Le bal du gouverneur
de Marie-France Pisier

critiqué par Tistou, le 2 janvier 2006
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Comme un huis clos
Très court roman, aux fortes résonances autobiographiques (?). La narratrice est jeune fille, très jeune fille. Française métropolitaine dont le père travaille en Nouvelle Calédonie et qui est confrontée à des situations qu’elle ne comprend pas mais dont elle pressent le côté « hors-norme ». Le tout vu à hauteur de sa sensibilité et ses facultés de jugement de jeune fille.
Cela donne un résultat intéressant avec une situation qui passe progressivement de l’étrange au suggéré. Rien n’est asséné, l’intelligence du lecteur est sollicitée et ça restitue bien le cas d’une jeune fille qui comprend progressivement une situation initialement obscure.
L’ambiance exotique, « post-coloniale », propre à la vie hors de la métropole, est bien rendue. L’écriture est fine, agréable à lire.

« Elle se retourne, brusque, vers les palétuviers, sans me voir, et m’offre, un bref instant, son visage dévoilé. Et puis plus rien. Dans ses yeux clairs, en une seconde, rien qu’un bref agacement.
C’est fini. J’ai perdu. Demain peut être. Demain. Demain ou un autre jour, je comprendrai. Je saurai pourquoi elle s’échappe chaque matin, pourquoi si tôt, pourquoi elle évite d’en parler.
Pourquoi elle a murmuré une fois, il y a si longtemps, chut. Théa, mon enfant chéri, ma petite fille, chut, c’est un secret. »

Un bel essai d’écriture de la part d’une comédienne.