Au loin de Hernán Díaz

Au loin de Hernán Díaz
(In the distance)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Frunny, le 22 janvier 2021 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 883ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 3 805 

A poor lonesome Cow-boy !

Hernán Díaz (1973- ) est un romancier américain né en Argentine.
Au loin ("In the distance") est un premier roman, finaliste du Prix Pulitzer.

Hakan et son frère Linus sont 2 jeunes paysans pauvres et illettrés vivant en Suède.
Comme des milliers de jeunes européens dans les années 1850, leurs parents décident de les envoyer en Amérique, la "Terre des possibles". Direction New York.
A Portsmouth (Angleterre) , les 2 frères sont séparés, Hakan embarque dans le premier bateau venu et débarque à ... San Francisco.
A partir de là, un seul objectif l'habite; traverser le pays d'Ouest en Est pour retrouver son frère à New York.
Débute alors un périple immense qui se transforme progressivement en la nécessité de subsister au plus profond de sa solitude.
Illettré, ne parlant pas la langue et méconnaissant la géographie du pays-continent, Hakan va effectuer quelques rencontres singulières aussi enrichissantes que dangereuses.
La violence est omniprésente et c'est la solitude extrême qu'il va rechercher pour poursuivre sa quête.

Un western initiatique, une aventure solitaire mais avant tout une incroyable introspection.
1850, la conquête de l'Ouest, les pionniers et les prospecteurs d'or.
La recherche du bonheur est à l'Ouest et Hakan est à contre-courant. Il croise ces idéaux et se terre dans la solitude.

J'ai été très agréablement surpris par ce roman, ce "faux western" qui utilise les codes du genre pour mieux les mettre en pièces.
C'est de Solitude dont il est question dans ce roman, à la fin époustouflante et émouvante.
Un très agréable moment de lecture !

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Western à l’envers

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 13 mars 2021

Go West ! qu’ils disaient, Go West. La ruée vers l’Ouest, un préalable à l’épopée américaine, un « sens » de l’Histoire.
Hernan Diaz, américain comme son nom ne l’indique pas forcément (il est né en Argentine), prend le problème à rebours et ne se montre pas trop sympathique avec son héros, Hakan, suédois, qui sera connu aux USA sous le nom de « The Hawk » (« the Hawk », ce qui ressemble le plus à Hakan lorsque celui-ci, qui ne parlait pas l’anglais, donnait son nom aux Américains).
Hakan Söderström est né en Suède vers les années 1850, dans une famille (très) pauvre, où la famine est tant soit peu l’unique avenir raisonnable. Suite à un coup du sort qui aggrave encore leur situation, les parents d’Hakan et de son frère aîné, Linus, décident de réunir de maigres économies et de leur donner une chance raisonnable de vivre. Ils les envoient seuls tenter leur chance à l’émigration vers New York.
Voyage des deux frères pour Portsmouth en Angleterre pour y prendre le bateau qui les emmènera vers la Terre Promise ; New York. Là, près du port, les deux frères sont séparés par la foule, se perdent de vue et Hakan, le plus jeune, va embarquer sur le premier bateau qui se présentera pour partir vers « Amerika ». Oui, il ne parle pas l’anglais, Hakan.
Pas de chance, si le bateau part bien pour l’Amérique, c’est pour San Francisco, côte ouest sur le Pacifique et non pas pour « Nujark », comme le dit Hakan, New York.
Exit Linus, le frère, voici donc Hakan lancé en solo à … on ne connait pas trop son âge mais on imagine 15 – 16 ans … la découverte d’un Nouveau Monde, sans en parler la langue, un Nouveau Monde totalement polarisé côte ouest sur la découverte, et partant, la recherche de l’or. Il a été pris en charge sur le bateau par une famille irlandaise immigrant en Californie pour y chercher de l’or, c’est avec cette famille qu’il entamera son périple américain, comme chercheur d’or.
Mais Hakan n’a bien sûr qu’une idée en tête, piquer droit vers l’Est pour … retrouver son frère à « Nujark ».
Et Hernan Diaz va dérouler tous les ingrédients qu’on peut trouver dans les « Western », va faire faire des bouts de route ou provoquer des confrontations avec : une tenancière de saloon-bordel, avec des bandits de grands chemins, des prédicateurs, des guérisseurs en chariot charlatans ou non, des indiens, … et puis le désert. Le repli sur soi, la fuite d’un monde qu’il n’a jamais vraiment appréhendé et qui ne l’a jamais intégré …
C’est une déconstruction du mythe du « Western » qui nous est proposée là, avec un géant asocialisé en tête de gondole. Un géant dont la légende a grossi malgré lui. « The Hawk » est reconnu, recherché, poursuivi, et lui va survivre à l’écart du monde.
On a l’impression que la dernière partie du roman s’étire dans le temps de manière « longuette », avec des répétitions, des redites, oui, la fin est moins tranchante que le début. Ca reste un roman plein d’originalités.

La légende du "Hawk"

6 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 12 février 2021

Comme le dit Frunny, Hernan Diaz a sans doute pensé son roman en partie comme un faux western, voire même comme un anti-western : en ce sens c’est même plutôt un Eastern si j’ose dire ! Hakan, le personnage principal, contrairement aux migrants de l’époque, cherche en effet à se rendre à l’Est des États-Unis ! Néanmoins on a l’impression que l’auteur s’incline devant « la Marche de l’Histoire » car Hakan, toujours, sera ramené par les vents et les marées vers l'Ouest, que ce soit d'ailleurs l'Ouest américain ou un autre...

Étrange personnage que ce Hakan à vrai dire, taciturne, semblant subir les aléas du destin, et finalement se complaisant dans une sorte d’attente monastique où il va se confondre doucement avec la Nature sauvage de l’Amérique. À la fin du roman, où il est décrit avec sa taille extraordinaire et son côté Homme des bois, je me suis même demandé si on n’allait pas nous révéler qu’il était en fait un « Big Foot » ou plutôt un Troll puisqu’il est originaire de Suède !

Si je ne peux pas nier que le roman est très riche et bien écrit, je dois dire que n’y ai pas trouvé totalement mon compte. Je n’ai pas réussi à adhérer à la tournure que prenait l’histoire. Hernan Diaz refuse par exemple délibérément le ton de l’épopée : Hakan fuit ses exploits, il passe un très long temps à se cacher, ce qui m’a je l’avoue frustré vu le potentiel du personnage et la légende qui se construit autour de lui. Il y a en outre très peu de dialogue, ce qui donne certes un récit dense mais parfois un peu long à mon goût, en particulier quand il ne se passe pas grand-chose. J’ai eu alors l’impression que l’histoire tournait en rond, comme le périple d’Hakan d’ailleurs… Je vous avoue donc que, arrivé à la fin du livre, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire, un peu déçu : « tout ça pour ça... »

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  Un copier-coller ? 12 Fanou03 4 octobre 2021 @ 09:53

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