Mary Reilly
de Valerie Martin

critiqué par Bluewitch, le 2 juillet 2001
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Une autre version de « Dr Jekyll et Mr Hyde »
Tout le monde sait de qui il s’agit lorsque l'on prononce ces deux noms. Un conte qui date et qui a été remanié à de nombreuses reprises.
Valérie Martin nous donne une version plus psychologique de cette histoire qui a traversé le temps et offre le droit de parole à une femme.
Mary Reilly est la servante du Dr Jekyll. Jeune femme introvertie et discrète, elle cache néanmoins un lourd passé et une enfance douloureuse. Seul son « maître » s'intéresse à elle, à son intelligence et à ces singulières qualités qu'elle possède et qui d'ordinaire ne font pas légion chez les « bonnes à tout faire ».
Totalement dévouée au Docteur Jekyll, seule personne à la considérer comme une égale, Mary lui accorde une confiance
sans limite et un profond respect.
Pourtant, bien des choses l’intriguent chez cet homme qui semble tourmenté par un mal étrange dont elle ne peut déterminer la cause. Et voilà que ce climat inquiétant se voit alourdi par la venue du nouvel assistant du maître, Edward Hyde. Homme bourru, sauvage, indécent et qui est loin de posséder un profil de scientifique respectable.
Mary est profondément troublée par cet homme qui prend un plaisir pervers à semer le malaise , l’ambiguïté et mettre à l’épreuve son affection et sa loyauté envers le Docteur Jekyll.

Le récit de Robert Louis Stevenson revu sous un autre angle, celui d’une femme qui met à jour l'humanité qui se cache au fond de cet homme, son maître et ami, dont la faiblesse et l'intelligence ne firent pas bon ménage.
Un bon roman, écrit d’une manière qui ne nous fait pas quitter le contexte de l’époque victorienne sans pour autant chercher à tout prix à se parer de classicisme. Un langage à la fois contemporain et moderne, bien dosé, qui nous plonge dans l’ambiance sombre du récit en lui réservant une touche de poésie.
Un défi plutôt réussi.