Les Russkoffs de François Cavanna

Les Russkoffs de François Cavanna

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par Pandelis, le 20 février 2006 (Inscrit le 31 janvier 2006, 49 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 831ème position).
Visites : 6 019  (depuis Novembre 2007)

Une histoire d'amour atypique et superbe

Pour ceux qui ont lu le tout autant excellent "Les Ritals", Cavanna c'est tout d'abord un style que l'on pourrait hardiment rapprocher de Céline. Un parler de la rue qui va droit au coeur sans s'encombrer de fioritures. Et avec cette langue toute en couleurs nous parcourons la guerre vue par un français obligé d'aller travailler en Allemagne.
Humour et émotions sont les maîtres mots de ce qui est bien davantage qu'une superbe histoire d'amour. En effet c'est aussi une description assez originale de la seconde guerre mondiale vue par un français d'origine italienne en Allemagne.
Comme je n'aime pas lire les critiques dévoilant l'histoire je n'en dirai pas davantage mais je vous conseille très vivement ce livre qui est pour moi un classique...

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Cavanna cavala

10 étoiles

Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 29 ans) - 15 juillet 2016

Les Russkoffs? Oui, oui, j'essaie de suite de te faire sentir ce que c'est, que ce livre. Une autobiographie d'un presque monstre sacré qui n'est parfois pas loin d'être un sacré monstre (au sens enfant terrible, du moins). Une autobiogra-fichtre ce qu'elle:

te prend au collet par le récit d'un bonhomme à la folle histoire dans la folle Histoire - seconde guerre mondiale oblige. Te hisse à la faveur d'une écriture qui cavale sur le bitume, vitupère, desquame. Te fait voir la connerie, la connerie bien profonde et bien crasse de la marche du monde. Te cueille avec une histoire d'amour belle à en chialer des mois après la dernière page engloutie - alors je n'ose même pas imaginer pour lui ce que ça a pu être comme charivari. Te fait glousser et rire, puis te gèle l'âme à pierre fendre. Te scandalise - et tes petits conforts, tes vastes conformismes, te les vandalise.

Tu vois tu vois, peut-être que ce serait bien que tu le lises.

***

En bonus, la définition de ce qu'est vivre selon Cavanna. Enfin, ce que j'ai retenu, trois mois plus tard, du schmilblick.

Vis = délecte toi aussi souvent que possible, aussi fort que possible, de deux choses:

ta vie intérieure, le flot (le flow, presque) des pensées, des associations de bidules qui fulgurent dans la caboche. Le joyeux miracle ininterrompu de ça.

ta capacité à être ému, à être mu. Par les êtres, leur chair, leur fumet. Par les sons, les goûts. Par la mécanique du corps quand elle n'est pas grippée. Par l'apprentissage permanent.

Un tout tout grand du 20ème

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 6 février 2014

Voici un récit-autobiographique à peine romancé. Après « Les Ritals «, François Cavanna nous raconte son adolescence. Et quelle adolescence ! : en 1940, il a 17 ans et bientôt il sera envoyé en Allemagne comme travailleur forcé dans un usine où l’on fabrique de l’armement de guerre. A ses côtés, d’autres « nouvelles esclaves », des Ukrainiennes, dont Maria, les Russkoffs. Et là, naissent des amours … Il est aussi réquisitionné pour abattre les murs de Berlin, détruit par les raids aériens alliés, à fouiller les décombres ... En flash-back, Cavanna raconte également sa vie dans la banlieue parisienne et son exode sur les routes de France en juin ’40.

Un « roman-récit « plus que hautement appréciable ! Cavanna est – peut-être ? – le seul héritier du style – précisons bien : du style - de Céline.

Cavanna est un tout tout grand écrivain francophone du 20 ème ! ! ! (j’ai dit !)



Extraits :


- C’est quand même elle qui a fini par prendre ma main et qui l’a posée sur son nichon. Elle a pris mon autre main et l’a glissé entre ses cuisses, qu’elle tenait d’ailleurs serrées. Elle qui a débouclé ma ceinture. Je me suis mis sur elle, j’ai voulu m’introduire en elle, mais j’étais tellement ému, tellement ému, c’est parti avant même que j’aie pu la pénétrer. Elle était toute heureuse quand même. Elle m’a serré très fort, mais j’ai bien vu qu’elle n’avait rien eu. Je le lui ai dit. Elle m’a posé un doigt que la bouche. Chut. Elle m’a pris la main, l’a posée sur sa motte dodue. Je l’ai caressée. Et puis j’ai tout osé. J’ai enfoui ma tête dans ses cuisses et je l’ai léchée, léchée, sucée, mâchée, mordue, elle a haleté longtemps, longtemps, elle n’en finissait plus, elle mordait son poing pour qu’on ne l’entende pas gémir. Et puis je l’ai pénétrée encore, et cette fois tout à fait bien. On est retombés côte à côte, éclatés comme deux grenouilles, tout gluants tout poisseux, on reprenait notre souffle, on se tenait le bout des doigts, on était bien.



- J’ai vu crouler Berlin, nuit après nuit, nuit après nuit. Jour après jour quand les Américains s’y sont mis. Trois mille forteresses volantes dans le grand soleil de midi, lâchant d’un seul coup leurs bombes, toutes leurs bombes, toutes ensemble, au commandement. Un « bombardement-tapis «, ça s’appelle. Venez écouter un bombardement –tapis, une seule fois, d’EN-DESSOUS, et puis nous parlerons des connards qui vous expliquent qu’il faut de battre, hélas hélas, c’est bien triste, mais on n’a pas le choix, alors que ces même fumiers, ou leurs cousins, ont laissé tranquillement grossir la bête, l’ont écoutée proclamer ses desseins, l’on laissée violer les traités sacro-saints, l’ont regardée préparer la grand boucherie, l’y ont aidée, l’y ont poussée . Et merde, où je m’en vais.

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