La fuite de Tolstoï de Alberto Cavallari

La fuite de Tolstoï de Alberto Cavallari
( La fuga di Tolstoi)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sibylline, le 2 janvier 2006 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 73 ans)
La note : 7 étoiles
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La fuite devant quoi ?

On pourrait presque parler de docu-fiction (ce nouveau terme qui plaît tant) dans le cas de cette enquête si passionnante et si bien faite. Cette étude des derniers jours de la vie de Léon Tolstoï se lit comme un roman, tout en conservant tout le sérieux et le poids d’une étude extrêmement précise et bien documentée.
Alberto Cavallari, professeur à Paris II était l’enquêteur qu’il fallait pour cette recherche minutieuse et délicate.
Je situe l’action. Tolstoï, a 82 ans. Il est célèbre, reconnu, riche, adulé. Il vit dans sa propriété de Yasnaïa Poliana avec son épouse, Sophia, une vie de couple des plus terribles et mouvementées. Sophia manifeste des troubles nerveux certains et l’existence de Tolstoï est loin d’être paisible. De crise en scène, de mélodrame en réconciliation, apparemment sur un coup de tête, dans cette nuit du 27 au 28 octobre 1910, il décide de fuir. Il fait atteler un équipage pendant que sa femme dort et se lance avec son médecin personnel, sur les routes glacées jusqu ‘à la gare où il prend le premier train de cette étrange fuite.
Le voyage durera jusqu’au soir du 31 où il doit s’arrêter, épuisé et malade dans la petite gare d’Astapovo. Accueilli chez le chef de gare, il y mourra une semaine plus tard.
Comme tient à l’indiquer Cavallari dans sa courte préface, cette étude ne couvre pas la dernière semaine à Astapovo qui vit Tolstoï couché et la troupe des proches, des médecins et autres le rattraper pour assister à sa fin. Elle ne traite que des quelques jours que dura la fuite.
Cette reconstitution est précisément documentée grâce à cette curieuse manie qu’avaient Tolstoï, sa femme, sa fille Sacha, son médecin, toute sa famille et ses proches, d’ailleurs, de s’observer continuellement et de tout noter au fil des heures sur divers carnets et feuilles épars.
L’étude méticuleuse et le recoupement de tous ces documents ont permis à Alberto Cavallari de reconstituer heure par heure, l’emploi du temps de ces quelques jours tellement étranges de l’étrange fin de vie d’un écrivain légendaire de 82 ans.
Pour ma part, ce qui m’a le plus frappée, ce sont les habitudes de mensonge et de dissimulation prises par Tolstoï. Jamais je n’aurais pensé qu’un homme tel que lui, à la fin de sa vie, ait pu croire habile ou se croire obligé de mentir sur presque tout, des plus grandes choses aux plus petites. J’en ai ressenti de la gêne, un peu de honte et de la pitié. D’autre part, si l’histoire est passionnante, l’auto-absolution et le nombrilisme que révèlent ces multiples carnets et journaux intimes-publics sont un peu attristants.

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