Et quand le rideau tombe
de Juan Goytisolo

critiqué par Sahkti, le 18 novembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Les souvenirs s'en vont
"L'oubli était le véritable Dieu!"

Trio de la mémoire dans ce récit de Goytisolo. Une femme qui est morte et dont l'absence se fait sentir. Un homme, son mari devenu veuf, qui raconte et explore le territoire des souvenirs. Puis son écho, autre homme qui n'est en fait que lui-même se faisant miroir, interrogeant et dérangeant les certitudes. Le narrateur entre dans ce qu'on appelle pudiquement la vieillesse, tournant irréversible dont il a conscience. Il y pense, se souvient, rit ou regrette, tente de raviver le flot des souvenirs, mais ceux-ci auraient tendance, eux aussi, à devenir vieux. Il essaie avec force de se raccrocher à sa femme, mais voilà, elle est partie, emportant avec elle une partie de la mémoire du couple.

Juan Goytisolo parle de lui, de la femme qui a traversé sa vie alors que lui n'était pas là. Couple étrange et complice auquel l'écrivain rend ici un bel hommage, sobre et respectueux. Il y a de la violence sous la plume de Goytisolo, comme si il écrivait avec son sang et ses larmes. Une vie qui s'en va et à laquelle on s'accroche plus que tout. Beau.