier livre du vivant de Jean-Jacques Brochier disparu en octobre 2004.
Et la voix? 8 étoiles

Bonjour Kinbote,
et merci d'avoir donné une idée (presque) complète d'un livre que j'ai particulièrement aimé. Il faut tout de même rappeler que ces entretiens
sont incomplets, puisqu'ils ont été interrompus par la mort de Jean-Jacques Brochier.
J'ai lu qu'il taisait le cancer généralisé auquel il se mesurait stoïquement, refusant l'aide de la médecine parce qu'il se savait condamné.
La voix que Nadine Sautel réussit à faire entendre dans ce livre, pudique, caustique, et presque tendre, est d'autant plus émouvante.
Brochier se disait anarchiste, au sens où l'anarchisme consiste à obéir aux lois qu'on s'est soi-même données. Son dernier livre est un livre de la mémoire, de l'amitié, de la liberté, mais aussi un exemple de dignité.
Je me permets de saluer ici l'un des derniers "grands" de l'édition, se louant une chambre de bonne boulevard Saint-Germain qu'il baptisait royalement "bureau",après son licenciement du Magazine Littéraire dont il était le rédacteur depuis 35 ans.
Il suffit de consulter l'énorme dossier de presse qui lui a rendu hommage en février 2004 pour retrouver ces faits.
Pour finir : ce mot de Chamfort, qu'il citait si volontiers dans ses "Chroniques du Capricorne", rebaptisées "Sous le signe du Capricorne" pour le journal "Lire" les tout derniers temps : "Celui qui ne sait point recourir à la plaisanterie et qui manque de souplesse d'esprit se trouve très souvent placé entre la nécessité d'être faux ou d'être pédant." Un pari difficile, celui d'un homme qui osa se faire incinérer avec un paquet
de Gitanes sur son cercueil. C'était dit dans les journaux, ce n'est pas dans "Pour l'Amour des Livres", on le devine!

Aurelia Labrunie - Paris - 59 ans - 12 juin 2006


Et la voix? 8 étoiles

Bonjour Kinbote,
et merci d'avoir donné une idée (presque) complète d'un livre que j'ai particulièrement aimé. Il faut tout de même rappeler que ces entretiens
sont incomplets, puisqu'ils ont été interrompus par la mort de Jean-Jacques Brochier.
J'ai lu qu'il taisait le cancer généralisé auquel il se mesurait stoïquement, refusant l'aide de la médecine parce qu'il se savait condamné.
La voix que Nadine Sautel réussit à faire entendre dans ce livre, pudique, caustique, et presque tendre, est d'autant plus émouvante.
Brochier se disait anarchiste, au sens où l'anarchisme consiste à obéir aux lois qu'on s'est soi-même données. Son dernier livre est un livre de la mémoire, de l'amitié, de la liberté, mais aussi un exemple de dignité.
Je me permets de saluer ici l'un des derniers "grands" de l'édition, se louant une chambre de bonne boulevard Saint-Germain qu'il baptisait royalement "bureau",après son licenciement du Magazine Littéraire dont il était le rédacteur depuis 35 ans.
Il suffit de consulter l'énorme dossier de presse qui lui a rendu hommage en février 2004 pour retrouver ces faits.
Pour finir : ce mot de Chamfort, qu'il citait si volontiers dans ses "Chroniques du Capricorne", rebaptisées "Sous le signe du Capricorne" pour le journal "Lire" les tout derniers temps : "Celui qui ne sait point recourir à la plaisanterie et qui manque de souplesse d'esprit se trouve très souvent placé entre la nécessité d'être faux ou d'être pédant." Un pari difficile, celui d'un homme qui osa se faire incinérer avec un paquet
de Gitanes sur son cercueil. C'était dit dans les journaux, ce n'est pas dans "Pour l'Amour des Livres", on le devine!

Aurelia Labrunie - Paris - 59 ans - 12 juin 2006