La maison et le vent
de Héctor Tizón

critiqué par Eireann 32, le 30 mars 2006
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Voyage d’exil.
En période de «délocalisation littéraire», un petit tour par l’Argentine avec ce court récit.
Un homme dont nous apprenons que son épouse et sa fille son décédées, veut quitter l’Argentine pour la Bolivie, nous suivons son périple dans des régions inhospitalières, lointaines et très pauvres. Il s’ensuit un défilé de personnages hauts en couleurs au comportement étrange pour le narrateur.
Cet homme par exemple qui abat sa mule d’un coup de fusil pour faire comprendre aux villageois qu’il veut s’installer parmi eux ou un autre qui à l’agonie tue son chien pour ne pas partir seul. Dans un autre village, il fait la connaissance du tenancier du bordel local et ils deviennent amis de conversations. Don Placido aussi est seul, sa femme est partie, il est devenu cynique et dur, mais il connaît le village et sa conversation est agréable. Zenobia est une belle femme qui aimerait bien l’épouser, mais qui est-elle vraiment ?
La parole, c’est la quête du futur exilé, il cherche quelqu’un avec qui parler, lui le voyageur et ces gens très sédentaires n’ayant pratiquement jamais quitté leurs villages. Mais il faut franchir la frontière, se mettre en sécurité, en finir avec la peur.
Très intéressant et évidemment dépaysant au possible.
Extraits :
-La rude histoire de mon village.
-Et tu gagnes combien ? Demandais-je au garçon.
« Il me gagne rien » répondit-elle.
-Toute ma vie je poursuivis cette chimère.
-Je songeais au chant rituel des femmes, au silence et au regard frappé de stupeur des gens ivres, sur la fin de la veillée.
-D’ici on ne va nulle part.
-Oui, posséder une patrie, même partagée avec les méchants, les orgueilleux, les gens qui ne rêvent, qui ne se trompent pas.