La fourrure de la truite
de Paul Nizon

critiqué par Sahkti, le 3 février 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Se chercher et puis se trouver
Le principal protagoniste du récit se nomme Stolp. Il est à Paris, errant dans un appartement qui appartient à sa tante décédée. On se demande d'ailleurs si il sait où il est tant il semble ailleurs, perdu. Il faut dire qu'il vit une délicate rupture amoureuse. Une rupture, un décès... beaucoup d'émotions à assumer. Alors Stolp erre encore et encore, dans les parcs, dans les bistrots... puis il rencontre Carmen. Une drôle de rencontre! Ajoutons à cela que Stolp est trapéziste et qu'il pense qu'il pourrait aller haut dans le ciel, un peu comme un poisson-volant.
Tous ces éléments fournissent un livre drôle et grave à la fois, un exercice de haute voltige dans le monde confus des sentiments humains. Paul Nizon se débrouille bien pour parler d'êtres perdus qui se cherchent sans trop savoir comment s'y prendre, il adopte un ton juste et place le doigt sur le détail qui fait toute la différence. Il y a des moments succulents d'humour, d'autres bien plus tristes. Au fil du récit se dégage beaucoup de mélancolie, une pointe d'amertume, de la joie aussi et beaucoup d'espoir. A l'image des sentiments, ni plus ni moins...
Un petit livre de sagesse 8 étoiles

Pas chaud une bonne partie du livre, je me suis pris à son jeu vers la fin, à un moment où tous les éléments amenés sont repris avec humour (en effet, Sahkti !) et « philosophie » par le narrateur.
Tout commence (ou presque) par une lithographie représentant une femme à demi-nue dans un manteau de fourrure vue dans la vitrine d’un fourreur. À ces deux éléments antagonistes (le froid-glissant de la truite, le chaud-immobile de la fourrure), viendront bientôt s’ajouter les velléités de vol, d’envol, de saut du narrateur (qui, dit-il, est issu d’une famille d’acrobates)... Il faut souligner que le narrateur s’est installé, provisoirement, dans l’appartement de sa tante récemment décédée et qu’il côtoie des femmes, des commerçants du quartier, qu’il découvre au fil de ses déambulations.

On retrouve les thèmes chers à Nizon: la passion amoureuse, la marche, l’écriture, l’exil au sein d’un territoire étranger… mais atténués, déviés (si l’auteur ici n’écrit pas, il interprète les signes qui se présentent à lui), comme réfrénés, au profit, l’air de rien, d’un livre… de sagesse (l’auteur l’a écrit à près de septante-cinq ans). Car on a l’impression qu’à la toute fin, l’auteur lui-même, par ce court roman, est parvenu à la raison, à dépasser toutes ses contradictions pour atteindre à une légèreté sans pareille. Un détachement des réalités de ce monde qui s’apparente à un survol.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 18 août 2008


Paul Nizon/Paul Nizan 7 étoiles

Il doit y avoir un problème de référencement ISBN dans la base de données. Paul Nizon n'est pas Paul Nizan.

Amicizia
Angèle Paoli





Angèle Paoli - - 76 ans - 4 février 2006