Le temps d'un jardin
de Serge Bonnery

critiqué par Sahkti, le 9 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La découverte de la vie
"Je me sentais perdu, parmi les grands ciels noirs, en quête du jardin de mon enfance.
J'ai pensé un jour que je devais habiter le monde mais je dus me résigner. Je n'étais pas du monde qui, adulte, s'était ouvert devant moi. Ce monde n'était pas de moi. Et ce monde n'était pas moi. Je n'en comprenais pas le langage.
Tu avais jadis nommé pour moi chaque plante. Je renaîtrai sans doute, me disais-je, mais seulement quand les mots auront trouvé en moi la liberté de ne plus désigner ce qui paraît exister à nos yeux. Quand les portes du ciel se seront rouvertes, d'un jardin paradis, perdu par ma faute. Je n'y suis jamais retourné après ta mort. Ou seulement pour y enterrer des souvenirs dont je ne savais pas encore qu'ils demeureraient ancrés en moi, à mon insu."
(un extrait)

Serge Bonnery nous raconte son enfance et ses souvenirs, le tout saupoudré d’une bonne odeur de terroir, d’amour et de poésie. Les mots sont doux et sensibles, ils nous décrivent un jardin, celui de la mémoire. Jardin passionnant, jardin attachant, jardin pudique. Des mots que Serge Bonnery pèse et soupèse pour en faire de jolis tableaux de vie, des petits moments de tous les jours qui composent l’existence. Le jardin créé par Serge Bonnery semble irréel, magique, tellement il est beau et paraît éternel.
Ce texte est magnifique. C’est un vibrant hommage à l’arrière-grand-père de l’auteur qui lui a appris la vie et le respect de la nature. Un homme intègre et tendre qui a guidé les pas de son petit-fils en tenant sa petite main dans la sienne. C’est beau et émouvant, ça évoque des souvenirs enfouis, ça éveille la nostalgie.