Le Masque et la Plume
de Daniel Garcia (Co-auteur), Jérôme Garcin (Co-auteur)

critiqué par Richard, le 22 novembre 2005
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Souvenirs ! souvenirs !
Ma jeunesse et mon adolescence se sont déroulées à une époque durant laquelle n’existaient ni l’Internet, ni les jeux informatiques, ni les sms, la télévision naissante nous proposait au mieux une chaîne unique « en noir et blanc ». Nous avions la lecture, le cinéma (le dimanche) et surtout la radio… !

Et dans cette radio, à lampes d’abord et un peu plus tard a transistors, il y avait toutes les semaines l’émission « le masque et la plume ». A un moment où les goûts se forment ou l’esprit critique est encore embryonnaire une telle émission était une vrai aubaine. Et puis quel spectacle, ceux qui ont entendu les joutes oratoires entre un Jean Louis Bory et Georges Charensole pour le cinéma ou Alfred Simon et Gilles Sandier pour le théâtre y ont pris un plaisir extrême.

Chaque dimanche soir frustré que l’émission ne dure pas plus longtemps, mais aussi avec le sentiment fugace d’être un peu plus cultivé, voire plus intelligent, j’éteignais ma radio dans l’attente de la prochaine émission.

Alors un livre sur le masque et la plume ne pouvait que me faire saliver…

L’ouvrage que Jérôme Garcin, l’actuel animateur du masque, et Daniel Garcia ont écrit retrace l’aventure du masque depuis les années 50 avec au départ l’animation des deux personnalités opposées qu’étaient Michel Polac et François Régis Bastide, le premier quittera assez vite l’émission, que poursuivra F.R Bastide pendant plus de vingt ans, il sera remplacé d’abord par Pierre Bouteiller puis par Jérôme Garcin.

Le vieil auditeur que je suis ne peut que se délecter des anecdotes et des extraits de tirades de la grande époque. Ce masque et la plume était un grand spectacle, tournant parfois au grand guignol.
Jérôme Garcin essaye aujourd’hui de maintenir la tradition, les critiques ont changés et leur démarche peut être aussi « dans le débat l’emportaient les tribuns aux formules incisives et tranchantes. Les critiques à cette époque étaient les militants de la cause… », et j’ai vieilli…le spectacle à un peu perdu de son aura.

Cet ouvrage en rappelant certaines des positions critiques de l’époque montre combien à la fois la critique peut être anticipatrice sur la découverte de nouveaux talents, peut permettre l’émergence de nouveaux courants (le TNP, la nouvelle vague…), mais aussi combien elle a pu être injuste et partisane par exemple en étrillant Julien Duvivier, en rejetant le cinéma de Clouzot…

Au delà des imperfections, des excès, qui sont bien naturellement les conséquences du manque de recul et d’un enthousiasme un peu trop débordant cette émission a donné et donne encore l’envie d’aller voir des films, des pièces de théâtre, de lire des livres. « J’aime aimer » disait Jean Louis Bory.