Un bonheur insoutenable
de Ira Levin

critiqué par Arundhati, le 13 novembre 2005
( - 62 ans)


La note:  étoiles
S'il faut choisir bonheur ou liberté
Ira Levin, plus connu pour avoir écrit "Rosemary's baby" dont est tiré le célèbre film de Roman Polanski, s'est attaqué à bien des genres différents. Il signe ici un roman d'anticipation à la fois classique et original.
Copeau, de son vrai nom Li RM35M4419 est un jeune garçon comme les autres, bien intégré dans le monde parfait d'Uni, l'ordinateur central qui dirige les destinées de la planète entière.
Presque comme les autres en fait, si ce n'étaient un œil vairon et un grand-père un peu original qui a participé à la construction d'Uni.
Dans ce monde aseptisé et uniformisé, Copeau va accepter puis cultiver sa différence pour essayer de prendre en main sa destinée.
Moins manichéen qu'il n'y parait au premier abord (et que ne pourrait le laisser croire le titre français, bizarrement traduit du titre américain : "This perfect day") ce roman achevé en 1969 se situe dans un futur relativement éloigné. Il décrit un totalitarisme qui se veut bienveillant, et reflète des interrogations très présentes à la fin des années soixante. Il garde pourtant une grande modernité, si l'on considère que depuis la cote de popularité du libre arbitre n'a finalement pas fait tant de progrès que cela, et que le monde actuel reste un monde d'idéologies, plus masquées et pernicieuses qu'alors, mais tout aussi aliénantes.
Ecrit dans un style fluide, presque naïf, il est dans la lignée d'autres romans du genre plus célèbres comme "L'âge de cristal" de Johnson Nolan ou "Demain les chiens" de Clifford D. Simak.
Un livre à découvrir, tant pour les amateurs de SF que pour les autres.
Réédité chez J'ai lu en 2003 (ISBN 2290332852).
Anti-utopie 7 étoiles

La paix partout
(grâce à des drogues et au contrôle total des médias)
La fin des frontières
(les peuples gouvernés par un ordinateur géant)
le bonheur jusqu'à soixante ans
(la population régulée par l'euthanasie)
la fin de la violence, la fin de la haine
(mais aussi la fin de l'art et des sentiments)
Des îles prisons pour les irréductibles qui y sont libres
(comme des animaux dans un zoo)
Mais le tout imposé donc insoutenable.

Pourquoi lis-tu ?
On me posait cette question, ce livre offre une réponse plus détaillée que celle que je pourrais donner, un peu comme "le Meilleur des mondes" mais sur un mode mineur. Dans cette uchronie, description d'un présent alternatif, un ordinateur doté d'un réseau mondial contrôle le quotidien de l'humanité entière par des injections de calmants, un "suivi" de psychologues et chacun à sa place selon son utilité sociale. Ce que ce livre propose, c'est l'application d'une utopie, tout le monde y est heureux, il n'y a plus de guerres ni de violences. Mais il n'y a plus de liberté non plus, c'est-à-dire l'essentiel.
Le héros de ce livre, déjà hors-norme par son physique (il a les yeux vairons) commence son apprentissage de la liberté par la lecture et la contemplation d'oeuvres d'art, considérées comme dangereuses car éloignant de la communauté, de la fourmilière. Il découvre que l'on peut penser par soi-même et changer les choses et que le bonheur est insoutenable quand il est imposé même quand il abolit la violence et la haine.

AmauryWatremez - Evreux - 54 ans - 3 mai 2013


Un bonheur insoutenable 8 étoiles

C'est bien comme livre d'anticipation et je l'ai trouvé un peu plus positif que 1984 de George Orwell. Ça reste quand même dans la même veine. C'est un livre que je recommande à tous les amateurs de ce genre de science-fiction.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 21 août 2012


Un futur insoutenable ! Mais quel bonheur... 9 étoiles

Un Bonheur Insoutenable est paru en 1970, comme dans Fahrenheit 451 (et peut être même plus encore) l’humanité a été formatée pour n’être qu’un ramassis de moutons qui vivent leur vie sans se poser de question, si chez Bradbury le livre était l’ennemi ici c’est le libre arbitre mais finalement ça revient plus ou moins au même, l’objectif final étant la pensée unique. C’est plutôt intéressant de constater que si les “révoltés” sont tous d’accord pour condamner le système et UniOrd, peu nombreux sont ceux qui ont le courage de quitter leur petit confort douillet et de réellement changer les choses ; comme souvent on trouve une large majorité de “brasseurs d’air” pour une poignée de véritables acteurs du changement. A quoi bon se rebeller contre un système si ce n’est pour le détruire ou au moins essayer de le changer ?

Amnezik - Noumea - 56 ans - 14 août 2012


un bonheur finalement soutenable 6 étoiles

Ce livre m'avait emballé , je l'ai lu, et relu, j'étais Copeau !
puis j'ai lu depuis " le meilleur des mondes " d'aldous Huxley..je vibrais avec Bernard !
Ira Levin a bien pompé quand même.. Notre Ford est devenu Uni, Copeau comme Bernard vont refuser ce monde parfait.
Le style a évolué avec les années : Huxley 1930, Levin 1970, les auteurs n’écrivent plus de la même façon, et les traducteurs idem ! Le style est plus léger et agréable.

néanmoins le bonheur que m'avait procuré Ira Levin me paraît maintenant plus que soutenable, et j'attends , dans quelques années, les aventures ... de Bernard Copeau !?

Krapouto - Angouleme Charente - 78 ans - 30 octobre 2011


Révolution 10 étoiles

De vrais personnages en chair et en os et pas de sombres clichés et truismes destinés à des lecteurs victimes de brainwashing, une narration dramatique qu'on taira pour ceux qui n'ont pas lu le livre, et enfin un point de vue original sur la société: Menons-nous notre vie de manière futile, en laissant au final les autres décider pour nous pour tout ce qui compte vraiment ?

Et puis l'intéressant étant que ce livre jamais adapté au cinéma de Ira Levin reste donc inédit, on prend plaisir de par, effectivement, son style fluide, et sa vision d'un totalitarisme bienveillant joint à une profonde réflexion sur le couple, qui de toute façon éveillera l'intérêt de qui est plus ou moins concerné.

Antihuman - Paris - 41 ans - 10 octobre 2011