Libre toujours
de Jean-Marc Pasquet

critiqué par Sahkti, le 12 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Je t'aime Haïti
"Je suis un métis raté. Pas de chance."

Jean-Marc Pasquet est né en Suisse de mère franco-russe et de père haïtien. De ses origines, il conçoit une grande fierté mais également une certaine contrariété, une difficulté à trouver sa juste place. Beaucoup de nostalgie également, que l’on retrouve dans l’ensemble de son œuvre. Jean-Marc Pasquet a longtemps cherché sa voie et ses repères, il s’est installé en Afrique, a voulu atténuer voire effacer la part de blanc qui était en lui pour laisser respirer sa peau colorée. Arrivé en Suisse, il se lance à corps perdu dans l’écriture, part à la redécouverte d’Haïti, à sa manière, histoire de se forger une identité mais aussi de donner une apparence à sa terre originelle. Une quête de soi que l’on devine tout au long de "Libre toujours". Il nous raconte les indiens Taïno, l’animisme, la magie vaudou, avec de la ferveur et beaucoup de rigueur. Haïti tremble sous sa plume, on ressent les soubresauts des corps et des âmes, c’est très puissant. Parfois un peu trop, Pasquet est tout entier englouti par son récit, il n’existe aucune distance entre l’auteur et son sujet, fantastique et surréalisme prennent le pas, mais cela demeure plaisant, vif et intéressant. Haïti y conserve toute son intégrité et force au respect, à l’envie d’aider cette île complètement bouleversée par les chamboulements politiques et par la perte de ses repères culturels ancestraux. Pasquet tente, comme il peut, de les maintenir en vie, de leur rendre un second souffle. Une mise à nu totale, sans concessions.