La guérison du coeur
de Guy Corneau

critiqué par Saule, le 11 novembre 2005
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Le sens de nos souffrances
Le regard que l’on porte sur la souffrance est important car ce regard, et en fait le regard qu’on porte sur tout ce qui nous arrive, peut changer notre vie. Dans cet ouvrage le lecteur trouvera la réflexion d’un psychologue jungien, Guy Corneau, sur ce sujet. Il ne s’agit pas de glorifier la souffrance mais bien de comprendre que nos souffrances sont l’occasion de pénétrer en nous et d’y laisser entrer la lumière. Comme le chante Leonard Cohen (un chanteur fétiche pour moi) dans Anthem : « There is a crack in everything, that’s where the light come in » (« Il y a une fissure dans chaque chose, c’est par là qu’entre la lumière », album More Best of).

L'auteur raconte d'abords son expérience : gravement malade, il a traversé une période de grandes souffrances et est passé très près de la mort. A ce moment même il a fait une expérience 'mystique' de complétude et de fusion avec l'univers. Ensuite il se base sur la psychologie analytique, utilisant les concepts de synchronicité (qui explique "les coïncidences significatives"), d’ombre et du Soi, pour développer une certaine philosophie de vie dans laquelle rien de ce qui nous arrive n'est fortuit : tout a un sens et correspond à notre destin. On trouve aussi des conseils intéressants sur les bienfaits de l’imagination et de l’expression, l’auto guérison, l’importance de la vie intérieure.

Finalement l’auteur exprime la même chose que la religion, c’est même frappant, mais pour le croyant l’impact du symbolisme chrétien (ou bouddhiste,..) est bien plus fort. Ainsi je pense à une jeune carmélite de 24 ans qui écrivait peu avant de mourir de tuberculose : « La souffrance est mon ciel ici bas » (Sainte Thérèse de Lisieux). Ou encore à Edith Stein « Qui appartient au Christ doit partager Sa vie en totalité... Il doit au moins une fois s'engager sur le chemin de la Croix, vers Gethsémani et le Golgotha » : remplacez le Christ par le Soi et on retrouve Corneau. Dostoïevski, lui, exprime cela avec une puissance incomparable lorsqu’il fait dire à un de ses personnages : « Dans une situation confortable, dans la richesse, probablement n’auriez-vous rien vu des malheurs humains. Dieu envoie à celui qu’Il aime et en qui Il espère, mille malheurs pour qu’il en ait une expérience personnelle et développe une plus grande connaissance, car on voit mieux la douleur humaine quand on souffre que quand on est heureux ».