La consolation des voyages
de Jean-Luc Coatalem

critiqué par Sahkti, le 3 avril 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La mer, à tout prix
Quelle belle quête de soi que celle menée par Jean-Luc Coatalem. Un récit de voyage, voyage sur les traces des écrivains-voyageurs, voyage sur les pas de son enfance, voyage à la suite de ses errances et autres états d’âme. Beaucoup de douceur et de sensibilité dans toutes ces lignes. On y découvre les coulisses des reportages de Coatalem, ses coups de cœur, ses envies et la place importante qu’occupe l’imaginaire dans son travail et ses recherches. Coatalem n’a jamais cessé de voyager, c’est fusionnel, presque frénétique, rien ne peut l’arrêter. Curieux de tout, Coatalem a dévoré avec gourmandises les auteurs voyageurs, les poètes au long cours, les écrivains de l’ailleurs : Rimbaud, Segalen, Gauguin… Des hommes auxquels il rend un très bel hommage, livrant l’admiration qu’il leur porte, retrouvant leurs traces, profitant de celles-ci pour nous offrir son enfance polynésienne ou ses années de mer bretonne.
C’est un livre qui sent bon le large, la mer et l’océan, les grands espaces marins. Un peu comme si, quand on frôle du bout du doigt les mers couleur lagon, il était impossible de ne pas y plonger toute la main. Et l’exilée calédonienne que je fus un temps ne peut qu’adhérer à une telle dépendance.

Un extrait:

"Fuir à travers forêts, soleils, rives et savanes, ne plus se soucier de rien. Partir nous console, nous donne un autre jour, une autre chance, accorde une autre fois, nous rend à nous-mêmes, inentamés. Partir c'est le lendemain éternel... Une vie libre, errante et gratuite, implorait Rimbaud, puisqu'elle se révèle trop sédentaire, entravée et coûteuse. Que la géographie, espace en nous à délier, soit un onguent et un philtre... "J'ai mal dormi de joie", s'enthousiasmait Segalen dans la baie de Tahiti. Une aube, une allégresse Recommencer est notre luxe, une revanche."