La ville des ténèbres
de Dermot Bolger

critiqué par Sahkti, le 16 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Attirance morbide
L'histoire débute avec deux jeunes qui se cachent du regard des voitures de police. La nuit est là, sombre, dure, elle les retient prisonniers. A cette peur et cette fuite viennent s'entremêler les souvenirs, les débuts d'un travail, d'une amitié, de relations. Une certaine sensation de liberté aussi pour Hano qui, grâce à Shay, puis à Katie, va découvrir la ville, le monde, les turpitudes, mais aussi la misère sociale et humaine.
C'est un roman noir, très sombre même, récit de la désillusion parfaite, celle qui fait mal et dont on ne se remet pas vraiment.
La langue de Bolger est violente, sans compromission, n'épargne pas les détails tout en se préservant de tout misérabilisme bon marché. C'est assez sinistre et le caractère enchanteur de Dublin disparaît pour faire place à une ville tentaculaire qui se nourrit des siens. Une ville noire, presque monstrueuse. Ville des ténèbres, oui, celle qui fait mal et dont on ne se détache qu'avec difficulté. Comme une drogue. Comme la drogue...
C'est un roman dur, à lire de préférence quand le moral n'est pas trop bas. Un texte empreint d'une telle force qu'il finit par vous engluer et vous laisser prendre au piège comme le narrateur.