La nébuleuse d'Andromède
de Ivan Antonovič Efremov

critiqué par Arundhati, le 31 octobre 2005
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Un monument oublié de la SF moderne
Ce livre apparemment édité une seule fois en France en 1970 en introduction à la collection "Chefs d'œuvre de la science-fiction" dirigée par Jacques Bergier (Editions Rencontre), a pourtant connu à sa sortie en 1959 un immense succès en URSS, puis dans le monde entier : il a été traduit en 26 langues.
C'est un exemple de science-fiction dite "classique", représentatif de ce qu'on devait appeler un peu plus tard la hard-science.
On sent à chaque page la patte du scientifique (Efremov était géologue), comme par exemple dans les ouvrages de Stanislas Lem, mathématicien connu notamment pour "Solaris" ou d'Arthur C. Clarke, l'auteur de "2001, odysée de l'espace". Les références astronomiques sont rigoureuses, et les allusions à des technologies imaginées reposent sur des pistes parfaitement vraisemblables.
L'histoire a peu d'importance, les aventures du vaisseau "la Tantra" étant davantage prétexte à présenter une vision d'un monde futur idéalisé que de divertir par les exploits de héros improbables. On est donc bien loin de l'Heroic-Fantasy et de ses légendes.
Par contre, l'idéologie est au cœur de l'ouvrage, Efremov s'inscrivant dans une littérature soviétique admise et même encouragée par le pouvoir de l'époque. Ce côté démonstratif pourra agacer, mais on ne peut nier qu'il y ait de la part de l'auteur une grande sincérité, parfois un peu naïve.
Le bonheur par le progrès, la tolérance entre les peuples, l'accomplissement par le travail, la mise en valeur du caractère social de l'être humain contre son individualisme, autant d'idées passablement datées aujourd'hui et qui peuvent faire sourire, maintenant que l'idéal socialiste des pays de l'Est s'est éteint.
Pourtant, si on fait l'effort de rentrer dans l'univers d'Efremov, on y trouvera une véritable mine de réflexions et d'interrogations sur la science moderne et sur les modèles sociaux si facilement admis en Occident.
Ce n'est sans doute pas l'entrée idéale pour prendre contact avec la SF, le coté un peu aride pouvant rebuter les profanes ; pour autant, cela reste accessible, pas besoin d'être un spécialiste et de connaître les codes de la hard-science actuelle. C'est en tout cas pour les amateurs du genre un roman incontournable qui montre que la SF a sa place dans la littérature moderne et qu'elle peut être autre chose qu'une mythologie du futur.