L'invention de Paris : Il n'y a pas de pas perdus de Éric Hazan

L'invention de Paris : Il n'y a pas de pas perdus de Éric Hazan

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Veneziano, le 7 décembre 2005 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 4 555  (depuis Novembre 2007)

Une formation pointilliste de Paris

Ce livre est ultra-précis et documenté, à maints égards passionnants, bien que truffé de détails, ce qui peut parfois lasser.
Conformément à la constitution historique de la Ville, Eric Hazan procède par une évolution historique en colimaçon, des quartiers historiques, intérieurs, au "Paris rouge", extérieurs.
On a l'impression de revisiter Paris sans bouger de chez soi, ce qui est très confortable. D'autre part, la philosophie sous-jacente de ce livre est très agréable, et je la partage. Elle est affirmée dans le sous-titre : "il n'y a pas de pas perdus". Pour découvrir une ville, il faut apprendre à flâner, et ne pas avoir peur de s'y perdre (vous me direz à juste titre : "tout dépend où exactement et à quelle heure"). Du reste, un chapitre, vers la fin, est intitulé "Pour les flâneurs".
Pour les Parisiens, et les Franciliens, l'ouvrage possède une dimension personnelle et affective - positive ou non - et l'on se trouve forcément étonné d'apprendre comment s'est formé un quartier, ce qui a pu se passer dans une rue ou une artère qu'on connaît bien.

Ce livre est à compléter par le très riche Dictionnaire historique des rues de Paris, de Jacques Hillairet, en deux beaux volumes, réunis en un coffret.

Si ce dernier est un historien, Eric Hazan est médecin de formation, avant de créer les éditions Hazan. Beau parcours... Voilà un homme passionné !

Alors, sinon, je vois venir les plus sceptiques d'entre vous, qui s'apprêtent à m'accuser de parisianisme. Il est vrai que je suis né et que j'ai toujours vécu à Paris, ville que j'adore : veuillez m'en excuser.
Mais ce livre est également fait pour ceux qui détestent Paris : ce la vous donnera forcément des arguments pour enrichir vos problématiques les plus diverses relatives à cette ville. Il est assez riche pour ça. Vous aurez ainsi des bonnes raisons de jouer les grincheux contre la capitale française.

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Les éditions

  • L'invention de Paris [Texte imprimé], il n'y a pas de pas perdus Éric Hazan
    de Hazan, Éric
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782020540933 ; 23,30 € ; 21/09/2002 ; 461 p. ; Broché
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"Paname", de Lutèce au Grand Paris

10 étoiles

Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 30 août 2014

Parisianisme ? Bien sûr ! Et pourquoi pas...? Veneziano, ne nous excusons pas... On n'interdit "à parsonne" (je dis bien pArsonne, comme à la Croix-Rousse) d'aimer par-dessus tout la montée du Gourguillon ou la rue Tramassac (Lyon 5e), ou encore Saint-Pierre Quilbignon (Brest) non ?

Pour faire bref Eric Hazan nous livre une variante contemporaine moins abstraite, moins épurée, plus proche des êtres et des évènements, qu'une "Poétique de la Ville" de Pierre Sansot par exemple.
Hazan, né Parisien, fils et petit-fils d'éditeurs, se glisse avec délectation et une profonde empathie dans ce cocon-chaudron parisien, en extrayant époque par époque, quartier par quartier, tout le sel des êtres et des choses, des souvenirs, des heurs et malheurs, dans cette ville unique qui s'en va, hélas, vers le destin des choses mortes car momifiées dans l'univers de l'apparence.
Paris, monde complet, saisi dans sa totalité historique, géographique et humaine.

Rien de tel que l'errance, la dérive (même - surtout - hors sa version alcoolisée signée Guy Debord), afin d'en goûter la substantifique moelle, avec le risque pour le Parisien de naissance de devoir se heurter à telle ou telle douloureuse révision de ses souvenirs.
Paris, qui toujours aima le brio, l'élégance, le trait malicieux ou destructeur des réputations et des poses, tempérés d'une harmonie aux mutations progressives, s'en vint à accepter la brutalité d'irréparables outrages (qu'Eric Hazan pointe du doigt) de par la main de gestionnaires et d'architectes mégalomanes ou cyniques. Ce que le général Von Choltitz refusa d'accomplir en 1944 fut insidieusement entrepris par la suite avec persévérance, par des édiles aux moeurs dont on connaît bien les mobiles et les méthodes.

Après l'exil forcé du peuple, l'effacement programmé de sa mémoire.

Mais lisez Eric Hazan et courez-y, oubliez si vous pouvez les musées, les boutiques, les monuments et les digicodes, armés seulement de ce précieux ouvrage, de vos réminiscences littéraires ou de vos souvenirs : la magie opère encore de temps à autre.

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