Dans l'or du temps de Claudie Gallay

Dans l'or du temps de Claudie Gallay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monito, le 23 avril 2006 (Inscrit le 22 juin 2004, 51 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 549ème position).
Visites : 5 805  (depuis Novembre 2007)

Toute vie en secrets

S’il fallait croire au hasard, d’aucuns diraient qu’il est bien fait. Que la rencontre entre Alice et le narrateur est une coïncidence, une belle coïncidence. Mais, faut-il croire au hasard ? N’est-il pas dit que l’on doive, un jour, rencontrer celui ou celle à qui l’on peut tout dire, même l’indicible ? N’y a-t-il pas sur cette terre, l’autre, qu’il soit ou pas du même genre, de la même génération, du même milieu ?

La rencontre avec Alice, cette vieille femme, va bouleverser la vie du narrateur. Mal dans sa vie de prof, mal dans sa vie de couple, ou plus exactement, ne trouvant ni ici, ni là, de ressort à sa vie. Une lassitude, un temps qui s’égrène, une incapacité à rebondir et à donner sens à une existence au caractère banal… jusqu’à l’ennui.

Sans se connaître, sans même aller jusqu’aux présentations polies, Alice et lui vont former un couple. Un couple initiatique, un couple de révélations.
Le partage de l’histoire, de deux lourds, insupportables secrets, va amener le narrateur à changer, à se changer, à reprendre un flambeau.

C’est l’Histoire des Indiens Hopi d’Amérique qui fournit le prétexte à l’évasion. C’est l’histoire de ces kachinas et autres masques de la religion d’un peuple inconnu et menacé qui bouleversa André Breton, mais aussi Alice.

C’est derrière cette histoire que se cache l’initiation à une autre philosophie de la vie.
Tous les secrets, tous ses secrets, Alice ne pouvait les partager qu’avec lui, qu’avec nous !

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Atmosphère singulière...

8 étoiles

Critique de Anne-Lise (, Inscrite le 21 février 2006, 75 ans) - 19 novembre 2013

La rencontre inattendue entre Alice et la narrateur va permettre à la vieille femme fantasque, aux réflexions déconcertantes, de distiller petit à petit son histoire , de transmettre au narrateur ses lourds secrets et ainsi, en quelque sorte, de se libérer du poids qu'elle portait.
Le narrateur, que rien n'intéresse vraiment dans son quotidien, se sent attiré de façon irrésistible par Alice et sa maison qui regorge de mystères... Les liens forts qui se tissent entre les deux personnages plongent le narrateur dans un monde aux antipodes de sa réalité monotone.

J'ai apprécié ce roman très bien documenté. Le fait de relier cette histoire à des personnages ayant réellement vécu lui confère un intérêt supplémentaire. De plus les chapitres enchâssés dans ce roman, que l'on pourrait, à priori , considérer comme des digressions, apportent un éclairage intéressant et surtout ne rompent en rien ce climat envoûtant qui règne tout au long du livre.
Comme dans les Déferlantes, j'ai aimé retrouver les phrases courtes, chères à l'auteure et l'atmosphère maritime qu'elle dépeint si bien, imprégnée, ici, d'une pluie quasi omniprésente et obsédante.

Quand un couple se délite en vacances

5 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 88 ans) - 14 décembre 2011

Le narrateur (jamais nommé), sa femme (Anna) et leurs 2 fillettes passent des vacances d’été en Normandie, partageant leur temps entre les jeux de plage et la vie domestique dans leur petite propriété face à la mer.

Une rencontre de hasard réunit le héros et une voisine, Alice, femme âgée vivant avec sa sœur muette Clémence, ses souvenirs, et son chat, Voltaire. Tout doucement, Alice va littéralement fasciner notre homme en lui relatant d’anciennes histoires relatives à la rencontre de son père et d’André Breton à Oraibi, village indien d’Arizona, d’où ils rapporteront, malgré l’interdiction, de précieuses statuettes Hopi et un masque bleu aux influences mystérieuses, aujourd’hui entre les mains d’Alice.

Négligeant sa famille et quasiment envoûté par les récits et confidences d’Alice, le narrateur, à la personnalité falote, lui rend visite de plus en plus fréquemment, tout en s’emparant des précieux objets indiens …

Tandis qu’Anna excédée par le comportement de son mari trop souvent absent, le quitte en emmenant leurs 2 filles, le narrateur se rend au cimetière des Batignolles, sur la tombe d’André Breton, tout en adressant à la vieille Alice via son portable un dernier signe de connivence …

De ce roman aux phrases courtes, hachées, peu élaborées, il en ressort un récit, somme toute assez simple, et qui, en langage pictural, pourrait correspondre à une peinture naïve. Si l’on y retrouve l’environnement maritime cher à Claudie Gallay, l’ouvrage manque singulièrement de corps, en miroir peut-être au flou psychologique du héros, graduellement devenu au fil des pages, un anti-héros …

un moment de douceur

9 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 51 ans) - 19 septembre 2010

J'ai beaucoup appris avec ce livre, Alice se livre par petites touches, le narrateur et le lecteur ne s'attendent pas à ce qui va être révélé. Ce qui m'a plu, c'est la douceur de cette vieille femme, et sa lucidité aussi. De plus, la présence d'André Breton m'a amenée à découvrir sur lui beaucoup de choses que je ne connaissais pas.
J'ai aimé aussi toutes les citations et les références au surréalisme et à la culture hopi qui m'était totalement inconnue.
Par contre, comme d'autres lecteurs, j'ai trouvé que le narrateur avait une attitude "légère" envers sa femme et ses enfants, presque lâche en fait.
J'avais beaucoup aimé "Les déferlantes", mais ce roman m'a également plu.

ENCORE UN BON

8 étoiles

Critique de Pauline3340 (BORDEAUX, Inscrite le 2 août 2008, 55 ans) - 25 août 2010

J'ai aimé comme d'habitude, j'aime la relation avec cette vieille dame mais cependant cela reste sans surprise. transmettre un héritage quel qu'il soit, plus j'avance dans la vie plus je vois que c'est un besoin humain... et pourquoi? la peur de ne rien laisser? pourquoi?. J'ai trouvé le comportement de Mr avec sa femme un peu léger... comme beaucoup dans ce genre de relation centrée sur eux.... ceci dit le roman reste un bon roman je préfère quand même LES DEFERLANTES ET SEUL A VENISE. Je viens d'acheter mon Amour, ma vie, et bien sûr son dernier... alors à très bientôt et bonne fin de vacances. Bonnes lectures à vous tous et toutes.

Pas séduite

4 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 12 juillet 2010

En ce début d’été, un couple parisien et ses deux filles s’installent pour les vacances dans leur maison Normande. Et retrouve aussitôt ses habitudes en ces lieux. Peut-être est-ce à cause de ces habitudes qui donnent vite à leurs vacances un air de routine, en tout cas le lecteur sent très vite que quelque chose cloche du côté du mari, qui ne semble pas pleinement satisfait. Et qui cherche les occasions de s’éloigner de son épouse et de ses enfants. Alors lorsqu’il va faire la connaissance d’Alice, vieille femme un peu singulière qui vit avec sa sœur, il va s’échapper de plus en plus souvent, et de plus en plus longtemps. Car Alice est étonnante et mystérieuse. Elle se livre par bribes, distillant ses souvenirs peuplés d’indiens Hopi et de surréalistes, dont le grand André Breton qui fut un ami de son père. Auprès d’elle, le narrateur va découvrir une autre civilisation, une autre culture, et il va totalement s’y immerger.

J’avais beaucoup aimé Les Déferlantes et Seule Venise, tant Claudie Gallay s’y entend pour faire vivre les lieux et brosser une galerie de portraits tous intéressants. Malheureusement, cette fois le charme n’a pas opéré. Les phrases très courtes m’ont gênée, au point que j’ai eu l’impression que le style était différent dans ce roman, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas. Je n’ai pas été séduite par les indiens Hopi et me suis ennuyée dans les longs passages les concernant. Le personnage de l’homme, narrateur de cette histoire, m’a paru bien terne par rapport à celui d’Alice. Je n’ai pas compris son insatisfaction permanente, son incapacité à prendre une décision. Bref, il ne m’a pas plu. Pourtant, dans les trois livres de l’auteur cités ici, on retrouve le même schéma de la personne fragilisée, qui rencontre quelqu’un de plus âgé qui va tout changer. Mais ici j’ai trouvé le déséquilibre entre les deux trop important, l’un phagocytant l’autre. A moins que plus simplement, je me sois lassée de ce schéma répété d’un roman à l’autre.

Réceptacles du passé

8 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 30 mars 2009

Mais qu’est-ce qui pousse le narrateur, en vacances avec sa femme et ses deux filles, à les délaisser pour rendre visite sur visite à une vieille dame habitant non loin de là ? Il l’a croisée par hasard, peinant à porter ses courses, et il l’avait aidée. Une chose en entraînant une autre, des fraises oubliées, des fraises disparues, il retourne chez Alice. Peut-on parler d’envoûtement ? On n’en est pas loin en tout cas. L’homme se laisse happer par la voix d’Alice lorsqu’elle lui raconte par bribes décousues le voyage effectué avec son père en Arizona pour échappé à la guerre en Europe. Ils y ont côtoyé les Indiens hopi, ont assisté à certains de leurs rituels et ont eu le privilège de revenir avec des objets sacrés dans leurs valises : des statuettes kachina et un masque semeur de troubles. Alice en arrivera à confier d’autres épisodes, dramatiques, à son interlocuteur qui, ayant accédé à une autre réalité, perd pied dans la vraie vie. Sa femme s’impatiente de ses absences et leur couple fragile n’en tremble que davantage. Pourtant, l’homme ne peut s’empêher, jour après jour, d’aller retrouver Alice, la vieille dame aux répliques parfois brusques, même cinglantes.

Un livre d’atmosphère avant tout, qui déploie la rencontre improbable de deux caractères opposés au départ. La magie opérant, la communication entre ces deux-là sera totale. Même si à de nombreuses reprises j’ai eu envie de secouer le narrateur, véritablement possédé par Alice, je reconnais que sa présence soumise était nécessaire pour faire de lui le réceptacle de confidences si intimes…

Un livre d’atmosphère donc, où l’on retrouve le style de Claudie Gallay : des phrases courtes, incomplètes grammaticalement (cela peut irriter au début, mais le lecteur s’y coule vite). Mon deuxième livre d’elle et déjà un point commun avec « Seule Venise » : le hasard qui met en présence des personnes que rien ne prédestinait à une telle rencontre et le bel échange qui s’en suit, d’autant plus libre que les protagonistes ne se connaissaient pas et ne se reverront plus.

La vie demeure

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans) - 8 février 2007

Longue promenade sur les territoires de la mémoire. Un homme, en vacances avec sa petite famille, croise le chemin d'une vieille dame. Il l'aide avec ses courses. Le lendemain, il retourne chez elle. Début d'un long rituel et d'une dépendance douce-amère qui va le conduire sur le chemin des souvenirs. Un passé enfoui qu'Alice lui raconte. Elle a côtoyé Breton, Max Ernst, Victor Berthier et d'autres encore dans une réserve d'indiens Hopi en Arizona pendant les années difficiles de la seconde guerre mondiale.
Au fur et à mesure de leurs conversations, l'homme se sent envoûté. D'abord par ces poupées rituelles kachinas qu'elle lui présente, puis des photographies et enfin par un masque qui a semé le malheur partout derrière lui. Alors que le passé de cette vieille dame, malicieuse et un brin cruelle, se recompose sous ses yeux, c'est son couple, sa vie, ses repères qui se retrouvent ébranlés. Il a perdu pied et vit désormais dans une autre réalité.

Un beau texte, qui s'écoule lentement, de manière balisée et parfois attendue, avec de la sensibilité, de la douceur et aussi de la cruauté. Le personnage de Alice est par moments très agaçant, manipulateur, tandis que celui de son interlocuteur peut irriter par sa nonchalance et sa résignation.
Claudie Gallay leur fait la part belle mais a la judicieuse idée d'en faire une aussi belle à la tribu Hopi, aux espoirs d'un peuple déçu et aux dégâts qu'une société moderne peut provoquer sur les traditions ancestrales. Le regard du narrateur est un regard d'occidental blanc confortablement installé dans sa petite vie, Alice n'hésite pas à lui reprocher et elle n'a pas tort, même si elle-même est également entrée dans ce système.
C'est également toute une époque qui défile sous nos yeux, ces années difficiles, ces artistes exilés, ces êtres tourmentés qui ont cherché dans une certaine forme de foi le courage et l'espoir. Claudie Gallay les présente sous des traits humains, tout simplement; ce ne sont pas des icônes, mais des êtres comme tout le monde remplis de défaut. une galerie intéressante de portraits que le lecteur apprivoise avec plaisir, chacun étant proche de lui pour une raison ou une autre. Le livre se termine sur une note d'espoir, celle d'une vie qui peut recommencer. Meilleure. Une lecture très agréable.

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