Fuir
de Jean-Philippe Toussaint

critiqué par Idelette, le 18 novembre 2005
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Qui fuira l'autre ? L'amour ou la mort...
Le narrateur (dont on ignore tout l’état civil) remet une enveloppe à Zhang Xiangzhi, à Shanghaï. Il y rencontre Li Qi et l'accompagne en train de nuit à Pékin. Son portable sonne, interrompant leurs préliminaires amoureux. Le père de Marie est mort, noyé, chez lui, dans l'île d'Elbe. Et soudain, son monde vacille, Marie a besoin de lui même si, lucide, il sait qu'elle a besoin d'être plus écoutée que qu'elle n'a besoin de lui... Plus rien de compte vraiment, ni le bowling, les affaires de Zhang Xiangzhi... Il va retrouver Marie.

"Serait-ce jamais fini avec Marie ?" ouvre ce très beau livre, le ton est donné, lui l'aime encore comme on aime avec passion, avec tendresse jusque dans ses défauts, ses élans, sa fragilité, sa dureté et sa douleur.... Le livre tout en sensation, en intériorité, en fluidité, comme extérieur à ce qui se passe, se vit. L'écriture de Jean Philippe Toussaint est très belle, elle traduit parfaitement les ruptures, les changements d'état d'esprit du narrateur.

"Fuir" (quel beau titre !) tient toutes ces promesse, magnifique portrait d'homme, rétif au portable, amoureux éconduit, éperdu et perdu... où l'amour se mêle à la mort, où l'eau sous toutes ses formes (sueur, larmes, mer...) imprime ses couleurs et ses humeurs.
Aimer sans aimer 7 étoiles

Avant de commencer la lecture de « Fuir », j’avais la chance d’avoir déjà lu deux des quatre opus qui constituent le cycle « Marie Madeleine Marguerite Montalte » dont le premier, « Faire l’amour », introduit fort utilement celui que j’avais décidé de lire. Je pense qu’il est nécessaire de connaître un peu ce cycle littéraire pour comprendre le présent texte, sinon comment interpréter ce long voyage en Chine sans aucun objet, du moins sans objet expliqué dans le texte, effectué par le narrateur à la demande de la femme qui l’a récemment quitté. Le narrateur en question, toujours aussi invisible, insaisissable, indéfini, comme dans le précédent opus, arrive en Chine (les romans de ce cycle quadrangulaire se déroulent tous, sauf peut-être celui que je n’ai pas encore lu, dans un triangle dont les pointes sont Paris, l’Extrême Orient, le Japon ou la Chine, et l’île d’Elbe) chargé d’une mission dont on ne sait pratiquement rien. Cette mission très mystérieuse s’accomplit avec deux protagonistes locaux qu’on dirait tout droit sortis d’un film de kung fu : un homme, genre garde du corps, plutôt belliqueux et une pin up enjôleuse mais ambiguë. L’action est elle aussi digne d’un film de ce genre : brutale, de plus en plus rapide, effrénée, jusqu’à une chute banale, confuse, mystérieuse, sans explication aucune. Le narrateur est éjecté de l’action et se réfugie vers Marie.

Marie, il en a été l’amant, elle est son aimant, ils sont séparés, elle lui confie une mission qui semble d’une grande importance, elle l’appelle, lui d’abord, quand son père décède brutalement, il court vers elle quand elle est dans le deuil. Il fuit, elle fuit, mais à chaque tournant, le courant qui relie les deux ex amants les ramène l’un vers l’autre sans pouvoir réellement les réunir. Dans « Fuir », l’auteur introduit la mort, la mort qui rapproche les deux protagonistes sans pouvoir les réunir, on comprend alors que c’est la mort qu’ils cherchent à fuir tous les deux en pensant qu’ils la fuiront plus facilement ensemble sans être pourtant unis par un lien quelconque.

Ce livre m’a paru un peu plus obscur que les deux autres du cycle que j’ai déjà lus, les explications fournies par l’auteur, à la fin de l’ouvrage, dans une interview accordée à son éditeur chinois, m’ont éclairé mais pas suffisamment pour que le livre soit devenu lumineux pour moi. L’écriture de Toussaint m’est certainement plus précieuse à la lecture du texte que les explications qu’il essaie de donner, une bonne partie du récit doit être en lui, il le dit, comme il dit qu’il a vécu les événements constituant le roman. J’aime son écriture même si certaines phrases semblent bien longues à certains, moi, je ne m’en rends même pas compte, je trouve que ce texte est très bien scandé, très bien rythmé, il suffit de se laisser glisser au fil du texte, les ruptures et les respirations arrivent toujours à points nommés pour que le lecteur ne s’essouffle pas. Je reste aussi très admiratif de cette façon de construire un roman dont le centre est excentré, le narrateur parle à la première personne mais il n’est pas le centre du roman qui reste Marie même si elle est parfois très loin de l’action, on sent toujours sa présence comme quand elle appelle le narrateur au moment où il va faire l’amour avec la belle Chinoise.

Débézed - Besançon - 76 ans - 8 septembre 2015


"Serait-ce jamais fini avec Marie ?" 10 étoiles

"Il faut attendre la page 134 pour avoir la certitude que ce livre traite, à travers les déplacements, du temps et de la mort" nous dit Kinbote dans sa critique. C'est un aspect que je n'avais pas relevé, mais à lire Kinbote ça explique bien la sorte de fascination que ce roman a exercé sur moi. Ce qui me fait penser que parfois, même si on ne voit pas consciemment ou l'auteur nous emmène, l'effet n'en est pas moindre.

Il y a aussi des nombreux passages où le mouvement semble figé, par exemple la moto engluée dans les phares du périphériques de Pékin, comme si le passage du temps n'était pas linéaire, un peu comme quand on se voit sur une photo ou qu'on se regarde dans une glace et qu'on réalise tout à coup qu'on a vieilli de quelques années.

Ce qui m'a plu dans ce roman, outre tout ce que les autres critiqueurs ont relevé, c'est l'incertitude qui est induite en permanence par le fait que le narrateur ne semble pas très fiable : ainsi son anxiété et son sentiment d'être épié par l'acolyte Chinois (mais dans un revirement que l'auteur a en secret, il change à un moment complètement d'avis et pense à une simple bienveillance). Il y a de longs passages aussi dans la dernière partie où l'histoire est racontée du point de vue de Marie, à tel point qu'on en viendrait à oublier que tout ça n'est jamais que le narrateur qui s'imagine et qu'il prête des sentiments à Marie. L'humour est bien présent aussi, ainsi la "visite" du palais impérial.

Tout ça rend ce livre aussi jubilatoire que le premier de sa tétralogie consacrée à Marie. Les personnages et les situations décrites sont esquissés de telle manière qu'on puisse se les approprier complètement, à tel point qu'un monde jaillit dans notre imaginaire. C'est très agréable.

Saule - Bruxelles - 58 ans - 26 janvier 2014


Suiveur inconsistant 4 étoiles

Ce court livre au passé simple dont les phrases font parfois, mais pas souvent, une demi-page est exempt de dialogue. Et c’est peu dire qu’il ne m’a pas accrochée, plusieurs scènes ayant un goût de déjà vu.

Le narrateur raconte son voyage en Chine à la demande d’une femme qui lui a confié une enveloppe remplie de billets à remettre à un contact. Les descriptions de son environnement, de son état intérieur qui effleure juste la surface des choses, de sa rencontre avec une jeune femme qui éveille enfin son intérêt pour quelque chose, d’une course poursuite improbable à moto liée à une supposée histoire de drogue ne m’ont pas emballée. Quant à la 3ème partie, si elle rompt avec cette tonalité sans relief, elle semble tout autant détachée du comportement commun des mortels.

IF-0114-4145

Isad - - - ans - 18 janvier 2014


Critique 7 étoiles

Fuir

J'ai aimé le livre car la carrière de cinéaste de l'auteur rend le style assez particulier. En effet, Jean-Philippe Toussaint écrit d'une manière qui facilite la lecture et donne une idée plus claire de l'histoire.

Le début accrocheur incite le lecteur à se plonger dans l'histoire et à la lire d'un trait. En effet, l'auteur plonge directement son héros dans l'action. Dès le début, on devine les évènements futurs.

Par contre, je n'ai pas aimé la fin du roman car celle-ci n'était pas digne de l'histoire. En effet, on ne se lasse pas de la lecture du récit quand, soudain, l'auteur clôture son livre par un évènement qui changera complètement l'avis du lecteur.

Setrak - - 27 ans - 18 novembre 2013


Pas emballé non plus... 5 étoiles

On ne peut pas dire que ce roman m'ait beaucoup plu. Je trouve qu'il part dans tous les sens et que la juxtaposition des genres fait qu'on n'y croit pas vraiment.
Rien de bien profond dans le genre introspectif où parfois, l'on n'est pas loin des clichés.
Et puis l'écriture que certains semblent aimer qui ne me touche pas. Je la trouve pesante avec ses accumulations de synonymes, voire agaçante avec cette manie presque systématique de détacher les pronoms relatifs des antécédents. Bref une écriture qui pour moi se regarde un peu trop, sans pour autant aller bien loin.
C'est le 3ème ouvrage que je lis de Toussaint, je crois que je vais m'arrêter là !

Cecezi - Bourg-en-Bresse - 43 ans - 1 mars 2012


Prix Medicis... 7 étoiles

Encore une fois, je me suis laissée prendre par la première de couverture qui annonçait en grands caractères Prix Medicis 2005. Malheureusement, cette fois j'ai été déçue. L'écriture est magnifique mais l'histoire est un peu trop légère et oscille entre thriller, roman d'amour, road movie et finalement nous nous égarons. Je le recommande toutefois pour les amoureux de la langue française qui y verront une écriture claire démontrant bien les changements d'humeur du protagoniste.

MEloVi - - 39 ans - 30 octobre 2011


Un road movie 7 étoiles

FUIR commence comme un récit de voyage, continue comme un roman policier et se poursuit comme un chassé-croisé amoureux .

Quel est alors le véritable sujet du roman ? Il me semble que le titre bref et sec rend bien compte de ce qui confère à l’ouvrage son unité : le thème du départ et de la fuite , décliné sous différentes formes .

Une fuite dans laquelle je me suis laissée embarquer sans déplaisir en raison , notamment , de l’écriture de Jean Philippe Toussaint

Alma - - - ans - 28 juillet 2010


Prix Médicis 8 étoiles

Comme chez Modiano, on apprend très peu sur les personnages de cette fuite en Chine où l’on rencontre l’inquiétant Zhang Xiangzhi et sa compagne mystérieuse, Li Qi. De même, lors des retrouvailles avec Marie - celle que le narrateur fuyait -, les non-dits prédominent. Il s’agit d’un roman construit d’abstrait pour évoquer des archétypes de sentiments. Malgré l’omission volontaire d’explications des motivations, j’ai beaucoup aimé ce voyage à l’aveugle, fasciné par la séquence des événements, le rythme et les endroits visités.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 19 juin 2008


Partagé 7 étoiles

Au contraire de Lig, j'ai préféré le précédent Toussaint, "Faire l'amour". `

Tout ce qui touche à l'histoire Marie / Narrateur / Li qi est formidable... Des images me restent encore en tête alors que je l'ai lu depuis plusieurs mois : la nuit dans le train, la fontaine où le narrateur essaie de cacher un objet particulier ...

Par contre, tout ce qui touche à la pseudo intrigue policière m'a profondément ennuyé, déçu. Quelle utilité dans le roman a cette embrouille autour d'un paquet de drogue qui n'en est peut être pas un mais qui laisse tout de même deviner des choses louches et qui les pousse à fuir et puis plouf, plus rien, le narrateur rentre en Europe !!!?? Je comprends bien que tout cela sert à poser une ambiance d'étrangeté, d'intemporel, que cela n'est que prétexte à certaines scènes, notamment la fuite sur le périph ... mais bon, ces éléments m'ont semblé être de trop, ou alors pas assez exploré, abandonné dès lors que l'auteur avait raconté ce qu'il voulait ...

Tophiv - Reignier (Fr) - 48 ans - 13 février 2007


La beauté des sentiments à l'état pur 10 étoiles

A mon avis, Fuir est plus touchant encore que Faire L'Amour, que pourtant j'avais trouvé Sublime. Oui, le style Toussaint tant apprécié est toujours là. Mais s'ajoute à lui une histoire plus émouvante, plus sensuelle encore que le précédent, plus belle.
On suit le narrateur dans ses sentiments, ses paniques et ses doutes.
L'épisode de Pékin est rythmé voire drôle par moments, comme ses réactions envers le chinois, qui soi-disant le surveille. Lui comme nous savons très bien qu'il n'en est rien, mais adhérons pourtant, comme lui, totalement à ses suppositions! Sa relation avec Li QI est très sensuelle.

S'ensuit ce sentiment de décalage dû au voyage, à cet état transitoire, "de suspension" que Toussaint décrit si bien.
Puis les obsèques, les retrouvailles avec Marie et surtout leur relation, si singulière, dont la suite que l'on connait déjà n'étonne donc pas.

Des scènes d'amour comme je n'ai encore jamais lu d'aussi belles.
Une écriture, malgré des phrases parfois excessivement longues, qui me scotche, qui me hante. Il me plonge dans son univers dont je ne peux m'échapper des heures durant.

Lig - Gouesnac'h - 40 ans - 12 février 2007


DECEVANT 1 étoiles

Malgré une très belle écriture (qui m'a aidé à progresser jusqu'à la fin du roman) je n'ai pas du tout aimé. Je n'ai pas capté l'intention de l'auteur et me suis parfois ennuyée. J'en attendais certainement trop...

Fleur783 - - 71 ans - 2 mai 2006


Déçue 4 étoiles

Comme Nounours j'ai été déçue par ce livre de belles phrases certes mais des répétitions du même mot comme cimetière ou eau , une quatrième de couverture qui ferait penser à un livre d'action mais non une suite de citations ampoulées sans grand intérêt mais je constate que certains ont été conquis moi pas.

Elfe - - 68 ans - 8 avril 2006


Le livre des fuites 10 étoiles

« C’était comme si ce voyage était la quintessence de tous les voyages de ma vie, des centaines d’heures passées dans des avions et dans des trains, dans des voitures et des bateaux, pour passer d’une terre à une autre, d’un pays à un autre, d’un continent à l’autre, où mon corps, immobile, se déplaçait dans l’espace, mais également, sans y paraître, de façon invisible et insidieuse, sournoise, continue, altérante et destructrice, dans le temps. »
Il faut attendre la page 134 pour avoir la certitude que ce livre traite, à travers les déplacements, du temps et de la mort. En fait, dès le début, quand l’hôte chinois du narrateur, lui offre un portable, il préfigure une disparition. Le narrateur finit par avouer sa phobie des téléphones, à fortiori portables.
« J’avais toujours plus ou moins su inconsciemment que cette peur du téléphone était liée à la mort. Car le portable est un de ces instruments modernes qui servent à nous « localiser, à surveiller nos déplacements, nous garder à l’oeil ».

On comprend mieux que le narrateur de ce livre énigmatique - dans le sens où de multiples questions restent sans réponse (que fiche le narrateur en Chine ?, que conspirent ses acolytes sur place ?) - n’aura de cesse de fuir pour éviter d’être localisé, donc parasité par le localisateur, mis hors d’état de fuir et de penser librement, à l'écart de toute source sonore. Et en utilisant quasi tous les modes de déplacement, des plus rapides (avion, train) aux plus lents (la marche à pied, la nage) en passant par les plus incongrus (la moto à trois, la marche à côté d’un cheval dans cette belle scène de lent convoi funéraire en bordure de mer).
Pour avoir bien lu les conclusions des travaux de Newton et d’Einstein (il aime égrener dans ses romans des bribes de théorie scientifique), Toussaint sait que plus on va vite moins on vieillit. Et que l’immobilité est toujours illusoire.
Mais le principal fuyant de ce récit, celui qui se soustrait à toute perception, ne serait-ce pas d’abord cette réel qui nous échappe en permanence, qui se donne pour proche alors qu’il est inatteignable.
« Je percevais le monde comme si j’étais en décalage horaire permanent, avec une légère distorsion dans l’ordre du réel, un écart, une entorse, une minuscule inadéquation fondamentale entre le monde pourtant familier qu’on a sous les yeux et la façon lointaine, vaporeuse et distanciée, dont on le perçoit. »

C’est donc par le portable que le narrateur apprend, dans le train Shangaï-Pékin, le décès du père de sa compagne au moment où il était sur le point de conclure une infidélité avec Li Qi, rencontrée sur place. Une autre fois, il perçoit dans l’appareil les cloches de l’église où a lieu la cérémonie des funérailles.
Les faits se déroulent sur le mode de l’inachèvement. La partie de bowling entreprise avec son contact chinois, dont l’enjeu fictif est Li, ne se termine pas et donne lieu à la scène de fuite proprement dite sans qu’on sache là encore quoi, pourquoi fuient les protagonistes. La fin de la partie ? La chute malencontreuse de la dernière boule?...

La plus beau moment du roman demeure pour moi celui qui fait se succéder à la marche du train chinois la narration de la fuite de Marie, l’amie du narrateur, dans le musée du Louvre dès lors qu’elle apprend la mort de son père. Comme si la vitesse du train dans la nuit induisait à distance la course à pied de la femme peinée qui veut accéder à la lumière du jour. Avec, en guise de lien entre les deux scènes, un accident, un être humain blessé, une coupure dans la continuité...
Cette fuite fait penser à la visite-éclair du musée du Louvre par les trois personnages (là aussi deux hommes et une femme) de « Bande à part » , le film de Godard. Ici, le narrateur derrière la moto conduite par Zhang Xiangzhi ne fera qu’entr’apercevoir la Cité interdite qu’il longe.
Cela n’est pas le seul élément de correspondance entre les deux univers ; sont communs les thèmes de l’inachèvement et du transitoire, de l’interférence dans les circuits de communication, de la vitesse...
Il faudrait encore souligner les jeux de lumière constamment rapportés, l’étroite attention portée à tous les éléments de la nature et qui donnent à cette lecture son côté intense et apaisant.
« En tout, la précision, le reste n’est que pathos »

Pour ce qui est du style, J.-P. Toussaint fait l’économie de nombreux signes de ponctuation : il n’utilise que la virgule et le point. Cela donne des phrases longues, parfois de deux ou trois pages, comme si les faits évoqués dans ces sections grammaticales étaient rendus fluides mais contenus, à l’image de cette mer méditerranéenne au large de l’île d’Elbe dont il rend compte par ces mots : « calme comme un lac (...) dans un ondoiement permanent de vaguelettes immobiles ».

Roman liquide, qui s'achève naturellement dans la mer, de nuit, par la nage et le partage des pleurs (qui font écho aux pleurs solitaires du narrateur dans l’air, penché à la fenêtre du train), en surface et en silence, dans une effusion généralisée qui ne donne plus cours à la localisation, hors de tout moyen de communication, car les portables ordinaires ne sont pas encore amphibies.
Il faut fuir les moyens de communication, semble nous dire ici Toussaint à son meilleur, car ils étouffent l’expression des sentiments, la circulation libre des affects, et, par là même, la production des oeuvres.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 29 janvier 2006


Lignes de fuite 9 étoiles

"Serait-ce jamais fini avec Marie ?" peut-on lire dès les premières lignes du dernier roman de Jean Philippe Toussaint. On peut se le demander vu que l'on retrouve encore une fois le couple en rupture de "Faire l'amour", son précédent roman, qui bien que paru avant "Fuir", en constitue le prolongement. L'été en Chine avant la rupture hivernale à Tokyo.
On voyage beaucoup avec Toussaint. Le narrateur prend le train Shangai-Pékin, fuit sur une petite moto, dans les rues lugubres de Pékin, chaussures de bowling au pied, accompagnés de deux étranges Chinois, vraisemblablement pourvoyeurs de drogue. Il prend l'avion pour rejoindre Paris, puis le bateau pour rejoindre Marie sur l'île d'Elbe, pour rejoindre l'enterrement de son père; dans une troisième partie infiniment belle. Là où "Faire l'amour", se voulait très statique, lent, analyse psychologique et intérieure d'une rupture à petit feu; "Fuir", au contraire, est marqué par la rapidité (sauf la troisième partie) et le déplacement. On retrouve encore chez Toussaint ce sens de l'image qui fait mouche, avec des descriptions d'une rare finesse. Il compose également des séquences quasi-cinématographiques : la fuite à moto donc, une partie de bowling interrompue, …. Sera-ce jamais fini avec Marie ?

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 28 janvier 2006


Ca commençait bien 6 étoiles

Oui, ça commençait bien. Au début on sent qu'il va se passer quelque chose, on entre tout de suite dans le sujet, le rythme de l'histoire nous tient en haleine, et puis... FLOP ! Après, des longueurs, des phrases interminables, on saute de la Chine (où on n'a pas très bien compris ce que le narrateur était allé faire) à l'île d'Elbe où il rejoint son amour qui enterre son père.
J'ai été déçue, peut-être n'ai-je pas tout compris ?

Nounours - FLEVILLE DVT NANCY - 58 ans - 1 janvier 2006