C'était François Mitterrand
de Jacques Attali

critiqué par Richard, le 4 janvier 2006
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Mitterrand et le conseiller de Mitterrand
Le sujet François Mitterrand est un thème actif d’inspiration des écrivains, qu’ils soient polémistes, journalistes, historiens ou hommes politiques. Sur le seul site marchand d’Amazon.fr on peut noter 447 ouvrages qui traitent du sujet.

Après une vague de publications qui s’est particulièrement intéressés au Mitterrand privé (notamment bouche cousu, une famille au secret…), Jacques Attali a choisi lui de parler de l’homme politique et aussi du rôle qu’il a eu auprès de lui.

Il y a dans ce genre d’ouvrage, et compte tenu de l’importance bibliographique qui traite le sujet, des redondances.
Parmi les sujets les plus originaux Jacques Attali montre un François Mitterrand désintéressé par la politique intérieure, une sorte d’indifférence agacée, ce phénomène étant plus prononcé au cours des dernières années de sa présidence.
Les rapports humains avec les chefs d’états des autres grandes nations mondiales apparaissent sous un jour étonnant en particulier ses relations de connivence avec Margaret Thatcher qu’on n’aurait pas pu a priori imaginer entre le président des nationalisations et l’un des premiers ministres le plus libéral que le Royaume Unis a eu.

Dans cet ouvrage l’auteur se met en avant pour ne pas dire en valeur, c’est peut-être le défaut principal de l’ouvrage et le doute, même s’il est injustifié, que l’on peut avoir d’une survalorisation de certains événements, de certaines situations.

Sinon le texte est intéressant, l’écriture de Jacques Attali d’une qualité littéraire supérieure à celle que l’on rencontre pour ce genre d’ouvrage témoignage
Ambitieux, audacieux, intelligent 9 étoiles

Terriblement lucide est le constat de Jacques Attali à la fin du second quinquennat de François Mitterrand sur l’état de la France, pays déjà fragilisé dans une période qui allait s’avérer critique. Malgré les réformes réussies dès les premières années destinées à moderniser la société, quantité d’autres tout aussi fondamentales n’ont pas été engagées, notamment sur l’urbanisme, le système de santé, le système scolaire, la fiscalité, le chômage, la pauvreté. C’était en 1995 il y a un quart de siècle donc, comme si l’Histoire ne savait que tourner en rond.
Le portrait de l’homme élogieux dans son ensemble se veut sans fard. On le comprend puisque venant de son plus proche conseiller pendant 20 ans. Il s’en dégage l’âme d’un chef respecté. Animé par une longue conquête du pouvoir, obsédé par le désir de laisser une trace pour servir son ambition personnelle certes, François Mitterrand n’en reste pas moins soucieux de l’intérêt général, de son rôle pour consolider la construction européenne, de l’image de grande puissance à donner de la France dans le monde.
Sa politique internationale particulièrement éclairante s’appuie sur une fine connaissance des enjeux de la guerre froide, sa crainte des menaces nucléaires afférentes à toute déstabilisation de l’ordre établi, ses bonnes relations avec ses homologues américains, soviétiques, allemands, africains, mais aussi israéliens et palestiniens. Une grande habileté à négocier durant les crises, une réelle fermeté vis-à-vis de l’Allemagne lors de la réunification démontrent son engagement.
C’est affaibli par la récidive du cancer de la prostate qui aurait dû l’emporter dès 1981 que s’achève virtuellement son second mandat à la veille d’une nouvelle cohabitation qui lui déplaisait. Après le référendum du traité de Maastricht remporté à une courte majorité, il affiche auprès de ses amis du parti socialiste la fierté de leur avoir ouvert la voie quant à l’aptitude de la gauche à diriger à nouveau le pays à sa suite.

Colen8 - - 82 ans - 9 mai 2020


fascinant 9 étoiles

Je suis entrée dans ce livre avec volupté.

Toute ma fascination Mitterrandienne en éveil.

J'ai eu 18 ans en mai 81... je n'en "guérirai" jamais!

Attali raconte sa fascination bien entendu...cela ressemble même parfois à de la dévotion.

La lecture est souple, limpide.

L'oscillation permanente entre l'Histoire et l'intime est parfaitement maitrisée.

Magique!

Simone - - 60 ans - 25 juin 2006


PAS GRAND CHOSE DE NOUVEAU 4 étoiles

Un bon livre facile et agréable à lire où... on n'apprend pas grand chose de nouveau...

Le peu de passion pour la politique intérieure de l'ancien président surtout au cours de son deuxième mandat? Un fait déjà connu de tous...
Ses "flirts" plus ou moins poussés avec le régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre Mondiale? Déjà dite et redite dans des ouvrages de nombreux auteurs...
Sa mainmise sur les gouvernements (notamment par la nomination des ministres) qui l'ont servi... Un secret de polichinelle...
Sa haine viscérale pour Michel ROCARD? Depuis le temps que c'est connu...

L'auteur se contentant parfois même de redondances avec ses précédents ouvrages (Verbatim) traitant du même sujet... ainsi la désormais célèbre incompétence (pour ne pas dire ignorance) politique de Ronald REAGAN, qui se contente de lire des fiches déjà préparées par ses services sur tous les sujets... et qui ne sait plus quoi dire quand il n'a pas une fiche traitant du sujet en discussion...

Encore y apprend-on qu'il adore raconter des blagues sur ses adversaires politiques, notamment le dictateur cubain Fidel CASTRO...

Le livre devient carrément de l’idolâtrie quand l'auteur parle des réalisations sous les deux mandats de François MITTERRAND... ainsi p. ex. au sujet de l'Union Européenne... la monnaie unique... c'est lui, le traité de Maastricht... c'est lui, le passage de la Communauté Européenne à l'Union Européenne... c'est lui, l'élargissement aux autres états membres (notamment à l'époque Espagne et Portugal) c'est lui... la présidence de Jacques DELORS à la tête de la Commission Européenne, c'est encore lui...
Stop n'en jetez plus...
On se demande ce que faisaient et à quoi passaient leur temps les dix autres états membres de l'Union Européenne de l'époque... et surtout de l'utilité d'une Europe unie, alors que toutes les initiatives et les décisions importantes sont prises par un seul pays?
Pas un peu d'exagération dans vos propos M. ATTALI?

Finalement seules certaines anecdotes restent longtemps en mémoire du lecteur... ainsi une soirée entière de l'auteur, passée en compagnie de François MITTERRAND, à disposer les places des convives autour des tables pour un futur diner d'Etat, afin que deux dames ne se croisent pas à l'entrée et à la sortie du salon où est donné le diner et surtout, surtout ne se voient pas l'une l'autre pendant le fameux diner...

Et oui c'est cela aussi "l'Art" de la politique!

Septularisen - Luxembourg - 56 ans - 18 février 2006


Mitterrand, un autre éclairage 8 étoiles

Un ouvrage très instructif qui ne joue jamais sur le mode « révélations ». Il est vrai que la position de l’auteur était un peu spéciale car en permanence aux côtés du président et donc au courant de tout ou presque, la culture du secret caractérisant le personnage.

Le style et la plume de l’auteur permettent une lecture facile et agréable; la construction du livre traitant de façon séquentielle chacune des dimensions politiques et non pas les faits de façon chronologique pure, le lecteur appréhende un sujet de façon globale ce qui ne le rend que plus intéressant sans malheureusement rendre cette dimension particulière inhérente à la fonction qui oblige à arbitrer sur quelques dizaines de dimensions différentes dans la même journée.

Une valeur supplémentaire et une appréciation forcément personnelle de ma part à propos de ce livre est qu’il éclaire tout un pan d’histoire récente que je n’avais eu qu’à travers une lecture média très réductrice ; c’est un vrai plaisir de découvrir les tenants et aboutissants de nombreux sujets de politique intérieure ou extérieure dans leurs détails, dépassionnés, une lecture a posteriori permettant également de mieux appréhender le contexte.

Je ne peux qu’abonder la critique de Richard sur le volet « Politique étrangère », domaine réservé du président et certainement le dossier le plus passionnant de cet ouvrage tout simplement par son rendu factuel alors que les médias, à l’époque, ne faisaient que spéculer.

A mettre en parallèle au livre de Michel Rocard « Si la gauche savait » (http://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/…) pour quelques recoupements de périodes (les deux septennats de F. Mitterrand) et ainsi découvrir deux visions pas toujours si différentes.

Manu_C - - 54 ans - 10 janvier 2006