Le fils du vent
de Henning Mankell

critiqué par Alexandrin, le 3 février 2006
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Un roman tronqué
Ce roman ne m’a guère enthousiasmé. D’après le titre et la postface je m’attendais à un style littéraire plus soutenu. L’auteur ne va pas assez loin dans son analyse de l’intégration du jeune enfant noir que Bengler décide d’adopter et arrache à sa terre natale. Il commence par lui donner un nom : Daniel, mais son vrai nom est Molo, celui donné par les siens. Dans le fond comme sur la forme le roman me laisse une sensation d’inachevé. Le fond est tronqué car dans l’ouvrage il ne s’agit pas d’une tentative d’intégration mais d’un désir de faire oublier ses racines au jeune Daniel, africain d’une dizaine d’années. Sur la forme eu égard à l’époque où se situe le roman j’escomptais un style littéraire plus enlevé. Quand on a lu par exemple Jean-Christophe Rufin, l’Abyssin entre autres, on ressent une pesante sensation de fadeur à la lecture du Fils du vent. Le sujet n’est pas exploité en totalité car soit on présente le jeune homme comme une bête de foire, ce que fait Bengler, son père adoptif, soit on le laisse se replier sur lui-même.
Aucune tentative n’est faite pour le scolariser et pour lui faire côtoyer de jeunes norvégiens. Le seul contact avec un enfant sera sa rencontre avec Sanna, jeune fille atypique et décrite comme souffrant d’une arriération mentale. J’aurais souhaité une forme plus épique, la syntaxe n’est guère agréable et le style se rapproche souvent du langage oral. J’ai lu ce livre dans le cadre du café littéraire de la médiathèque d’Evreux, lieu d’échanges et de réflexion. Je pense que sans cette soirée et mon désir de faire partager ma passion pour les livres, je n’aurais pas achevé la lecture du Fils du vent. Néanmoins on ne peut nier quelques passages à portée poétique, particulièrement les réflexions du jeune garçon, empreintes des croyances de son pays et relatives à sa culture. Le dialogue interne qu’il entretient avec lui-même fait référence à un monde imaginaire et à la magie. Le suspense quand au dénouement fait en sorte que le lecteur est pris dans le mouvement de l’histoire. Ce livre n’est pas un roman policier malgré le meurtre qu’il contient, ce n’est pas un roman à thèse, car trop succinct. C’est un roman qui offre une lecture polymorphe. On peut le lire au premier degré mais également en lui cherchant une vocation plus large. Ce n’est pas une lecture très gaie mais en revanche très facile d’accès. En somme un livre intéressant par la compassion que nous évoque le jeune Daniel. Dommage que l’auteur n’aie pas décidé une fin plus heureuse. Mais peut-être est-ce le sens du livre, partant du principe que la vie peut être vécue cruellement et qu’on peut parfois ne plus être maître de son destin, comme le jeune Daniel, révolté contre une réalité qui lui échappe et sur laquelle il n’a pas prise.

Sébastienblommet@yahoo.fr
XIXème siècle, Scanie et Kalahari … 6 étoiles

1875, Scanie, sud de la Suède, Hans Bengler porté par une curieuse motivation – acquérir de la célébrité en découvrant et donnant son propre nom à un insecte encore jamais répertorié – quitte études de médecine et Scanie pour le Kalahari. Il a entendu dire que ça pouvait être une terre d’Eldorado pour des espèces d’insectes encore inconnues …
En fait d’insectes, c’est surtout un enfant qu’il va ramener, Molo rebaptisé Daniel pour « suédiser », orphelin sauvé lors d’une razzia qui a vu périr toute sa famille. Problème ; il ramène Daniel mais presque plus comme un insecte inconnu que comme un fils adoptif. C’est que, fin XIXème siècle, les noirs ne sont pas légion en Scanie et Hans Bengler tient là quasiment un phénomène de foire. Il se comporte presque comme un montreur de monstres sous couvert de récits sur son expédition au Kalahari et, bien entendu, ça ne passe et ne se passe pas très bien avec Daniel. Qui lui ne rêve que d’une chose ; être capable de marcher sur l’eau pour rentrer chez lui.
Daniel trouvera un peu de répit lorsque Hans Bengler sera contraint de le remettre aux bons soins d’un couple de fermiers de meilleure volonté mais qu’on imagine l’état d’esprit qui pouvait régner fin XIX ème et l’on comprend tout de suite combien la situation de Daniel était sans espoir …
Probablement, Henning Mankell, dont on connait les liens avec l’Afrique australe, a voulu faire acte d’historien – aussi bien vis-à-vis des populations du Kalahari que de la société suédoise de l’époque – (à cet égard la démarche rappelle un autre de ses ouvrages ; « L’œil du léopard ») ou de sociologue. Pourtant quelque chose, m’a-t-il semblé, ne fonctionne pas vraiment. Ca m’a semblé globalement bancal, même si l’histoire reste originale et touchante.
Disons que je n’ai retrouvé le Henning Mankell que je connais …

Tistou - - 67 ans - 24 juillet 2017


Sopo ! 3 étoiles

L'idée de base est intéressante, mais elle est traitée de manière superficielle. Dommage, car Mankell avait montré des dispositions concernant l'Afrique d'aujourd'hui ( Comedia Infantil)

Ce récit qui se déroule à la fin du XIXème siècle n'est même pas crédible, et les bons sentiments ne peuvent pas tenir lieu d'intrigue.

Tanneguy - Paris - 84 ans - 5 décembre 2008