L'enfant de sable de Tahar Ben Jelloun

L'enfant de sable de Tahar Ben Jelloun

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe

Critiqué par Caliméro, le 23 octobre 2000 (Bruxelles, Inscrite le 12 septembre 2000, 49 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 262ème position).
Visites : 16 939  (depuis Novembre 2007)

L'enfant

Conte proche de la réalité - car inspiré d’un fait réel – " l'Enfant des sables " relate l’histoire d'une femme élevée comme un homme, élevée EN homme.
L’Enfant des sables, c'est l'histoire d’Ahmed, huitième enfant d'un couple ayant déjà 7 filles. Comble de malheur, honte sur la famille, c'est encore une fois une fille. Le père, toutefois, en décidera autrement. Il élèvera Ahmed comme un homme, dans la dureté, la violence, la supériorité sur les femmes.
Mais l’essence même de cet " homme ", sa féminité, réapparaît peu à peu et reprend le dessus. Apparaît alors le mal-être d’Ahmed et sa volonté de prendre un nouveau départ dans la vie. à moins que cela ne soit trop tard.
C'est à travers le conteur, celui qui a entre les mains le journal d’Ahmed, que nous pourrons en savoir un peu plus.
Mystérieux, poétique, ce conte énigmatique est souvent bien mené. Un seul petit regret toutefois : un ralentissement dans le rythme et l’intrigue à la fin.
A lire toutefois, autant pour le contenu que pour la poésie de l'auteur.

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  L'enfant de sable - la nuit sacrée

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Une fille travestie

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 22 septembre 2019

Ce roman de Tahar Ben Jelloun est très réussi et renoue avec la narration propre aux pays du Maghreb et arabes. On pense évidemment aux Mille et une nuits. Ici un narrateur raconte à son auditoire l’histoire d’Ahmed, né fille, mais élevé tel un garçon car son père était exaspéré de n’avoir que des filles, donc aucun héritier. Ce narrateur intervient souvent, imagine les réactions du public et parle du pouvoir de la narration de façon poétique avec la métaphore filée des nombreuses portes que l’on ouvre afin de connaître le quotidien du personnage principal. En avançant davantage dans le livre, les narrateurs se multiplient et chacun propose sa lecture. Un même fait devient multiple et sujet à variations si bien que l’on ne sait plus distinguer le vrai du faux. Ce roman questionne sur notre rapport au réel. Cette capacité à transformer les faits rappelle tout simplement l’acte de création. S’assurer de la vérité n’est pas non plus l’enjeu primordial de ce roman envoûtant.

Le roman a une dimension psychologique. Ce ne sont pas vraiment les péripéties qui font avancer l’histoire. Un lecteur qui a besoin d’un roman qui avance vite pourrait être déçu. L’enjeu est ailleurs. Cette enfant qui grandit avec une mentalité masculine dans un corps de fille va forcément se poser des questions et souffrir quand le désir se fera sentir. Cette plongée dans sa psyché et dans ses interrogations est donc nécessaire. Toutes ces impressions passent aussi par le monde des métaphores. Tahar Ben Jelloun a une écriture qui rappelle l’Orient et sa poésie. Son analyse n’est pas superficielle. L’auteur parfois décrit des scènes frappantes et crues qui permettent de contextualiser cette histoire. Ce n’est pas gratuit.

Le monde marocain dépeint est ancré dans un cadre réaliste et soulève des questions quant à cette société. Les femmes ont peu d’importance. Le père d’Ahmed ignore complètement ses filles et ne leur donne aucun amour. Elles n’ont aucune emprise sur un héritage et dépendent du désir de leur époux. La religion exerce aussi une ascendance sur certains personnages dont le mode de vie suit les principes enseignés. La sexualité, bridée et modelée par les textes sacrés, devient déviante parfois comme cette relation embarrassante entre une mère et un fils …

Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman tant dans le fond que dans la forme. Il ouvre des portes sur de nombreux sujets et revisite les codes de cette littérature orientale qui met en valeur les conteurs tout en soulignant l’importance de ces textes narrés tant à l’écrit qu’à l’oral.

garçon manqué

6 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 3 juillet 2016

Conte oriental, essai philosophique ou roman réaliste ? Malgré la qualité du récit et la beauté de la langue, la lecture est difficile tant les genres se confondent et le lecteur a bien du mal à se "brancher" sur l'écrivain. Partant de l'histoire de cet enfant, dont le père veut à tout prix faire un fils alors qu'il n'est que le septième avatar d'une longue portée désespérément féminine, l'auteur multiplie les récits. Des témoins affirment l'avoir connu(e), avoir même eu accès à son journal intime, d'autres jurant mordicus qu'il ne s'agit que d'une légende et que ce carnet n'a jamais existé. Bref, à partir de ce fait divers, somme toute assez banal en terre d'islam, Tahar Ben Jelloun bâtit une œuvre dont l'intérêt se révèle purement littéraire, le contexte social, religieux et culturel passant largement au second plan. Reste la beauté de l'écriture et une réflexion profonde sur la vision de la réalité à travers le prisme du conteur.

En effet

6 étoiles

Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 37 ans) - 29 juillet 2015

La première moitié du récit est passionnante, mais on se perd ensuite entre les différents narrateurs et les différentes versions de l'histoire. Petite déception à ce propos, et surtout de ne jamais vraiment connaître la fin de cette histoire au décor si bien planté au départ, mais petit coup de cœur pour l'écriture poétique de l'auteur. C'est un roman envoûtant écrit tout en images. Des "images" que j'ai lues et relues pour mieux m'en imprégner. C'est beau, et je vais assurément relire l'auteur dans un autre roman.

Du sable, du sable…que du sable.

2 étoiles

Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 53 ans) - 28 août 2014

Livre déroutant, un peu abstrait, difficile à comprendre, entortillé… Parfois dérangeant. L’auteur a t-il voulu réaliser un portrait de l’intérieur, une analyse psychanalytique de cette pauvre fille transformée en garçon par un père rongé par le poids des traditions Marocaines ? Malgré quelques belles phrases, ce n’est pas l’œuvre que je conseillerais à un lecteur qui souhaite découvrir Tahar Ben Jelloun.

Décevant, ennuyeux , à ne pas lire !!

1 étoiles

Critique de Rguigsaad (, Inscrit le 11 septembre 2013, 36 ans) - 3 octobre 2013

Récit ennuyeux et décevant. J'ai vraiment eu du mal à finir ce "Truc". Tahar en a trop fait , les page où il voulut décrire l'état et les pensées de "Ahmed" sont nombreuses mais vides et creuses ! de la brume :(
De plus, comme Akawter a fait remarquer dans son commentaire, l'auteur part dans détails sexuels répugnants, inutiles et sans rapport avec l'histoire ... comme la scène avec la vieille !

Bref décevant , ceux qui veulent lire des livres captivants ... ce n'est pas Tahar qui vous les offrira ... allez voir chez => Amin Maalouf ou Gilbert Sinoué !

Fabuleux, fantastique

10 étoiles

Critique de Lucile (Stockholm, Inscrite le 20 septembre 2010, 35 ans) - 3 mars 2012

Je viens d'engloutir ce conte en quelques heures.

N'y cherchez pas UNE histoire, mais plutôt DES histoires. Laissez vous modeler par le(s) récit(s) comme le sable par le vent, comme la vie d'Ahmed, comme les histoires racontées par les différents narrateurs.

L'histoire commence un peu comme Aladin (celui de Disney): un type louche, à la voix presque moqueuse, sur une place publique d'un pays arabe.. "je vais vous raconter une histoire". Puis tout s’emballe, les narrateurs s'enchaînent, se contredisent. Et puis il semble qu'une vérité ce dégage. On s'attarde dessus... Mais si ce n'était pas tout à fait ça? On est alors de nouveau sur la place où tout a commencé, mais le conteur du début n'y est plus. Restent 3 personnages de son assistance. Chacun détient la vérité... Ou peut-être qu'un nouveau conteur venu d'Andalousie va tout chambouler. Et qui est cette femme dans le café de l'autre côté de la place...?

Le style est superbe, simple, envoûtant. Magique.

Un destin subi et vécu

8 étoiles

Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 90 ans) - 2 juillet 2011

C’est l’histoire du huitième enfant à naître dans une famille du Maroc, où la société préfère les hommes aux femmes. Les sept autres sont des filles, ignorées par leur propre père. Celui-ci, exaspéré de ne pas avoir d’héritier, décide avant sa naissance que ce sera un mâle et il s’appellera Hamed, même si c’est une fille. Voilà que commence le mensonge insensé, puisque c’est encore une fille, il s’arrange avec la sage femme, en échange d’un peu d’argent. Celle-ci et les parents se trouvent seuls dans le secret. L’enfant est élevé comme un garçon et le père retrouve son honneur. En grandissant, l’enfant se rend compte qu’il est une fille. Comme pour s’allier aux idées perverses du père, il acquiert, avec les années, une voix grave et la barbe apparaît. Des problèmes affectifs et sexuels liés à la frustration surviennent. Porteur de deux vies, il se comporte bizarrement : autoritaire avec ses sœurs et sans tendresse pour sa mère.

Tahar Ben Jalloun nous fait traverser cinq portes qui nous renseignent sur la destinée du jeune homme. Hamed reçoit des lettres, non signées ni datées, d’un correspondant anonyme. Elles atteignent un seuil de complicité qui bouleverse la vie du héros. Il rencontre une cousine handicapée qu’il marie. Peu à peu, la haine remplace la compassion. Fatima tombe malade et meurt. Elle connaissait le secret d’Hamed. Elles étaient deux femmes meurtries par la vie.

J’ai été captivée par les premiers chapitres de ce livre, pour ensuite, perdre un peu d’intérêt. Les changements de narrateurs, parfois de versions différentes, se confondent au point de perdre le fil de l’histoire. Les notes écrites par Ahmed/Zhara, dans son journal intime, me semblent plus plausibles. Par contre, l’écriture fluide et poétique de ce conte m’a fascinée jusqu’à la fin. Tahar Ben Jelloun offre au lecteur le choix de faire suite à l’histoire et d’en tirer une conclusion. J’en déduis donc que le point de vue de l’auteur est de dénoncer la condition féminine du système marocain, cela explique la raison pour laquelle il y a beaucoup de personnages féminins dans ses écrits. Quant au protagoniste, à travers sa quête d’identité, (il n’est pas une erreur de la nature, mais un détournement social), n’aura pas eu la vie facile.

Décevant.

4 étoiles

Critique de Felicity11 (Bruxelles, Inscrite le 12 décembre 2007, 31 ans) - 13 octobre 2010

J'avais commencé avec enthousiasme la lecture de "L'Enfant de Sable" et je referme ce livre un peu déçue.
Le premier tiers du livre était assez entraînant, j'aimais rentrer dans la tête d'Ahmed, suivre ses idées, la construction d'une identité vacillante, le lent chemin vers la folie. Une quête de soi difficile et laborieuse. Et là, le conteur changea... Puis il changea régulièrement, chacun s'appropriant le récit, le racontant à sa manière en inventant les parties manquantes. Pour finir, on s'éloigne fort d'Ahmed même si l'histoire continue de parler de lui.
Par le biais des différents narrateurs, l'auteur critique plusieurs aspects de la société, notamment marocaine, des années 50.
Le récit ne m'a pas plu, d'abord parce que je n'ai pas aimé cet éloignement d'Ahmed, j'aurais préféré continuer à la suivre, à voir comment sa tête, ses idées, son avenir évoluent et ne pas voir ce conte être arrêté et remanié comme l'ont toujours été les histoires. Soit, l'auteur en a décidé autrement alors j'ai poursuivi ma lecture, suivant le chemin qu'il avait tracé.
Ce qui suivit m'a également désappointée car l'auteur est parfois fort peu nuancé et assez caricatural dans sa critique de la société.
Soit, j'avoue que l'écriture est poétique et prenante mais je la trouvais plus charmeuse au début du livre. Vers la fin, elle tend à fatiguer.
Heureusement, toute chose a une fin et j'ai refermé ce livre en étant soulagée de l'avoir terminé.

Une quête de soi

7 étoiles

Critique de Pourpre (, Inscrite le 13 janvier 2009, 43 ans) - 19 janvier 2009

C'est un conte douloureux et onirique, poétique et tranchant comme les pierres, qui emmène le lecteur de réalités cruelles en songes troubles et frissonnants. Au fil des plongées introspectives de cet Ahmed déchiré, on finit aussi par se chercher soi même, en égrenant nos propres grains de sable. Contrairement à ce qui est exprimé ici par d'autres critiques, pour ma part le récit ne faiblit pas, la seconde partie, bien que différente, offre d'autres horizons, il faut juste accepter d'abolir la frontière où le rêve et la réalité se fondent, et se laisser aller au plaisir de cette écriture, subtile et poétique.

La lecture de Patryck Froissart

10 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 76 ans) - 3 mars 2006

Auteur : Tahar Ben Jelloun
Titre : L’enfant de sable
Genre : roman
Editeur : Seuil (Paris, 1985)


Tahar Ben Jelloun est un sorcier, un forgeron, un griot détenteur du pouvoir de ces charmeurs de serpents, ou d’auditeurs, qui faisaient autrefois la magie de la place Jamaa El Fna, et qui apparaissaient régulièrement, fidèlement, à un endroit fixé de tous les souks villageois.
Le lecteur est transporté dès les premières pages sur le tapis persan, oriental, marocain.
L’histoire d’Ahmed, que son père a appelé de ce nom d’homme par honte d’avoir eu avant lui sept filles, est le récit d’abord intime, déchirant, lourd, d’une secrète histoire de famille. Seuls les parents, l’accoucheuse, puis l’intéressé(e), savent qu’Ahmed est la huitième fille.
Le roman n’est pas linéaire, reste inachevé, comporte des zones d’ombre, est à plusieurs voix, à plusieurs narrateurs qui se contredisent, ou se complètent, peut-être (au lecteur de choisir, d’imaginer, de remplir les vides), à la manière, justement, de ces récits interminables qui courent de place en place, de conteur en conteur, enjolivés, exagérés, personnalisés par les fantasmes de chaque diseur, comme les Mille et Une Nuits dont chaque conte aurait été composé par une personnalité différente.
Le Je des narrateurs, prétendus témoins, ou héritiers du cahier journal d’Ahmed, se mêle à celui du personnage, les versions s’entrecroisent, s’entremêlent, dans un jeu savant, labyrinthique, de miroirs, de routes, de lieux géographiques ou littéraires, où le narrateur auteur finit par se perdre lui-même, volontairement, avec délectation, jusqu’à s’identifier à au moins un autre grand auteur, qu’on reconnaît comme étant Jorge Luis Borges, dont le zahir apparaît brusquement dans les fils d’une histoire de plus en plus embrouillée, qui se dilue dans les sables du désert, c’est-à-dire l’intertexte.
On comprend que Le Clézio, lui-même conteur des sables et des déserts, ait aimé ce roman qui n’a pas de fin, et qui a toutes les fins : « Tahar Ben Jelloun sait nous retenir au bord du sommeil par quelque rebondissement possible qu’il fera attendre jusqu’au matin, surtout qu’au bout il y a le Secret, une Toison d’Or, qui est la récompense du lecteur et le cadeau du scribe… ».
A chacun d’y découvrir son propre secret.
Patryck Froissart, le 3 mars 2006

Ennuyant...

1 étoiles

Critique de Djémsy (Bruxelles, Inscrite le 7 août 2005, 37 ans) - 11 septembre 2005

Alors que le premier tiers du livre était intéressant et m'avait captivé, le reste nous mène lentement vers l'ennui... Je n'avais même plus envie de lire la fin et il faut vraiment bien être accroché pour comprendre toute l'histoire... Ce livre nous fait part d'un personnage à la psychologie malheureuse de par le choix de son père, mais en plus d'autres personnes malheureuses... C'est que du malheur en fait... Mais y'a le malheur captivant, ici on saute souvent du coq à l'âne selon le personnage qui raconte, et toutes les histoires changent, finalement on ne sait plus où on en est et c'est très désagréable, l'auteur pouvait donner une leçon de vie sans faire une histoire aussi tordue, franchement ....

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