Août
de Sophie Lasserre

critiqué par Laure256, le 27 mai 2006
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Etouffant mois d'août
J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce livre, court, trop court (88 pages) mais dense et prenant, bien qu’il soit écrit dans un style minimaliste (mais pas simpliste) et épuré. Ce livre, c’est un sentiment rapide d’étouffement. Celui de la chaleur écrasante du mois d’août dans cette maison de pierre à la campagne, celui de l’ennui de Charlotte, cette mère de famille qui n’arrive plus à rien : elle n’arrive plus à écrire, ni à dormir, ni à aimer ses enfants, les deux jeunes garçons qui profitent eux, des joies du plein air, ni celui qu’elle porte et qu’elle ne souhaite pas garder, ni son mari Jacques et surtout ce qu’il représente : l’incursion du dehors, de l’extérieur dans sa vie. Bref une descente lente mais sûre dans la dépression. Un aimant pourtant attire Charlotte, celui de la douleur - gardée secrète - ou de la résignation lorsque qu’elle est témoin de l’adultère entre son mari et Jeanne, la femme d’un couple d’amis venus passer quelques jours chez eux. Jacques et Jeanne sont amants depuis toujours, et Charlotte s’y brûle. Elle les observe. Se tait. En jouit. C’est un bien curieux roman dont on ne peut se détacher avant la fin, de ceux dont on veut changer le cours sans bien sûr le pouvoir, de ceux qui vous marquent pour longtemps, parce qu’ils sont dérangeants.