Le poing dans la bouche
de Georges-Arthur Goldschmidt

critiqué par Sahkti, le 5 février 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Voguer entre français et allemand
Horrifié par l’usage que les Nazis ont fait de la langue allemande, devenue plus brutale et dure, Georges-Arthur Goldschmidt a choisi le français comme langage d’expression et d’épanouissement. Le seul moyen de fuir la barbarie et de supporter son exil et la honte de tout un pays livré au nazisme. Quittant son pays à onze ans, errant d’internat en internat, en France, la langue de Molière devint un refuge, un épanouissement, voire une révélation. Pas facile pour un jeune juif allemand de vivre dans un nouveau pays dont les occupants inhumains sont de la même nationalité que vous. En se perdant dans les auteurs classiques tels que Rousseau, La Bruyère ou Pascal, G-A Goldschmidt trouve sa voie et plonge dans la littérature pour ne jamais en ressortir.
Le retour à l’allemand se fera tardivement, en douceur, avec beaucoup de précautions, ce qui vaudra à l’auteur de longues méditations sur la comparaison entre les deux langues, sur la fluidité française et la rugosité allemande. C’est "Le procès" de Kafka qui le réconciliera définitivement avec sa langue maternelle. Un texte auquel il s’identifie complètement, un livre "qui l’empêche de devenir fou".

Magnifique récit intime de Georges-Arthur Goldschmidt qui raconte les difficultés de l’exil et le désamour avec sa langue, la honte de la parler puis la beauté de la renaissance, le plaisir de la découverte, les subtilités du langage lorsqu’on vit et pense dans deux langues. C’est également un bel hommage aux auteurs qui lui ont ouvert les portes du monde de la littérature.