Garder la flamme
de Jeanette Winterson

critiqué par Feint, le 29 avril 2006
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Une Ile au Trésor pour les enfants qui ont grandi.
Jeanette Winterson nous propose un récit à tiroirs, à travers le temps et l’espace, avec un phare à la pointe extrême de l’Ecosse en guise de point de repère, où parmi les personnages évoqués par l’orpheline Vif-Argent et le gardien aveugle du phare, l’énigmatique Pew, sorti tout droit de l’Ile au Trésor (la méchanceté en moins), l’on croise les silhouettes complémentaires de Darwin et de Stevenson lui-même. C’est une histoire d’amour où l’amour se confond avec le plaisir de raconter pour l’autre une histoire – c’est cela aussi, Garder la flamme – qui forcément n’aura jamais de fin.
« Raconte-moi » 8 étoiles

Vif-Argent est une petite orpheline confiée à un vieux gardien de phare aveugle et merveilleux conteur. Alors, portés par les mots de Pew, cet éternel gardien de la flamme, on découvre l'histoire du village de Salines, celle de Babel Dark, les différentes époques entremêlées déconcertant parfois, mais nous berçant de mots.
« Aussi sûrement que je connaissais Babel Dark – ou que quelqu'un qui me ressemble beaucoup connaissait quelqu'un qui lui ressemble beaucoup. »

Puis nous suivrons Vif-Argent qui devra quitter Pew et ce phare comme un nid.
« Si je n'avais pas été orpheline, je n'aurais jamais connu Pew.
-et qu'est-ce que ça aurait bien pu faire, comme différence?
-la différence que crée l'amour. »

J'avoue avoir moins aimé cette dernière partie; plus moderne, plus réelle.
Mais Pew a transmis son talent à la petite orpheline devenue femme.
« Certains disent que les meilleures histoires se passent de mots. Ils n'ont pas été élevés pour Garder la flamme. Il est vrai que les mots disparaissent goutte à goutte et que les choses importantes sont souvent passées sous silence... je sais tout cela. Mais je sais autre chose aussi, parce qu'on m'a élevée pour Garder la flamme. Baissez le volume du bruit quotidien et ce qui surgit en premier, c'est le soulagement du silence. Et puis, d'une manière très douce, aussi douce que la lumière, le sens réapparaît. Les mots sont cette part de silence qui peut être prononcée. »

Un livre très original qui m'a fait souvent penser au très beau roman de Tracy Chevalier « Prodigieuses créatures » et pas seulement pour l'importance des fossiles dans l'histoire, mais pour sa douceur. J'ai aimé la poésie, le bercement des mots. Par contre, je ne me suis pas retrouvée du tout dans la quatrième de couverture!

Marvic - Normandie - 65 ans - 20 février 2013


Joli cadre pour un bijou de prose poétique 9 étoiles

Cette petite fable, tissée de récits drôles et déchirants, est un vrai plaisir stylistique. Le langage poétique de Jeannette Winterson et sa façon de brouiller les repères nous placent au coeur du phare de Cap Wrath, dans les brumes côtières de Satines, éclairant le présent à la lueur du passé. Dans un défilé de noms illustres, le phare et son gardien ne seront cependant qu'un point d'ancrage, une mémoire en mouvement dont il faudra tenir la flamme vive... Magnifique.

Pitibeni - Marseille - 47 ans - 21 juillet 2006