L'eau du bain
de Dominique Loreau, Loustal (Illustration)

critiqué par Sahkti, le 11 avril 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Parler de la peur invisible
Récits étranges que ceux de Dominique Loreau. Onze nouvelles qui sont autant de songes, avec leur part d'effroi et de mystère. Cela commence parfois sur un ton léger, on pense à un énième recueil de badinages et très vite, on se rend compte qu'il n'en est rien. Il se passe quelque chose, un bébé qui disparaît avec l'eau du bain par exemple, et la frayeur gagne du terrain. On sent qu'on va quelque part, sans savoir où, et puis petit à petit, on transgresse le voile de l'inconnu et on se retrouve dans un nouveau monde, sans limites. Un univers qui fait renâtre les peurs et les souvenirs enfouis, d'une manière assez subtile, presque cruelle. Pas de grosses ficelles chez Dominique Loreau mais un habile procédé de mise en abîme de nos craintes refoulées.
J'ai particulièrement apprécié cette façon qu'a l'auteur de se jouer de son lecteur. Il lui laisse entrevoir quelque chose, une fin prévisible ou un fil conducteur et puis hop, un événement, un détail, un rebondissement, peu importe le moyen, le but est atteint; le lecteur se trouve désarçonné, il doit faire face à de l'inattendu. Il aura ensuite beau se dire ensuite qu'il a compris le procédé employé par l'auteur, rien à faire, la surprise est identique à la nouvelle suivante.

Autre belle surprise, les illustrations de Loustal, superbes et traduisant parfaitement les récits de Loreau. Une belle collaboration pour un recueil de nouvelles à découvrir et à parcourir, à mon avis, avec modération, histoire de conserver le plus longtemps possible à l'esprit, après chaque nouvelle, le petit goût qu'il fait naître.