Comment tuer un homme
de Carlo Gébler

critiqué par Eireann 32, le 18 décembre 2005
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Noir c'est noir
La violence et les sociétés secrètes en Irlande après les grandes famines (1845/1849).On peut lire sur le même sujet « Wildgoose Lodge » de William Carleton dans un coffret de 2 ouvrages « Trésor de la nouvelle » de la littérature irlandaise.
Carlo Gébler est le fils de la célèbre romancière irlandaise Edna O’Brien, ses romans (du moins les seuls disponibles en français) ont souvent un caractère historique autour de faits atroces. Ce récit est basé sur les mémoires de William Trench. Certaines scènes sont très dures.
Un bon roman, solide et documenté, mais un peu long peut-être.
Début du livre, pour mettre dans l’ambiance :
-« Au fond, tous les récits sont des histoires de meurtre. Certains, épiques, mettent en scène des généraux, des champs de bataille, des régiments de cavalerie et d’infanterie, cependant que d’autres, modestes, ordinaires, dépeignent deux hommes dans une ruelle, leurs pistolets fourrés dans la poche arrière. Mais dans chaque cas, la victoire se mesure toujours de la même façon : le plus grand assassin l’emporte »
Après les famines (qui selon les estimations tuèrent entre 1,1 ou 1,6 millions d’Irlandais et qui contraignirent à l’exil 1,3 millions d’autres), les sociétés secrètes , sous couvert de lutte contre les propriétaires terriens anglais, terrorisent les campagnes, rivalisant dans l’ignoble. La violence atteint un point jamais connu.
Thomas French est intendant d’un domaine, la propriétaire ne vient jamais, ses méthodes, pourtant partant d’un certain humanisme chassent les gens de leurs terres. Les « Ribbomen » envoient des hommes pour le tuer. Tim, qui travaille sur le domaine, rejoint cette société secrète pour oublier un chagrin d’amour. Il sera l’espion des tueurs, il perdra vite ses illusions, mais beaucoup d’autres, la vie.
Thomas French aura la chance de pouvoir gagner l’Amérique, but suprême de beaucoup de pauvres gens.
Le mot de la fin, un homme pleure sa terre volée, il y a longtemps ? En 1612.
« Il faut chercher loin, mais le cœur du problème est là. Voilà l’origine de ce que nous avons dû subir ».
Et que l’Irlande subit encore.