Les sauterelles n'ont pas de roi
de Dawn Powell

critiqué par Eireann 32, le 13 mars 2006
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Jubilatoire, mais caustique.
Les milieux littéraires de «Big Apple» à la moulinette d’une auteur new-yorkaise féroce, mais pleine d’humour.
Joyeux tourbillon (un rien vaudevillesque ?) de couples en attente de rupture ou de réconciliation. Les ex-, les futures, les ex-futures, les Madames maintenant divorcées, mais qui espèrent redevenir la future épouse de l’ex-mari, se croisent dans la vie de deux hommes que tout oppose.
Frederick et Murray partagent un appartement (à deux entrées !), Frederick est posé, Murray est un fêtard accompli qui croule sous les dettes, les femmes, et évidemment les problèmes en tout genre.
Lyle est la maîtresse de Frederick, femme d’un dramaturge handicapé et actrice en vogue, elle est nettement plus à l’aise que lui, dont les ouvrages au demeurant de bonne qualité et bien écrit n’intéressent personne.
Les nuits se succèdent, d’invitations chez des éditeurs, chez des critiques littéraires, puis dans les bars du centre ville. Là sous le regard des «Piliers de bistrot» philosophes et joyeux alcooliques, mémoires vivantes des noctambules, les gens se côtoient et s’entrecroisent pour de longues nuits d’alcool, de drogue et de sexe. Tous n’en sortiront pas indemnes.
Lecture à consommer sans modération, bien rafraîchissante, mais quel mal être chez tous ces personnages.
Petits florilèges de perfidies et de pensées acerbes :
-C’était là, les femmes qui avaient estimé qu’une paye confortable tenait plus chaud au lit qu’un amoureux en tenue d’Adam.
-La vérité, c’étaient que les riches craignaient que les autres riches soient plus riches qu’eux.
-Rover se plaint que sa femme ait échoué à son audition pour «Jour d’été» et que se soit son chien qui ait décroché un emploi à trente-cinq dollars la semaine pour dormir sur le canapé pendant le deuxième acte.
-Déranger un homme dans son bar était aussi inexcusable que de le surprendre dans son bain.
-Une femme était vieille le jour où son amant la quittait.
-Le jeune homme brillant n’obtenait plus le poste convoité en épousant la fille du patron, mais en couchant avec le patron lui-même.