Sale linge
de Isabelle Rossignol

critiqué par Sahkti, le 1 juin 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Exclusion sans limites
Voici un petit livre qui fait mal. Très mal. Il parle d'une douleur vécue au quotidien, d'une dérive humaine qui s'empare d'une famille sans jamais la lâcher. Muriel est une jeune fille vivant au milieu de la crasse. Ses parents ne se lavent jamais, elle non plus. On cuit les pâtes dans l'eau de vaisselle et la famille se partage pendant des semaines un unique gant de toilette à l'odeur insurmontable. Une odeur qui s'est emparée de Muriel et lui vaut les pires moqueries de ses camarades d'école. Malgré les cruautés scolaires, la gamine s'accroche. taisant un père violent et alcoolique et une mère qui joue les apprenties avorteuses avec les femmes du quartier.
Un jour, un garçon approche Muriel, la brutalise quelque peu, la force... Muriel quémandera ses caresses comme un chien, elle préférera ce semblant d'amour à l'isolement total dans lequel elle s'enferme peu à peu.

Quelle lecture difficile! Un livre coup de poing tant il regorge de misère, de pessimisme et de noirceur. Très vite, on se demande comment cette jeune fille pourrait s'en sortir. Isabelle Rossignol utilise des mots crus et durs, elle ne cache rien de la vérité salissante qui dégouline de chacun de ses personnages, la lumière est froide et violente. Un livre qui laisse un profond malaise à la fermeture. Malaise devant l'histoire, devant le procédé employé pour la raconter (cela ressemble presque à une dissection médicale) et puis devant ce constat d'impuissance de plus en plus dérangeant.
Y a-t-il une volonté chez l'auteur de choquer son lecteur, d'attirer son attention par tous les moyens? Je l'ignore. De plus, le fait que ce récit soit basé sur une histoire vraie fait encore plus froid dans le dos.