Mémoires de la comtesse de Boigne, née d'Osmond
de Éléonore-Adèle d'Osmond Boigne

critiqué par Tchifto, le 29 décembre 2005
(Paris - 60 ans)


La note:  étoiles
L'album de la comtesse est lucide
Mme de Boigne, née dans une vieille famille normande proche de la Cour, a eu une vie sinon intéressante en soi, du moins par ce qu'elle lui a permis de voir et vivre.
Mal mariée jeune avec un homme avec lequel elle n'a vraiment jamais vécu, elle a passé une bonne partie de sa vie avec ses parents, à Londres pendant les premières années de l'émigration, pour revenir à Paris au début de l'Empire, suivre son père, ambassadeur à Turin sous la première Restauration, puis à Londres sous la seconde.
Le premier tome s'arrête à 1820.

C'est remarquablement écrit, rarissimement ennuyeux, d'une grande intelligence de vue. Manifestement, la comtesse n'était pas une idiote et son jugement sur les événements autant que sa description des acteurs font de ses mémoires un document passionnant autant qu'un très agréable récit.
Elle croque ainsi la cour de Louis XVI, le roi lui-même ou ses frères qui deviendront Louis XVIII et Charles X (avec lesquels elle est encore plus dure qu'on a envie de l'être à 2 siècles de distance), mais aussi Chateaubriand (quelques piques bien senties à l'égard de cet insupportable prétentieux), Mme de Staël, Benjamin Constant... et une multitude de personnes de premier, deuxième ou vingt-cinquième ordres qui ont fait l'histoire de la France entre la Révolution et la Restauration.

La finesse de l'analyse politique est également assez étonnante, particulièrement si l'on songe au milieu social dont elle était issue qui était totalement dépourvu de toute culture politique et de toute compréhension du monde dans lequel elle vivait.

J'ai hâte de me mettre au second tome.

Bref, encore une fois, la collection "mercure de France" a fait merveille en rééditant ces passionnants mémoires.