Un chien dans un jeu de flics
de Joseph Wambaugh

critiqué par Sibylline, le 16 novembre 2005
(Normandie - 73 ans)


La note:  étoiles
Chienchien à sa mémère
Il faut savoir que cette histoire fait référence au monde tout de même assez particulier des chiens de concours. Je crois qu’il peut y avoir un léger problème de compréhension lié au fait que la plupart des gens ont pas mal d’idées toutes faites sur ce microcosme et qu’ils vont avoir tendance à les plaquer sur cette histoire. C’est un peu dommage, mais, ceci étant dit, surtout si l’on se méfie de ce travers, il n’y a pas là obstacle suffisant pour ne pas en apprécier la qualité. Ce n’est que l’arrière plan.
Le titre de cette critique, en fait est une espèce de blague, loin du chienchien à sa mémère (tout à fait estimable également), il s’agit ici du chien d’exposition, du champion, une sorte de rêve de perfection esthétique dans le vivant… C’est ça, le chien de concours de beauté, comprendra qui peut. En tout cas, Philo Skinner le comprend fort bien, lui et aux yeux de ce handler* en bout de course, cela est sans prix, ou alors, si, celui d’une rançon fort élevée. C’est ainsi que lui vient l’idée, quand sa vie de pauvre type part en vrille, d’essayer de tirer partie de ce qui à ses yeux a de la valeur… mais la valeur, qu’est-ce ?
L’argent ? La vie ? Les chiens ? Les hommes ? La beauté ? La folie ? Comme on atteint vite les limites de toutes ces notions. Surtout ici.

James Ellroy et Michael Connelly se sont référé à Joseph Wambaugh pour ce qui est de leur création de personnages de flics. En effet, Wambaugh avant eux s’est particulièrement intéressé à ce que pouvait devenir la personnalité d’un homme faisant ce métier et se trouvant confronté à ce qu’il peut avoir de terriblement dépréciateur quant à la nature humaine.
Ici, avec Valnikov, inspecteur très russe, très vodka, très usé par le métier et très humaniste, Wambaugh arrive presque aux limites de l’exercice, aussi ne dédaigne-t-il pas d’esquiver parfois par l’humour, la « politesse du désespoir ». Ce «Chien dans un jeu de Flic» est un de mes romans de Wambaugh préférés, pour ce ton un peu décalé, ce regard ironique, cette liberté et cette immense compréhension de l’humain. Tout comme est à noter et admirer l’épaisseur psychologique de tous les personnages, les bons comme les méchants et jusqu’aux «petits rôles». C’est cela aussi qui fait un bon, très bon, roman.
5 étoiles polar
Les livres de Wambaugh ne sont pas, ou peu réédités. Cherchez les chez les soldeurs, achetez les sans hésiter pendant que vous le pouvez, vous ne le regretterez pas.

PS : Pour les lecteurs intéressés par le monde des expositions canines, celles dont il est question dans ce roman se passent aux Etats-Unis. Celles qui ont lieu en France ne sont pas du tout organisées de la même façon.

* handler : Personne chargée de présenter un chien aux juges dans les expositions et concours de beauté.