Un fils en or de Shilpi Somaya Gowda

Un fils en or de Shilpi Somaya Gowda
(The golden son)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Killing79, le 22 février 2017 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 250ème position).
Visites : 8 907 

Choc des cultures

Présentation de l'éditeur
Anil est un jeune Indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part faire son internat aux Etats-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d'une union prestigieuse. Or, depuis qu'il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d'un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l'éloigner, en la mariant au plus vite. Les destins croisés d'Anil et de Leena forment la trame de ce roman, lui en Amérique, qui est loin d'être le paradis dont il rêvait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. Ils se reverront un jour, chacun prêt à prendre sa vie en main. Mais auront-ils droit au bonheur ?


Mon avis: J’avais juste entrevu quelques bonnes critiques de ce roman sur la blogosphère lorsqu’il a atterri en mes mains. Je ne savais vraiment pas quoi attendre de cette expérience indienne. Mais dès les premières pages, j’ai vite été rassuré.

Plus qu’un pays, c’est une culture qui est décortiquée tout au long de ce livre. On va découvrir le mode de fonctionnement de ces contrées très éloignées de nos standards européens. Dans les coutumes indiennes, tout doit être fait selon certaines règles, souvent strictes. Le personnage principal, expatrié en Amérique, va alors faire le constat des différences qui peuvent exister entre les deux mondes. Mariages arrangés, violences conjugales, jugements hâtifs d’un côté du globe et racisme ordinaire, ambitions exacerbées de l’autre côté.

Cette aventure pose aussi la question de la migration des peuples. Même après plusieurs années, installé aux États-Unis, « pays de la liberté » (j’ai mis des guillemets !), Anil ne se sent pas chez lui. Son quotidien médical et occidental, qui fait la part belle à la compétition, le rappelle toujours à sa différence et sa condition d’étranger. Et quand il rentre à la maison familiale avec son œil neuf, il constate les incohérences et la violence de sa patrie natale. Sans être jamais complètement intégré dans son pays d’accueil, il s’éloigne aussi significativement de sa terre d’origine. Cette sensation est d’ailleurs bien résumée page 328: « Il habitait deux pays mais n’était accepté par aucun »… Étranger dans l’un, touriste dans l’autre !

Dans la même veine qu’ « Americanah » de Chimamanda Ngozi Adichie, mais un peu plus efficace et moins longuet, j’ai eu un coup de cœur pour ce livre de Shilpi Somaya Gowda. Elle a su, grâce à ce texte débordant d’humanité, mettre en exergue le poids des traditions omniprésentes dans les communautés. Avec beaucoup de tendresse et de subtilité, elle m’a sorti de mon quotidien assez libre en somme, afin d’ouvrir mon esprit sur d’autres cultures insoupçonnées.

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En Inde, rien ne change pas !

8 étoiles

Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 69 ans) - 22 août 2021

Mariage arrangé et triste avenir pour la fille versus études supérieures offertes au garçon aux USA.

Voici le cadre de cette histoire agréable à lire. On l'aura compris, Anil, est le fils aîné bien-aimé sur lequel repose la fierté de la famille et Leena son amie d'enfance qui devient l'objet, l'esclave de sa belle-famille.

Malgré tout, j'ai eu du mal à entrer dans cette histoire au début car j'avais lu autrefois LE JEUNE ET LE FESTIN d'Anita Desai qui traitait du même sujet et ce dernier livre m'avait énormément plu. Mais le roman de Shilpi SOMAYA GOWDA est tout aussi intéressant et instructif. À conseiller.

Gentillet

5 étoiles

Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 48 ans) - 25 juillet 2021

Ce roman n'a pas été déplaisant à lire, on s'y retrouve parfaitement dans la galerie des personnages, l'écriture est particulièrement facile à lire, mais du coup manque cruellement de finesse.

Le roman souffre d'un manque de profondeur. Un pays comme l'Inde mérite une histoire à sa mesure. Moi qui y suis allée 2 fois, je n'ai pas du tout retrouvé les senteurs, les couleurs, la beauté tout autant que la pauvreté que j'y ai vues.

De plus les sentiments des personnages frôlent le mièvre et les bons sentiments.

Si l'émotion affleure parfois au cours du roman, elle ne sauvera pas cette lecture d'un oubli total dans peu de temps...

Deux destinées indiennes

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 27 juillet 2019

Petite mise au point tout d’abord, parce que la chose m’a surpris ; Shilpi Somaya Gowda est une femme. Je ne sais pourquoi, avant de lire le roman je m’étais dit que c’était un homme ?
Un fils en or est un roman narratif. Très narratif. Certains romans n’ont rien à raconter et se regardent le nombril, d’autres racontent une histoire, et seulement une histoire. Bien sûr, le bon équilibre combine les deux ; une histoire à raconter et … un nombril à regarder ! Un fils en or relève donc de la seconde catégorie. Shilpi Somaya Gowda nous raconte une histoire prenante mais j’ai eu le sentiment qu’elle restait trop dans le fil de l’histoire. Trop linéaire, attendue aussi.
Le fond m’a remis en mémoire un roman beaucoup lu à l’époque où ma mère me l’avait mis entre les mains, années 70, Les hommes en blanc, d’André Soubiran. Normal, il s’agit d’une histoire de médecin, de formation de médecin via l’internat, c’est-à-dire une bonne partie de l’histoire racontée dans ce roman.
Une bonne partie mais pas toute l’histoire. Car en fait, et c’est particulièrement vrai pour les lecteurs occidentaux que nous sommes pour qui l’Inde reste un « continent » chargé de mystères (à juste titre), l’histoire d’Anil quittant le Gujarat pour finir sa formation de médecine à Dallas (Texas) se double d’un récit sur le choc des cultures. Le médecin qui se formait dans Les hommes en blanc quittait Toulouse pour étudier à Paris, Anil Patel quitte l’Université d’Allahabad pour celle de Dallas. L’Inde éternelle et mendiante sublime pour un Texas racoleur et désincarné. On en conviendra, les enjeux ne sont pas les mêmes. Pour autant, Shilpi Somaya Gowda aurait pu prendre davantage de recul par rapport à l’histoire proprement dite et creuser davantage le fond, je pense.
Anil Patel, fils aîné d’un fermier relativement influent et prospère dans sa petite sphère rurale dans l’Etat du Gujarat, montre tôt des dispositions pour les études. Son père, qui est aussi le médiateur local pour les litiges privés, l’encourage plutôt à tenter de devenir médecin que de suivre ses traces de fermier. Brillant, il décroche une bourse d’études pour terminer ses études de médecine à Dallas.
Le choc sociétal est parfaitement exploité par l’auteure, du vrai velours. Il faut dire, il y a de quoi faire !
Parallèlement Leena, son amie d’enfance dont il était vaguement amoureux mais dont les convenances faisaient qu’il ne pouvait aller plus loin avec elle (elle est la fille d’un subalterne du père d’Anil et les classes et les castes ne sont pas de vains mots en Inde. Ni de vains maux d’ailleurs !), se retrouve à devoir épouser un homme choisi par ses parents qui se sont saignés aux quatre veines pour lui fournir une dot. Mariage arrangé et drame total puisque l’homme en question est un escroc au mariage qui épouse pour la dot et exploite la femme. Et là c’est le drame des femmes en Inde et des dots qui est parfaitement exploité par l’auteure.
Les deux histoires vont finir par reconverger (nous sommes dans un roman !) pour unifier le tout. Un tantinet « happy end » au final, l’histoire finit par laisser un goût trop sucré dans la mémoire quand on referme le roman. Dommage. L’Inde ne se prête pas particulièrement aux « happy ends ». Le Texas non plus d’ailleurs …

Roman sympathique mais sans grand intérêt

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 2 juin 2019

L'intérêt principal de ce roman, outre le fait que c'est un bon divertissement, c'est de nous éclairer sur ce que vivent ces indiens qu'on croise souvent dans les sociétés d'informatique ou dans le domaine financier de nos pays occidentaux. C'est pour eux un choc culturel et ils ne se mélangent pas du tout à la population du pays dans lequel ils viennent travailler (souvent pour une période limitée). Le roman se passe en bonne partie dans un hôpital américain et on voit comment les étudiants sont pressurés au point de négliger complètement le sommeil (ce qui est stupide, mais ça n'a rien à voir avec le livre).

Ce n'est certainement pas un livre inoubliable ni même marquant mais il se lit avec plaisir. Contrairement à ce que je pressentais il n'est pas totalement cousu de fil blanc et l'auteur parvient à nous surprendre (un petit peu).

Trouver sa place

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 7 mai 2019

Anil Patel a eu une enfance heureuse. Élevé dans la Grande Maison familiale auprès de parents aimants, respectueux et respectés, entouré de ses frères Nikhil, Kiran, Chandu et de sa petite sœur Piya.
Sans oublier Leena, son intrépide amie.
À 18 ans, après des études brillantes de médecine, il quitte son village natal de Panchanagar, pour Dallas où il va faire son internat dans le monumental Hôpital de Parkview.
Anil va découvrir la vie en Amérique mais surtout les journée harassantes, éprouvantes, du milieu hospitalier, les responsabilités écrasantes de son métier.
Et l’amour auprès d’Amber, sa belle voisine texane,
Mais c’est une autre découverte qui va le marquer, le racisme, la violence , le mépris. Même soutenu par ses supérieurs, entouré par ses colocataires et amis Baldev et Mahesh, cette violence qui a failli tuer son ami, va provoquer un profond malaise, des doutes sur ses choix, l’envie de tout abandonner.

Leena est restée au village et se marie selon les coutumes locales en épousant l’homme choisi par les parents qui s’endettent pour lui offrir une belle dot. Mais ce qu’elle découvrira de sa nouvelle vie sera un esclavage abominable où elle risquera d’y laisser sa vie.

Deux mondes, deux univers si éloignés que seul Anil peut comparer. Et qu’il doit essayer de concilier.
" ...non seulement il était impossible de se sentir chez soi en Amérique, mais ici non plus il ne se sentait plus à sa place. Il habitait deux pays, mais n’était accepté par aucun."

Un roman dense et passionnant qui nous offre des réflexions sur les valeurs, le respect des traditions, le sens de la vie.
Avec beaucoup de sensibilité, l’auteure décrit les personnages déchirés entre l’envie de liberté, et l’obéissance, quand le poids des traditions oblige des parents à choisir entre le déshonneur de la famille et le bonheur de leur fille unique.
Et si je devais faire un reproche, celui-ci concernerait les personnages des deux héros, un peu trop "parfaits", un peu trop exemplaires.

Un jeune homme et son rêve

7 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans) - 28 novembre 2017

Fils aîné d’une famille propriétaire d’un immense domaine administré d’une main ferme par le père, Anil Patel décide d’entreprendre des études de médecine. Pour cela, il doit étudier en Inde pour plus tard, s’exiler à Dallas aux États-Unis afin d’y parfaire sa formation grâce à différents stages. Quitter sa famille est considéré comme une catastrophe par sa mère qui espérait voir Anil prendre la relève du père à son décès. Mais le jeune homme est tenace et rien ne peut le dévier de la route parsemée d’immenses difficultés qu’il a choisie. La vie à Dallas lui plaît mais il reste attaché à la culture indienne et est déchiré entre les deux modes de vie si différents auxquels il est confronté. Comment affronter tous ces défis alors qu’il est seul en Amérique et ne peut compter sur une riche famille de médecins de père en fils comme plusieurs de ses camarades d’internat ? Et surtout, comment convaincre sa mère de lui laisser choisir lui-même son épouse en dépit des traditions indiennes voulant que ce soit sa famille qui choisisse la femme qui partagera sa vie.

Le roman décrit bien les coutumes indiennes, les nombreux plats et l’organisation sociale des différentes communautés. Le contraste entre les deux cultures américaine et indienne est très intéressant de même que le monde hospitalier truffé de jeux de pouvoir et de dures luttes afin de monter dans la hiérarchie et se bâtir une carrière enviable de médecin spécialiste et de cardiologue. Le monde médical prend une grande place dans le récit mais de nombreux drames viennent aussi parsemer la vie de la famille Patel.

Roman sans grande profondeur mais d’une lecture divertissante et agréable. Un peu long cependant mais l’intérêt est soutenu par les histoires parfois dramatiques des nombreux personnages côtoyant Anil et intervenant dans sa vie.

Shilpi S. Gowda est canadienne mais ses parents ont émigré de Bombay pour s’installer à Toronto.

Bousculer les traditions !

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 11 novembre 2017

Shilpi Somaya Gowda (1970- ) est une romancière canadienne d'origine indienne.
Son premier roman "La Fille secrète"" parait en 2010 aux États-Unis. Traduit en français en 2011 ainsi qu'en 24 autres langues, et vendu à plus d'un million d'exemplaires. En 2015, elle publie "Un Fils en or".

Les destins croisés d'Anil et Leena forment la trame du roman.
Anil, fils aîné d'un riche propriétaire terrien de la Province du Gujarat. Il est l'héritier, le prochain juge de paix, le chef de famille.
Mais Anil n'a qu'un objectif; devenir médecin. Après de brillantes études en Inde, il effectue son internat aux états-unis (Dallas)
Une immersion violente (déracinement, racisme, choc des cultures) mais séduisante (le haute technologie médicale, le Savoir scientifique, l'ouverture d'esprit)
Anil est rapidement tiraillé entre sa terre natale et son pays d'adoption .
Leena, fille de métayer, est le premier amour d'enfance d'Anil.
Une amourette condamnée car les 2 familles appartiennent à des castes différentes.

Les 2 personnages vont évoluer loin l'un de l'autre mais sans jamais oublier leur relation d'enfance.
Chacun va connaitre de terribles désillusions qui ne pourront que les réunir.

Un roman passionnant qu'on ne lâche plus une fois l'immersion faite.
Le choc des cultures est brillamment présenté. La condition des femmes en Inde (les mariages arrangés, la dot, les violences impunies, .... )
L'auteur reste néanmoins optimiste. Les nouvelles générations bousculant les traditions par l'instruction, le savoir.
Un excellent moment de lecture !

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