Silas Marner
de George Eliot

critiqué par Valdagno (VI), le 24 février 2006
(Vanves (FRA) - 52 ans)


La note:  étoiles
La description d'une Angleterre révolue
Ce livre a fait souffrir les écoliers anglais depuis plusieurs générations. Mais pour l'avoir lu récemment, je peux vous dire que c'est un très grand roman.
Silas Marner est un tisserand indépendant. Il y en avait beaucoup dans les campagnes avant la Révolution Industrielle. Il s'est installé dans un village où il est accepté plus qu'intégré. L'intrigue se noue car il adopte un enfant trouvé qui se trouve être la fille naturelle du comte du village qui un jour va la réclamer (on note qu'au moment où Marner a adopté la fillette, le Comte savait déjà qu'il s'agissait de sa fille).
Raconté comme cela, l'intrigue doit vous faire bailler, mais le roman, plus que par une tension qui n'existe pas, vaut par la description qui est faite de l'univers social très hiérarchisé des campagnes anglaises d'avant la Révolution Industrielle. C'est de surcroît un roman psychologique très fin.
George Eliot a vécu au 19è siècle, on la considère comme la plus grande romancière anglaise de son époque avec Dickens et Thackeray (Barry Lyndon, La Foire aux Vanités). C'était une sorte d'anti-conformiste, on pourrait la comparer à sa contemporaine George Sand.
Sa génération suit celle de Jane Austen. Par contre elle est contemporaine des soeurs Brontë.
En général, je trouve que la littérature classique anglaise est sous-lue en France. On devrait se pencher davantage dessus.
L'argent ne fait pas le bonheur 8 étoiles

Silas marner est venu s’installer dans le village campagnard de Raveloe mais il ne s’est jamais lié á la population. On ne sait pas d’où il vient, qui il est. On sait qu’il est tisserand et on lui prête des dons de guérisseur. Bref, c’est un original pour les gens de Raveloe, qui travaille même le dimanche et que les enfants évitent, un peu sur le conseil de leurs parents.
Silas, lui, s’accommode de cette vie de solitude. Il tisse sans cesse, livre ses toiles et accumule son argent comme un avare. Ses pièces qui brillent, c’est toute sa vie, elles ne le décevront pas comme les être humains, tous mesquins et mal intentionnés. Il tissera et thésaurisera jusqu’à son dernier souffle, le ronron du métier et les cliquetis de l’or étant devenus les pulsations vitales de son être.
Un beau jour cependant, l’or tant chéri disparaît…
« Silas Marner » est un roman étonnamment psychologique. Sans abuser du misérabilisme à la Dickens, George Eliot nous prouve, avec clairvoyance, que l’argent ne fait pas le bonheur. Y-contribue-t-il est la question ouverte de cet écrit frais et bien sympathique.
Les personnages sont attachants, irritants, détestables et amicaux, de l’humble tisserand à la petite noblesse du bourg, tous décrits avec justesse.
Il est à noter que George Eliot était le pseudonyme d’une femme, Mary Ann Evans, qui donna à l’Angleterre plusieurs de ses classiques.

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 9 novembre 2008