Pimp de Iceberg Slim

Pimp de Iceberg Slim
( Pimp : the story of my life)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Grass, le 12 avril 2006 (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 46 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 282ème position).
Visites : 5 495  (depuis Novembre 2007)

mémoires d'un maquereau

Iceberg Slim s’est fait écrivain après avoir mené la vie de « plus célèbre proxénète aux Etats-Unis ». Une vie où à dix-huit ans, on compte déjà deux séjours en prison et qu’à vingt, on est rendu à maîtriser presque à la perfection l’art du mac. Davantage beau-parleur qu’écrivain, Slim raconte sa vie sans artifices, sans poésie, avec tout ce qu’il faut de détails et de froideur pour nous convaincre de rester loin de tout ce qui a pu meubler sa vie à lui. Loin de se perdre dans les méandres infinis de l’auto-contemplation, Slim va droit au but. Chaque mot de ce livre sert les faits d’une vie remplie de violence, d’argent, de sexe, de dépendances, d’image pré-fabriquée, de machisme et d’inégalité raciale. La violence est telle qu’elle en devient banale et on se retrouve pris dans l’engrenage étourdissant du gangster : on pousse les magouilles jusqu’à se faire prendre, on fait son temps, on s’essuie et on recommence. Jusqu’à la prise de conscience finale où l’on se rend compte que de cette vie de méfiance, il ne reste aucun ami et plus un rond.

Un livre très dur et sans passe-droit. Marquant et choquant.

Amateurs de Marc Lévy s’abstenir.

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Macho, phallocrate, et arrogant

9 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 40 ans) - 29 septembre 2015

Ce livre empli de racisme anti-blancs et de mépris de la femme enseigne la loi de la rue, et comment être mac: toutefois Iceberg Slim opère une vague repentance au dernier chapitre, tout en faisant observer que la plupart du temps son trafic et ses méthodes n'ont jamais choqué grand-monde vu que certaines filles du trottoir dépendaient totalement de la drogue qu'il fournissait, et surtout du fait que certains fonctionnaires étaient trempés dans ses affaires...

Malgré tout, vu sa franchise je ne dirais pas qu'Iceberg Slim est un parfait rien, mais il est tout de même étonnant qu'aujourd'hui encore d'aucuns de ces nombreux intellectuels et rappers citent son oeuvre en exemple (Pimp ayant d'ailleurs été édité à plus de 6 millions d'exemplaires) ! Bref, l'ensemble prête parfois à rire et comme - contrairement à ce que d'autres mauvais esprits ont prétendu avant moi- son style infiniment littéraire tient la route, la lecture de cette biographie de tout un monde pourra être irréprochable, ce pourquoi, de plus, une ou deux critiques de Pimp aperçues sur CL sont incorrectes sinon inexactes: Iceberg Slim n'a rien de drôle, et n'a rien à voir non plus avec des demeurés people et "bling-bling".

On relèvera également au fil des épisodes de Pimp ses piques à la Dickens, et de même contre ces Oncles Tom serviles et obéissants qui ne voient rien d'aberrant dans cette société dégénérée sur les bords qui est, après tout, la nôtre.

A souligner aussi la valeur de Pimp pour son slang pur jus et imagé; concernant nombre de ces "morues", "caves", "michetons", "pigeons", et divers "rats" et "ronds-de-cuir", que Slim a croisé durant son existence. Raison pour laquelle la version en V.O reste hautement préférable.

Le parfait manuel pour devenir mac

8 étoiles

Critique de Zorrewind (, Inscrit le 7 août 2009, 56 ans) - 7 août 2009

Iceberg Slim est, sans doute, le maquereau le plus célèbre des États-Unis, et Pimp est son autobiographie. Ce n'est pas un hasard si beaucoup de rappeurs américains se sont affublés de pseudo tel Ice T ou Ice Cube, mais bien pour rendre hommage à Robert Beck, alias Iceberg Slim. Cette autobiographie se présente comme le parfait manuel pour devenir mac et il est difficile d'en parler sans dévoiler quelques moments du livre. Donc l'auteur nous raconte sa vie, de sa naissance mouvementée, sa vie de gamin, de sa mère qu'il ne porte pas vraiment dans son cœur et sur qui il se dédouane un peu, à son activité de mac et la rencontre avec son mentor. Il nous plonge dans l'univers des ghettos noirs et dans le monde de la prostitution où chaque Blanc devient un pigeon à alléger de quelques billets. Ce qu'on peut reprocher au récit, et qu'on retrouve dans la plupart des autobiographies, c'est l'enjolivement de la réalité. Iceberg Slim se présente comme quelqu'un doté d'un intellect supérieur à la moyenne, mais qui bizarrement tombe dans quelques pièges grossiers. De même, on peut douter de sa haine clamée des femmes par laquelle il justifie son activité, mais aussi que les événements se soient si facilement enchaînés pour lui dans la création de son "écurie" et la facilité des filles à venir "travailler" pour lui. Donc si on passe sur le côté autobiographie et qu'on se contente d'un roman inspiré sur la vie de l'auteur, ce livre est un témoignage éloquent et sans concession sur une époque, un pays et une ville: Chicago. Le racisme est persistant dans la ghettoïsation des Noirs, malgré des mouvements de protestation et les envies d'émancipations de la population noire, pour qui les seules voies de sortie semblent être les économies parallèles (drogue, prostitution, vol). Pimp est un livre cru, qui sent la sueur, le sexe et les parfums lourds. C'est un document unique sur les bas-fonds de l'Amérique noire et blanche, sa beauté sauvage et son abjection. Publié en 1969, il est toujours le livre de chevet de toute une génération d'étudiants et de rappeurs. D'un réalisme parfois sordide car son auteur a choisi de ne faire aucune concession, le récit décrit la réalité afin de servir de contre-modèle aux jeunes générations.

"Aussi froid que la chatte d'une pute morte"

8 étoiles

Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans) - 28 août 2007

Un des quelques bouquins que j’ai relu… Je fais partie de ces lecteurs qui gardent longtemps le souvenir d’une histoire, d’une intrigue et il me faut laisser couler beaucoup d’encre avant de relire un roman. Pour vous donner une idée, quand j’ai acheté ce roman autobiographique, il m’a coûté 129 francs, l’étiquette est encore collée dessus. Je crois même que c’est avec ce livre que j’ai fait la découvert des Editions de l’Olivier dont je ne dirai jamais assez de bien.
On sait que l’écriture est une des formes de rédemptions les plus couramment choisies par ceux qui ont beaucoup à se faire pardonner et l’enfoiré qui a écrit ce brûlot en a un beau paquet sur le dos.

Iceberg Slim est né Robert Beck, il est devenu Young Blood puis ce mac à l’apparence de glace qui justifie son pseudo. Oui, on dirait le surnom d’un rappeur et je suis prêt à parier ma collection de disque qu’ils sont nombreux les tourneurs de rimes à avoir lu ce bouquin dans tous les sens. Quant à savoir combien d’entre eux ont réussi à y trouver véritablement quelque chose, c’est une autre histoire.
Le titre, Pimp, désigne le mac, le souteneur, celui qui vit du turbin de ses putes. Et son idéal, c’est un monde rempli de caves, de michetons, et de putes avec lui comme roi. Iceberg Slim est Noir. Iceberg Slim est malin, élégant et plein de rage. Surtout, il n’a pas de haine raciale. Il ne hait personne pour sa peau mais plutôt pour sa position sociale. Le fric est son seul amour et le fric n’a ni couleur, ou alors, le vert, ni odeur, ou alors celle de la came. Iceberg est un drogué aussi. Iceberg Slim est un enfoiré, un salopard de premier ordre. Iceberg Slim est fascinant.

Son récit nous mène de galères en succès, du palace au mitard, du roi du trottoir à l’uniforme du taulard.
Certes, la vie dans le ghetto ressemble souvent à un combat permanent et les Etats-Unis ségrégationnistes de l’entre-deux guerre sont loin d’être un pays libre pour la majorité de ceux qu’on appelle colored. C’est dans ce climat que grandit Robert Beck, sur la route de l’illusion. Car le métier de mac, il lui faudra 20 ans de sa vie et 5 passages en cabane pour le comprendre, est une course à l’illusion que l’on peut se servir des autres, qu’on peut les user jusqu’au bout sans jamais rien subir en retour. Tous les mentors que Slim croise le maintiennent dans ce rêve : il la beauté, il a le baratin, il a la dégaine, il aura les filles et leur fric ; surtout leur fric…

Slim est un macho intégral, une quasi-caricature du machisme sur patte au point en cela en est écœurant et qu’il est difficile de lui conserver un brin de sympathie. Ou d’admiration…
Car, c’est terrible, incroyable, mais le dégoût qui peut surgir à la lecture se dispute souvent avec une forme tordue d’admiration pour un type capable de « ça »… Ce « ça », je vous laisse le découvrir. Imaginez un mélange entre Joey Starr, pour la rage, la puissance virile et Snoop Dog, pour l’élégance et vous obtiendrez surement ce qui peut le plus ressembler à l’incarnation du mac ultime. Pour le reste, sachez que ce texte est un classique dans son genre et que l’auteur a écrit d’autres livres : quand il mourut en 1992, il avait plus de six millions de ses huit romans.

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