L'ombre d'Imana : Voyages jusqu'au bout du Rwanda
de Véronique Tadjo

critiqué par Mieke Maaike, le 1 avril 2006
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Exorciser le Rwanda
Comment décrire l’inimaginable ? Comment évoquer une tragédie humaine d’une telle ampleur ? Pourquoi vouloir comprendre ce qui dépasse l’entendement ?

L’auteure, une écrivaine ivoirienne, s’est rendue au Rwanda quelques années après le génocide. Elle est partie d’une hypothèse : « ce qui s’était passé nous concernait tous. Ce n’était pas uniquement l’affaire d’un peuple perdu dans le cœur noir de l’Afrique. Oublier le Rwanda après le bruit et la fureur signifiait devenir borgne, aphone, handicapée. C’était marcher dans l’obscurité, en tendant les bras pour ne pas entrer en collision avec le futur ».

« L’ombre d’Imana » est un journal de bord dans lequel Véronique Tadjo consigne ses impressions qui oscillent de sa valise perdue entre des changements d’avions à la confrontation avec les crânes fendus sur un site du génocide transformé en sanctuaire. Ce sont des rencontres avec des survivants, ceux qui y étaient, ceux qui auraient dû y être, ceux pour qui le souvenir de la fureur transparaît derrière un regard ou le timbre d’une voix. Les morts qui hantent toujours les lieux et les mémoires. Mais aussi tous les espoirs mis dans une justice fragile, dans une réconciliation hypothétique et, surtout, dans les générations futures qui vivront au Rwanda sans être prisonniers d’un certain mois de mai 1994.