Lames de fond
de Tim Lott

critiqué par Bidoulet, le 13 avril 2006
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Maggie ou le Royaume à deux vitesses
La ruine et l'échec social d'un typographe quinquagénaire sous l'ère de Margaret Thatcher, voilà ce que nous conte Tim Lott sur près de 397 pages. C'est court et long à la fois. Bien que ce roman ait recueilli une critique dithyrambique, le résultat ne casse quand même pas trois pattes à un canard.
"Lames de fond" est la centième mouture d'une satire sociale de la Grande Bretagne mise au goût des lecteurs du monde entier par David Lodge, il y a désormais trente ans. Le récit est sympathique, parfois très réaliste, et sans surprise pour peu qu'on estime en effet que Maggie n'a eu de cesse paupériser ses concitoyens pour mieux enrichir ses entreprises.
Maintenant, on peut se poser des questions sur le fond. Les Britanniques sont-ils dans l'ensemble sortis plus appauvris des années Thatcher que les Français des années Mitterrand ? La rafle immobilière méthodiquement et inexorablement opérées par nos amis Grands Bretons sur le Sud-Ouest de la France permet déjà de se faire une idée. Des villages quasiment dans leur intégralité, de la Vendée jusqu'au Béarn, deviennent la propriété de retraités britanniques qui, sans nul doute possible, disposent d'un pouvoir d'achat très supérieur aux retraités ou aux actifs locaux. Les prix explosent et l'accession à la propriété par les contribuables du cru dans des villes comme Périgueux est aujourd'hui problématique.
Mais peut-être est-ce également la partie visible de l'iceberg Thatcherien ? Les victimes les moins fortunées de Maggie n'ont-elles même plus la possibilité de franchir le Channel pour profiter des bienfaits du foie gras et du bon vin de ces satanés Froggies. Thatcher ou le Royaume à deux vitesses ?
Nul besoin de polémiquer. Restons-en au roman avec lequel on passe un bon moment, qu'on oubliera aussi vite qu'il aura été lu, mais qui dans l'ensemble est divertissant malgré quelques longueurs.