Crépuscule
de Susan Minot

critiqué par Aria, le 27 octobre 2005
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Se souvenir d'un amour fou
Ann Lord a 65 ans. C’est l’été dans le Maine. Un été chaud qu’elle vit recluse dans sa chambre, rongée par un cancer qui lui cause d’immenses souffrances.
« Combien de temps » demande-t-elle à son médecin. « Disons que tu ne verras pas les feuilles jaunir cette année », dit-il.
Ann vit ses derniers instants accompagnée par une infirmière. Ses enfants sont là, impuissants devant la douleur de leur mère, avec laquelle ils ont du mal à communiquer. Ses nombreux amis passent, envoient des fleurs, des cartes de vœux. C’est une femme qui a compté pour son entourage.

Ann a eu une existence confortable, une vie bien remplie : trois mariages, cinq enfants. Mais, tandis qu’elle se repasse le film de sa vie, ce qui remonte inlassablement à sa mémoire, ce sont ces trois jours, lorsqu ‘elle avait 25 ans, où, lors du mariage de sa meilleure amie, elle a rencontré Harris Arden, jeune médecin de Chicago.
Nous avons là une merveilleuse description du coup de foudre, « love at first sight », l’expression anglaise est là plus exacte.
Raconté ainsi, ce livre peut ressembler à un roman de la collection Harlequin.
Or, il est tout sauf ça.

Susan Minot a trouvé pour ce livre un mode de narration bien particulier : au début les séquences souvenir/vie présente sont bien séparés, de même que le récit de la montée de la passion entre Ann et Harris est séparé de la narration des autres moments forts de sa vie ou des images qui lui reviennent.
Mais au fil des jours puis des heures, la douleur et les injections de morphine rendent ses pensées plus confuses. Et le style devient haletant.
Les phrases sans ponctuation sont de plus en plus longues. Puis tout se mélange : sensations du moment présent, hallucinations, souvenirs passés….elle revisite des lieux connus…et la mer est là, où elle aimerait se fondre.

Toutes les émotions sont présentes. Ann a connu la vie, le plaisir, le chagrin, l’amitié, l’amour, la mort tragique.
Un roman tout simplement magnifique.
Un conseil à ceux qui lisent l’anglais : la VO m’a semblé plus forte.