Pyromanes
de Vincent Borel

critiqué par Phaeton, le 11 février 2006
(Paris - 54 ans)


La note:  étoiles
Une fable fabuleuse
Le dernier roman que nous offre Vincent Borel, Pyromanes (Sabine Wespieser éditeur), a pour cadre la région des Hautes-Alpes dont l’auteur est originaire. Après deux romans situés aux XVIème et XVIIème siècles, c’est dans l’aujourd’hui de notre monde industrialisé que les actions vont se nouer.
Guillaume Farel, étudiant en histoire, travaillé par son homonyme ayant vécu au cœur de la Réforme, emmène en promenade quelques garnements de banlieue à qui il tente de faire découvrir la beauté de la montagne.
Les magnifiques pentes escarpées du Val de Durbon sont quant à elles le refuge et lieu de vie de Martial, pauvre hère qui s’est enfui de la demeure familiale quelques années auparavant, mais elle sont aussi le terrain sur lequel Paule, artiste de destroy art, a décidé d’élaborer par la destruction sa nouvelle création.
L’été est aussi l’instant propice au regroupement de quelques centaines de jeunes en mal de décibels et rassemblés à l’occasion d’un technival.
Mais empoisonnée par la multitude de nos déchets, la nature va se réveiller et montrer sa colère. Les mouvements du ciel et de la terre vont se faire croiser les destins de ces personnages.
Le texte de Vincent Borel est d’une concision remarquable ce qui lui donne toute sa puissance. Le chapitre sur la pollution humaine et ses conséquences sur le monde animal est d’une force remarquable. A l’image de Guillaume Farel l’ancien, c’est avec des accents de prédicateur et de prophète que l’auteur nous entraîne dans cette aventure. L’humour n’est pas absent de ce texte, souvent politiquement incorrect. La musique baroque était au cœur des derniers romans de Vincent Borel, ici, c’est la nature qui, dirigeant la partition, gronde, gémit, éructe et tonne. En faisant se rencontrer ces personnages, le romancier nous montre une fois de plus son art de conteur et sa maîtrise du contrepoint littéraire.