Le sang violet de l'améthyste
de Louis Calaferte

critiqué par Kinbote, le 31 octobre 2005
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
L'addition des solitudes
Carnet de notes dont on peine à les rapporter à un parcours, à savoir à quoi ou à qui elles font référence. Peu importe donc l’identité de ces notes, même si elles ne sont ni tout à fait de la prose ni tout à fait de la poésie, quelque chose entre la notation brève et le croquis poétique. On retrouve à intervalles réguliers des points communs tels Venise, Londres, la mer, des paroles prêtées à Polyphème, une quête de l’identité personnelle et de l’être aimé, souvent vu sous l’angle du désir. Pour les aficionados de ce grand écrivain dont ce livre constitue certainement un des ultimes témoignages.
Quelques perles...

Les choses ne meurent pas d’avoir été, mais de n’avoir pas été poursuivies.

Quel est celui qui, sur tes autres bords, également au même instant se penche, te soustrayant cette poignée d’eau ?

En marchant de son pas glissant , elle se frotte aux murs chauds des arcades.
- Je fais l’amour à des passés de pierres.

Je ne puis réfléchir avec ce qui n’est pas moi.

Je suis mieux seul, car lorsque je suis seul, je suis avec Dieu (Vassili Rozanov).

Il faut compter en solitudes additionnées.

Né à ce monde pour croiser quels autres destins ? -
Pour délivrer
Elever
Eclairer
Combler
Encombrer
Qui ?
Né à ce monde à peine pour moi-même.

J’identifie pour me défaire.

Inaccomplis, les faits ne laissent après eux que brûlure.

Polyphème dit :
- Ce regard, que je ne puis poser sur moi.

J’aimais l’une de tes culottes, d’un jaune soufre, à la large échancrure, qui laissait dans tes déplacements entr’apercevoir ton sexe.

Tout n’est que perspective d’écriture.

Je ne suis pas acceptation, mais crise angoissée.

Forêt des enfouissements – source des réveils.

Un oiseau, un bruit, une porte qui se ferme, une voix qui appelle – ensemble familier qui n’est rien que parce que je m’y trouve provisoirement incorporé – mais où est MOI ?

Légèreté – soupir de l’esprit.

Dans l’obscurité du petit balcon, forme secrètement mouvante, elle quitte un à un ses vêtements.
Nudité proche.
Etourdissante présence du nu.
Gélification de l’émoi.
Elle est cette impudence à demi dissimulée par la nuit.
Debout, livrée, audacieuse, frêle d’hésitation.
Elle est combat muet entre abandon et réticence.
Silhouette trop blanche.
Prête à tous les feux destructeurs.
Malgré sa jeunesse extrême, un passé à tout jamais la prive des clartés de l’innocence.
Elle est du côté des ténèbres.