Mon frère l'idiot
de Michel Del Castillo

critiqué par Richard, le 4 décembre 2005
( - 78 ans)


La note:  étoiles
bouleversant !
En dehors de ses qualités littéraires l’œuvre de Michel del Castillo intègre trois éléments récurrents : la sincérité, del Castillo ne donne jamais le sentiment de tricher, pour faire beau, pour plaire ; le drame, la vie de ses personnages est nécessairement dramatique, l’écrivain ne fait pas ici un simple choix littéraire, il écrit en témoin, témoin des drames qu’il a vécu, ou de ceux dont il a été le témoin ; la passion enfin, au risque de déplaire, Michel del Castillo pose sur les gens, sur les événements qu’il décrit un regard qui n’est jamais neutre ou indifférent.

La découverte de Dostoïevski par Michel del Castillo date de son enfance, à l’age de treize ans alors qu’il était placé dans une maison de redressement tenue par des prêtres à Barcelone. Dans cette inhumanité qui portait la soutane, un pion, alcoolique, se prend de pitié pour lui et lui prête des livres. Parmi ces livres « récits de la maison des morts ». Pour Michel del Castillo il s’agit d’un choc. Fédor, cet homme qui comme lui a vécu la trahison, les brimades, la faim, l’isolement, est un frère dans lequel non seulement il se reconnaît mais aussi dans lequel il trouve la force de vivre.

Michel del Castillo écrit ce livre pour dit il « payer ses dettes » à l’auteur qui a bouleversé sa jeunesse. L’auteur dit « fraternellement » ce qu’il doit à l’écrivain Russe tout en restant réservé sur l’homme.

« Mon frère l’idiot » est une ode à la littérature, Michel del Castillo, y proclame la supériorité de la littérature sur la vie quand la vie a atteint son niveau le plus élevé de souffrance. Cette supériorité il la situe dans la capacité de l’écrit à rechercher et mettre à jour les sens possibles des situations vécues, de tenter de comprendre l’innommable.

Un ouvrage bouleversant qui prend aux tripes.