La Montagne nue
de Reinhold Messner

critiqué par Manu_C, le 5 avril 2006
( - 54 ans)


La note:  étoiles
Pour passionnés
Fusée rouge, le temps se gâte, Messner tentera donc le sommet du Nanga Parbat en solo. Rattrapé quelques heures plus tard par son frère, ils atteignent le sommet tous les deux et démarrent leur descente… sans cordes ! Contraints de choisir une autre voie que celle de l’aller, ils se retrouvent piégés et doivent attendre d’hypothétiques secours. Une deuxième équipe tente le sommet et passe à portée de voie ; incompréhension... les deux autres sont lancés vers le sommet ... les frères Messner voient s’évanouir leur chance de secours (à cette altitude, zone de mort à partir de 7000 m, les capacités de réflexion sont sérieusement entamées).

Condamnés s’ils ne réagissent pas, les deux alpinistes empruntent la seule voie possible (jugée a posteriori irréaliste par leurs pairs, mais encore une fois, le réalisme à cette altitude…), descendre par un autre versant. Sans boisson ni nourriture depuis 48h après un bivouac par moins 30° et dans des conditions extrêmes d’un point de vue technique et climatique, ils parviennent à la limite d’un glacier où Reinhold perdra son frère (constatation a posteriori après l’avoir cherché pendant des heures). Dans un état lamentable : orteils gelés, épuisement, recueilli par des autochtones ébahis considérant comme infaisable le parcours des deux Messner puis convoyé vers des habitants parlant l’anglais, Reinhold Messner finira par retrouver son expédition sur le retour. Il se heurtera à une incompréhension et à des divagations de la part de l’équipe à la limite du supportable, particulièrement pour quelqu’un qui vient de perdre son frère après une période de survie autant improbable qu’extrême.

Il a fallu beaucoup de temps pour Messner avant de pouvoir écrire ce livre où il exorcise cet épisode très douloureux de sa vie et on le comprend ; l’ouvrage démarre avec un historique relativement complet des tentatives d’ascension du Nanga Parbat (Montagne nue) puis insiste fatalement sur cette réussite au dénouement tragique. Reinhold Messner y retournera et se construira un palmarès incroyable par la suite confirmant son talent sur les plus hauts et les plus difficiles sommets du monde.

Le style rend l’ouvrage facile à lire, mais le fond l’emporte sur la forme et révèle encore une fois la contradiction première de ce milieu de la très haute montagne en expédition : les ambitions personnelles s’affirment mais nécessitent l’implication de tous (tous confirmeront qu’il est nécessaire de disposer d’une équipe des plus soudée) ; mais surtout qu’au-delà d’une certaine limite, on ne peut compter que sur soi car aider l’autre est impossible.
Un dieu vivant 9 étoiles

Mon avis :

Manu C a parfaitement planté le décor; il s'agit d'un livre qui s'adresse avant tout aux passionnés de montagne et d'aventure.

Reinhold Messner est un homme hors du commun. Tout d'abord, il fait partie des quelques rares alpinistes que l'on qualifie régulièrement comme étant "le plus grand de tous les temps". Ensuite, il a inauguré un des clubs les plus fermés du monde : celui de ceux qui ont gravi les 14 sommets de plus de 8000 mètres sans oxygène. Enfin, et surtout, Messner est un des très rares dieux de l'alpinisme encore en vie et à la retraite !

"La Montagne nue" est un très beau livre, très personnel et qui à chaque relecture me donne envie de repartir en expédition !

Ce livre est édité en deux versions chez Guérin. Si vous en avez les moyens, je vous conseille vivement la plus luxueuse qui est richement illustrée de croquis et de photos en noir et blanc.

Gnome - Paris - 53 ans - 5 décembre 2010