Orient-Express
de Graham Greene

critiqué par Spoutnik, le 5 mai 2006
(Bruxelles - 49 ans)


La note:  étoiles
A vous de voir
Dans l’entre deux guerres, sur l’Orient Express qui relie Ostende à Istanbul, et dans les gares qu’il traverse, des personnages de se rencontrent, se croisent ou s’ignorent.
L’auteur est comme un entomologiste qui dépose un échantillon varié d’insectes dans un bocal fermé, et les observe avec curiosité s’accoupler ou s’entredévorer.

J’ai aimé dans ce roman le tableau de l’Europe des années 30: les mœurs de l’époque, les sujets d’actualité, la situation politique internationale.

Mais j’ai été agacée par l’approche des personnages : le couple de bourgeois, le prêtre, le commerçant juif, la girl de music-hall, la journaliste immorale lesbienne, l’écrivain à la mode, le communiste transfuge, le petit voleur sans scrupules…
Trop stéréotypés, ils ne sont pas très crédibles.

A vous de voir, donc.
Un train pas comme les autres 9 étoiles

Un riche négociant en raisin secs, une danseuse de cabaret sans le sou, une journaliste lesbienne, un mystérieux docteur, un écrivain à succès, une jeune femme de bonne famille puis un meurtrier vaniteux embarquent pour Constantinople dans le plus fameux des trains du monde. Le hasard, les fait se rencontrer, déchaînant tour à tour rêves d’un jour, déceptions, jalousie, racisme et vengeance dans l’opulence d’un wagon de première classe et la promiscuité des secondes.
L’histoire de ce voyage est le seul point commun entre les protagonistes et le mélange de rangs sociaux et de caractères offre bien des surprises. Pour la plupart des personnages, c’est un tournant de leur vie qui se dessine pendant ces trois jours ; pour d’autre, le voyage aura une issue fatale alors que pour quelques uns, ce ne sera qu’une étape de plus dans la grande succession de certitudes qui jalonnent leurs existences. Qu’on ne cherche pas de morale dans ce livre de Graham Greene, on serait déçu, mais plutôt le constat dérangeant que finalement, bon ou mauvais, tout n’est qu’une question de chance et que celle-ci n’est pas regardante.
J’ai particulièrement aimé le personnage de Coral, jeune danseuse un peu naïve qui s’étonne qu’on puisse être aidée « gratuitement »… elle aura bien mûri pendant son voyage.
Je découvre avec ce roman l’écriture (traduite) de Graham Greene et je suis plus que séduite ! C’est un style parfait, riche, pertinent et agréable, parfois un peu cynique qui me donne envie de poursuivre dans sa découverte.

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 1 décembre 2009


Une grande humanité 8 étoiles

Graham a écrit ce livre en 1934, il avait alors 30 ans et était au début de sa carrière d'écrivain.

Lors d'un trajet de l'orient-express, de Ostende à Istamboul, l'auteur dépeint quelque passagers et les fait se rencontrer. Un amour se noue, un autre se dénoue, un criminel côtoie un communiste idéaliste, un marchand juif une jeune danseuse de cabaret. On sent une admiration chez l'auteur pour le communiste qui a échoué, ainsi que pour la jeune fille un peu perdue qui rencontre pour la première fois quelqu'un qui est prêt à l'aider gratuitement. Cette femme est remarquable, d'ailleurs au moment où elle embarque à Ostende le chef de gare la remarque, un peu comme il nous arrive d'être touché par quelqu'un qu'on sent fragile ou face à son destin. Ce qui est étonnant aussi c'est de voir comment le marchand juif doit toujours composer avec le mépris affiché envers les gens de sa race (le livre est écrit en 1934 !), comme quoi le sentiment anti-juif n'était pas l'apanage des allemands.

J'aime toujours beaucoup les personnages de Greene, surtout les faibles et les humbles, qui finissent souvent pas se faire avoir, mais parviennent à rester fidèle à leur principes. On retrouve dans ce roman les ébauches de ses personnages futurs, et la même humanité envers eux.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 27 juillet 2008