Mémoires d'espoir
de Charles de Gaulle

critiqué par Jules, le 5 juillet 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une grande réflexion sur l'homme et la politique
Dans ce livre, le général de Gaulle aborde de très nombreux sujets de la vie politique française comme mondiale.
Il donne d’abord son avis sur les institutions de la France et, compte tenu de celui-ci, il est évident qu’il va aller vers la création d'une nouvelle constitution. D’emblée, il s'oppose au gouvernement des partis qui n'aboutit qu’à un état faible, vu l'individualisme français. Il en sera donc fini du suffrage proportionnel qui sera remplacé par le scrutin majoritaire à deux tours. Au dessus des partis, il y aura un président de la République élu directement par le peuple au suffrage universel et non plus par les corps constitués. Il va de soi que ce président aura de véritables pouvoirs.
Le général nous parle également de l'Europe, de sa construction, de sa nécessité face aux deux autres puissances, mais aussi de sa façon de la voir. Sa longue amitié et son estime profonde pour le chancelier allemand Adenauer va aider à cette construction.
Un des chapitres les plus importants est consacré à sa vision de l'avenir des territoires d’outre-mer. Il a bien vite compris qu'il ne sera pas possible de conserver l’Algérie, même si cela devra être un profond déchirement pour le peuple français. Au passage, je voudrais souligner ici une discussion que j’ai eue avec Jean-François Kahn lors de l'interview qu’il m'a accordée. Il est incroyable qu’après avoir eux-mêmes luttés jusqu'au bout pour leur liberté contre le régime nazi, les puissances coloniales, et la France en particulier, aient pu penser qu'elles allaient pouvoir refuser cette même liberté aux territoires coloniaux au lendemain de la
guerre !…
L’économie est aussi abordée en un long chapitre. En 1958, la France ayant refusé l’aide du plan Marshall, est toujours à la traîne de l'Europe sur le plan économique. Sa reconstruction est loin d'être achevée !

Enfin, de Gaulle en arrive à sa vision du monde et à la place de l’Europe et de la France dans ce monde. On sait à quel point cet homme a pu faire oublier aux français qu’ils avaient perdus une guerre. A quel point il est aussi arrivé à les faire se croire plus grands et plus importants qu’ils ne l'étaient !.
A l'époque, j'avoue que je n’aimais pas beaucoup de Gaulle. Je le trouvais par trop conservateur et trop à droite. A l’arrivée de Kennedy au pouvoir aux Etats-Unis, j’avais tout juste seize ans. Enfin un homme jeune au pouvoir !…Un homme aussi qui nous faisait tous rêver à de grands idéaux, au développement des pays pauvres, à une sorte de solidarité planétaire. J’avais l’impression que le monde allait enfin bouger ! Par contre, en Europe, il n’y avait que des gens au moins aussi âgés que mes grands-parents au pouvoir. J’aurais voulu que cela change !.
Par contre, je dois avouer qu’à chaque conférence de presse du général, j’étais vissé devant la TV et n’aurais cédé ma place pour rien au monde ! Quel personnage ! Quelle hauteur !. L’entendre parler, le voir parler, c'était vraiment quelque chose qui n’a rien à voir avec tout ce que ses successeurs nous ont offert dans le genre.
Ecoutez-le : « Il est tout à fait naturel que l'on ressente la nostalgie de ce qui était l’Empire, tout comme on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages. Mais quoi ? Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. »
De son avis, ou pas : un très grand Monsieur !…