Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 20:48:26
Je suis partiellement d'accord avec Mieke. Le journal "Le Vif" publie aujourd'hui la note de synthèse datée du 20 avril de Jean-Luc Dehaene, le "démineur" flamand qui a explosé avec la bombe, je veux dire qu'il a démontré qu'il était dépassé par les événements, parce que c'est un homme d'une autre génération politique.

En tous cas, il dit à peu près ceci: deux conceptions s'opposent, le droit de la territorialité et le droit de la personnalité. Ce disant il ne fait qu'entériner ce que disent les francophones depuis belle lurette, qu'il y a une opposition entre le droit du sol et celui des gens qui l'habitent.

Les Flamands craignent ce qu'ils appellent "la tache d'huile", c'est à dire la francisation du territoire flamand, et c'est ce qui explique les mesures antidémocratiques que sont le "wooncode", par exemple. Bert Maddens, politologue à la KUL, dit textuellement: "J'ai toujours averti les Flamands: la scission de BHV va peut-être ralentir un peu la francisation de la périphérie, mais elle ne va pas la stopper."

Idéalement, on pourrait, comme le suggère Mieke, faire de la Belgique, qui ne représente quand même que 10 millions d'habitants, une circonscription électorale unique, ce qui résoudrait beaucoup de problèmes et serait plus démocratique.

Je pense néanmoins que le problème n'est pas culturel ou linguistique mais économique et qu'il est angélique de croire que si tous les Belges parlaient parfaitement les deux langues il disparaitrait. Il y aurait toujours deux communautés qui continueraient à se disputer l'argenterie avant le divorce.

L'idée que Bruxelles est de la "terre flamande" est absurde, puisqu'elle ne l'a jamais été. Les modifications de la constitution des années 60 et celles qui ont suivi ont créé une frontière linguistique et une région bruxelloise autonome administrativement bilingue bien que composée à plus de 80% de francophones ce que personne ne conteste.

Si la Belgique éclatait, les lois internationales et les principes d'autodétermination universellement admis entraîneraient ipso facto une consultation des populations concernées, et la Flandre perdrait Bruxelles.

Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 20:51:52
Je ne suis pas d'accord sur un point avec mon amie Mieke: mettre sur le même pied le FDF de Maingain et la NVA de De Wever est injuste, parce que le premier défend le droit des citoyens et le second celui du sol, comme l'a souligné Dehaene lui-même. Or, le droit des citoyens est reconnu universellement comme supérieur à celui du sol depuis le siècle des Lumières.

Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 20:55:46
Et pour rire un peu, voici l'avis du chanteur flamand Arno sur la question: http://www.youtube.com/watch?v=INkdUY-ZdkM

Mieke Maaike
avatar 23/04/2010 @ 21:19:46
deux conceptions s'opposent, le droit de la territorialité et le droit de la personnalité.

C'est un point de vue francophone. Pour les flamands, le fait que des francophones viennent s'installer dans leur commune, refusent de parler néerlandais, et donc les forcent de facto à parler français, est perçu comme une colonisation.
Il n'y a ni "droit de la territorialité", ni "droit de la personnalité". Pour les flamands, les francophones sont tout à fait dans la logique territoriale: "je m'installe en flandre, j'y plante mon drapeau francophone, et puis j'exige que ce territoire flamand devienne francophone". Quand on entend les revendications du FDF d'élargir Bruxelles à la périphérie, on est clairement dans une logique territoriale. Et au contraire, les flamands reprochent aux francophones de ne pas respecter leur "droit de la personnalité" de parler néerlandais, dans les faits, à Bruxelles. Ils disent "vous voyez, à Bruxelles, la capitale de notre pays, les droits linguistiques des flamands ne sont pas respectés puisque qu'un flamand ne peut pas y survivre s'il ne parle pas aussi le français. Si on laisse les francophones faire la même chose dans la périphérie, ce sera la même chose: on finira par ne plus pouvoir vivre sans parler français".

mesures antidémocratiques que sont le "wooncode"

En quoi c'est antidémocratique ?

L'idée que Bruxelles est de la "terre flamande" est absurde, puisqu'elle ne l'a jamais été.

Pour rappel: Bruxelles est la capitale de la Belgique. En Belgique, 2/3 de la population est néerlandophone. Dans combien de pays au monde, la majorité de la population doit parler une autre langue dans sa capitale ? Pour moi, ce qui est absurde, c'est que Bruxelles ne soit pas, dans les faits, une région totalement bilingue.

Si la Belgique éclatait, les lois internationales et les principes d'autodétermination universellement admis entraîneraient ipso facto une consultation des populations concernées, et la Flandre perdrait Bruxelles.

1. La Belgique n'éclatera pas. La grande majorité des flamands ne veulent pas la fin de la Belgique. La grande majorité des flamands ne comprend même pas d'où vient le préjugé des francophones que les flamands veulent la séparation. Ils étaient même abasourdi il y a 2 ans lors de l'émission "Bye bye Belgium", en apprenant qu'un tas de francophones ont réellement cru à la fin de la Belgique.
2. Les flamands s'en fichent de Bruxelles. Pour la plupart d'entre eux, Bruxelles est une ville sale, pauvre, dangereuse, avec une mauvaise qualité de vie et où ils doivent parler français sinon on ne les sert pas. C'est fini depuis très longtemps leur revendication de récupérer Bruxelles.
3. Les "principes d'autodétermination des populations concernées" qui auraient, selon les francophones bien sûr, droit au chapitre, ne vise qu'à entériner cette idée de colonisation. Les francophones s'installent en flandre, puis quand ils sont majoritaires, ils exigent des référendum pour décider de la langue de l'endroit où ils s'installent. La seule façon de ne pas biaiser les résultats, c'est d'organiser un référendum sur l'ensemble du pays pour déterminer le statut linguistique des différentes parties. Mais là, évidemment, aucun francophone n'acceptera cette proposition puisque 2/3 de la population est flamande.

Mais c'est typique de l'argumentation francophone: se faire passer pour des démocrates et accuser les flamands de fachistes. Mais quand on y regarde de plus près, ce que les francophones défendent, c'est la démocratie "à la carte", selon les règles et les modalités qui les arrangent eux, selon les critères qui leur permettront d'obtenir à coup sûr ce qu'ils veulent. Ce n'est pas ce que j'appelle la démocratie.

Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 21:43:56
C'est un point de vue francophone.

C'est ce qu'écrit Jean-Luc Dehaene dans son communiqué du 20 avril (Le Vif l'Express d'aujourd'hui, page 51), et il est flamand.

Quand on entend les revendications du FDF d'élargir Bruxelles à la périphérie, on est clairement dans une logique territoriale.

La limitation de Bruxelles aux 19 communes a été accordée aux Flamands en échange de BHV dans les années 60. On ne peut pas revoir une clause de cet accord sans le mettre à plat et remettre tout en cause, donc la limitation géographique de Bruxelles.

Pour rappel: Bruxelles est la capitale de la Belgique. En Belgique, 2/3 de la population est néerlandophone.

Tu affirmes ça sur base d'un referendum qui date de 1930 et que les Flamands ont toujours refusé de refaire (geen taaltelling, voir plus haut). ces chiffres peuvent être légitimement mis en doute, si on ajoute à la population wallonne les Bruxellois francophones.

Les flamands s'en fichent de Bruxelles. Pour la plupart d'entre eux, Bruxelles est une ville sale, pauvre, dangereuse, avec une mauvaise qualité de vie et où ils doivent parler français sinon on ne les sert pas. C'est fini depuis très longtemps leur revendication de récupérer Bruxelles.

Mais Bruxelles rapporte des devises...

La seule façon de ne pas biaiser les résultats, c'est d'organiser un référendum sur l'ensemble du pays pour déterminer le statut linguistique des différentes parties.

Oui...

Mais là, évidemment, aucun francophone n'acceptera cette proposition puisque 2/3 de la population est flamande.

Encore une fois, sur base d'un referendum vieux de 80 ans dont le contrôle démocratique et l'actualisation sont refusés par la Flandre.

Mais c'est typique de l'argumentation francophone: se faire passer pour des démocrates et accuser les flamands de fachistes.

Je viens de voir au JT des milices flamandes en chemise noire défiler à Vilvorde pour demander l'indépendance de la Flandre. Tu penses vraiment ce que tu dis?

Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 22:43:25
En quoi c'est antidémocratique ?

C'est en tous cas l'avis de la Commission Européenne qui relève que "les discriminations ostensibles, fondées sur la nationalité, mais encore toute forme dissimulée de discrimination qui aboutit au même résultat" est prohibée. Et "tel est le cas d'une mesure qui prévoit une distinction fondée sur le critère de la langue pour l'octroi d'un avantage social, en ce que celui-ci risque de jouer au détriment des ressortissants d'autres Etats membres de l'Union". [...]
"l'apprentissage du néerlandais comme moyen d'intégration des habitants non néerlandophones à la vie de la région ne peut en aucun cas constituer un objectif légitime digne de protection et pouvant être justifié par des raisons impérieuses d'intérêt général"

Cet avis date de 2006 et quatre ans plus tard, il est toujours transgressé.

http://lalibre.be/actu/belgique/…

Mieke Maaike
avatar 23/04/2010 @ 22:51:49
C'est un point de vue francophone.



C'est ce qu'écrit Jean-Luc Dehaene dans son communiqué du 20 avril (Le Vif l'Express d'aujourd'hui, page 51), et il est flamand.

Tiens, tu ne considères pas qu'il est facho ? C'est un flamand pourtant ... ;-)
Pour moi, je maintiens comme je te l'ai démontré plus haut, que l'opposition "droit du sol" vs "droit des gens" c'est de la vaste blague. Les francophones sont autant braqués sur le territoire que les flamands. Les francophones sont, autant que les flamands (si pas plus même), braqués sur la défense de leur droit absolu de parler leur propre langue, y compris lorsqu'ils sont face à des gens parlant une autre langue.

Explique-moi donc en quoi la proposition d'élargir bruxelles à la périphérie n'est pas une considération territoriale. Explique moi en quoi le fait de s'installer quelque part, puis exiger qu'à cet endroit le gens doivent parler ta langue, ce n'est pas une forme de colonisation.

Tu affirmes ça sur base d'un referendum qui date de 1930 et que les Flamands ont toujours refusé de refaire (geen taaltelling, voir plus haut). ces chiffres peuvent être légitimement mis en doute, si on ajoute à la population wallonne les Bruxellois francophones.

Ben non, c'est la population actuelle. Non pas sur base d'un référendum, mais sur le nombre d'habitants en Flandre et le nombre d'habitants en wallonie (en considérant qu'il y a plus ou moins le même nombre de néerlandophones en wallonie, qu'il y a de francophones en flandre). Tu penses sincèrement qu'il y a plus de francophones que de flamands en Belgique ? Tu penses sincèrement que le nombre de flamands en Belgique correspond au nombre de flamand à Bruxelles, soit 10 % ?


La limitation de Bruxelles aux 19 communes a été accordée aux Flamands en échange de BHV dans les années 60. On ne peut pas revoir une clause de cet accord sans le mettre à plat et remettre tout en cause, donc la limitation géographique de Bruxelles.

Oui, mais revoir la limitation de bruxelles, c'est une logique territoriale. Donc les francophones sont en plein dans la logique "droit du sol". Exactement comme ce qu'ils reprochent aux flamands.

Mais Bruxelles rapporte des devises...

Nettement moins que la flandre.

Mais là, évidemment, aucun francophone n'acceptera cette proposition puisque 2/3 de la population est flamande.



Encore une fois, sur base d'un referendum vieux de 80 ans dont le contrôle démocratique et l'actualisation sont refusés par la Flandre.

Mais non. D'ailleurs, si c'était le cas, pourquoi les francophones refusent un référendum sur l'ensemble de la Belgique pour déterminer le statut de BHV ? Parce qu'ils savent que la majorité de la population est flamande et qu'elle votera la scission de l'arrondissement. C'est bien pour ça que le FDF ne demande un référendum que dans la périphérie, où il y a une majorité de francophone. La démocratie, mais uniquement pour les francophones....

Je viens de voir au JT des milices flamandes en chemise noire défiler à Vilvorde pour demander l'indépendance de la Flandre. Tu penses vraiment ce que tu dis?

Ah, parce que pour toi, une poignée d'extrémistes fachistes qui défilent, c'est la même chose que si c'était toute la population qui était extrémiste fachiste ?
Quand Le Pen fait 20% en France, tu dis que tous les français sont des fachistes ?


Pour dire le fond de ma pensée, ce qui m'énerve dans le discours francophone (et je suis moi-même francophone, mais je préfère d'abord balayer devant ma porte), c'est qu'il repose sur des considérations simplistes et (oui) limite raciste. L'argumentation des extrémistes francophones repose sur un seul axiome: Les flamands sont des fachistes, des nazis, des racistes, des extrémistes. Les francophones sont démocrates, respectueux des droits humains.
Jamais, au grand jamais, il n'y a une remise en question de cet axiome. Tout est vu à travers cette grille de lecture, au point évidemment d'appliquer le principe de la paille et de la poutre. Aucun francophone dans cette logique n'acceptera l'idée qu'il puisse lui-même ne pas être démocrate et respectueux des droits humains (il ne se pose même pas la question, tant c'est évident, à la limite du dogme). Ces mêmes francophones vont à tout bout de champ mettre en exergue tout et n'importe quoi pour alimenter l'idée que les flamands sont fachistes.
Désolée, mais cette logique simpliste, je la laisse aux extrémistes.

Le rat des champs
avatar 23/04/2010 @ 23:17:24
Tiens, tu ne considères pas qu'il est facho ? C'est un flamand pourtant ... ;-)

De grâce, Mieke. Ai-je dit que tous les Flamands sont fachos? Je me suis contenté de dire que le Vlaams Belang représente 1/3 des voix à Anvers, ce qui est une réalité que tu ne peux nier. Si tu ajoutes les votes pour Dedecker et la NVA on arrive à un chiffre consternant.

Explique-moi donc en quoi la proposition d'élargir bruxelles à la périphérie n'est pas une considération territoriale. Explique moi en quoi le fait de s'installer quelque part, puis exiger qu'à cet endroit le gens doivent parler ta langue, ce n'est pas une forme de colonisation.

Le territoire a été défini suite à une négociation houleuse dans les années 60 et encore une fois, la limitation de Bruxelles aux 19 communes a été fixée en échange du droit pour les francophones du district de BHV de voter pour des partis francophones. C'était un jeu de dupes, qui n'arrangeait que les politiciens, mais si cet accord est remis en cause, il faut aller au bout de la logique et remettre aussi en question la limitation de Bruxelles aux 19 communes. Pour ma part si les habitants de Mouscron-Comines veulent revenir à la Flandre je trouve ça logique et n'y verrais aucun inconvénient. Ils ont eux aussi le droit de choisir leur région.

Ben non, c'est la population actuelle. Non pas sur base d'un référendum, mais sur le nombre d'habitants en Flandre et le nombre d'habitants en wallonie (en considérant qu'il y a plus ou moins le même nombre de néerlandophones en wallonie, qu'il y a de francophones en flandre). Tu penses sincèrement qu'il y a plus de francophones que de flamands en Belgique ?

Mais il faut aussi tenir compte des habitants des communes dites "à facilités" majoritairement francophones. En réalité, les estimations sont difficiles, mais ce qui est certain, c'est qu'on est loin de la clef de répartition 30/70 coulée dans le bronze depuis 1930. Il faudrait faire un nouveau referendum, mais qui le refuse depuis 50 ans?

Oui, mais revoir la limitation de bruxelles, c'est une logique territoriale. Donc les francophones sont en plein dans la logique "droit du sol". Exactement comme ce qu'ils reprochent aux flamands.

Pas du tout, il s'agit du droit d'autodétermination. Comme je trouve scandaleux que les habitants de Mouscron, majoritairement flamands soient intégrés à la région wallonne.

Mais non. D'ailleurs, si c'était le cas, pourquoi les francophones refusent un référendum sur l'ensemble de la Belgique pour déterminer le statut de BHV ? Parce qu'ils savent que la majorité de la population est flamande et qu'elle votera la scission de l'arrondissement. C'est bien pour ça que le FDF ne demande un référendum que dans la périphérie, où il y a une majorité de francophone. La démocratie, mais uniquement pour les francophones....

La loyauté, une fois de plus consiste à respecter un accord (les lois de 60), mais si une partie décide unilatéralement de le modifier, tout doit être renégocié, y compris les limites de Bruxelles.

Ah, parce que pour toi, une poignée d'extrémistes fachistes qui défilent, c'est la même chose que si c'était toute la population qui était extrémiste fachiste ?
Quand Le Pen fait 20% en France, tu dis que tous les français sont des fachistes ?

Ai-je dit que toute la Flandre est fasciste? Il y a encore deux tiers de démocrates.

Saule

avatar 23/04/2010 @ 23:34:02
C'est intéressant l'avis de Mieke je trouve. Les flamands trouvent les francophones arrogants (un peu comme les belges, de leur point de vue de petit pays, trouvent que les français sont arrogant). Les flamands ont une sorte de complexe d'infériorité, et ils ont tendance à sur-réagir avec parfois des mesures anti-démocratiques (wooncode, les bourgmestres non-nommés,...).

Je trouve que si on garde la Belgique, il faut que ce soit un pays multilingue, avec une TV nationale, des journaux nationaux, des arrondissements électoraux nationaux,... mais je pense qu'il y a très peu d'espoir pour que ça arrive encore. Les flamands ont beau prendre l'air étonnés quand ils voient que les wallons pensent que les flamands veulent l'indépendance, mais bon, il y a une réelle véelité indépendante quand même (d'ailleurs tout les pays qui étaient une union artificielle de deux peuples ont depuis longtemps consommé la séparation (Tchéquoslovaquie, Yougoslavie, ...) et c'est souvent à l'initiative du plus riche .

Mieke Maaike
avatar 24/04/2010 @ 00:53:31
De grâce, Mieke. Ai-je dit que tous les Flamands sont fachos? Je me suis contenté de dire que le Vlaams Belang représente 1/3 des voix à Anvers, ce qui est une réalité que tu ne peux nier. Si tu ajoutes les votes pour Dedecker et la NVA on arrive à un chiffre consternant.

1. Le VB est retombé en dessous de 20% aux dernières élections à Anvers. Le score de l'extrême droite en flandre est équivalent au score de l'extrême droite un peu partout en Europe.
2. Ni Dedecker, ni la NVA ne sont fachistes.
Du coup, partant de là, je ne vois pas comment tu peux en déduire que tous les flamands sont fachistes.

Explique-moi donc en quoi la proposition d'élargir bruxelles à la périphérie n'est pas une considération territoriale. Explique moi en quoi le fait de s'installer quelque part, puis exiger qu'à cet endroit le gens doivent parler ta langue, ce n'est pas une forme de colonisation.



Le territoire a été défini suite à une négociation houleuse dans les années 60 et encore une fois, la limitation de Bruxelles aux 19 communes a été fixée en échange du droit pour les francophones du district de BHV de voter pour des partis francophones. C'était un jeu de dupes, qui n'arrangeait que les politiciens, mais si cet accord est remis en cause, il faut aller au bout de la logique et remettre aussi en question la limitation de Bruxelles aux 19 communes. Pour ma part si les habitants de Mouscron-Comines veulent revenir à la Flandre je trouve ça logique et n'y verrais aucun inconvénient. Ils ont eux aussi le droit de choisir leur région.

Mais tous les compromis en Belgique sont des compromis. Le principe étant de contenter les deux parties en trouvant une solution qui peut s'interpréter de deux façons différentes parce qu'il y a un toujours flou. Et chacun de son coté est persuadé que son interprétation est la bonne.
Ce que j'essaye de te faire comprendre, c'est de te mettre un instant à la place des flamands pour comprendre leur point de vue. Imagine que des riche flamands viennent en grand nombre s'installer dans ta commune. Ils refusent de parler francais, parce qu'ils considèrent que c'est une langue inférieure. Puis petit à petit, ils exigent que tout deviennent officiellement néerlandophone au nom du "droit des gens". Et même que ta commune soit rattachée à la flandre, toujours au nom du "droit des gens" Et en plus, leur arrivée massive fait augmenter tous les prix des maisons, si bien que les enfants des francophones d'origine ne peuvent plus acheter de maison dans ta commune. Et après tout ça, ils viennent encore oser insulter les francophones qui osent défendre leur droit en les accusant de fachisme. Quand l'administration communale prend une mesure en faveur des jeunes originaires de la commune en réservant certaines maisons à la vente des jeunes de la commune, ça fait les grands titres dans la presse flamande avec toutes les accusations de fachisme habituelle.

Franchement Le Rat, essaye ne fut-ce qu'un instant de te mettre à la place des flamands en inversant les rôles. Les renversements, c'est toujours intéressant.

Mais il faut aussi tenir compte des habitants des communes dites "à facilités" majoritairement francophones. En réalité, les estimations sont difficiles, mais ce qui est certain, c'est qu'on est loin de la clef de répartition 30/70 coulée dans le bronze depuis 1930. Il faudrait faire un nouveau referendum, mais qui le refuse depuis 50 ans?

Mais le référendum donnerait quoi ? 38/62 ? Il y a une écrasante majorité de flamands en Belgique. Le référendum refusé par les flamands n'a pas pour but de compter qui est flamand et qui est francophone. Le référendum qu'ils refusent est celui qui vise à modifier la frontière linguistique.
D'ailleurs si les francophones étaient convaincus qu'ils étaient majoritaires, ils ne tiendraient pas à toutes les protections auxquels ils ont droit (parité ministres francophone/néerlandophone dans le gouvernmenet fédéral, mécanisme de la sonnette d'alarme, etc).

Oui, mais revoir la limitation de bruxelles, c'est une logique territoriale. Donc les francophones sont en plein dans la logique "droit du sol". Exactement comme ce qu'ils reprochent aux flamands.



Pas du tout, il s'agit du droit d'autodétermination. Comme je trouve scandaleux que les habitants de Mouscron, majoritairement flamands soient intégrés à la région wallonne.

Ben si, tu le dis toi-même: rattacher ou non certains territoires à d'autres, en l'occurrence Mouscron à la Région wallonne. Tu es en plein dans une logique territoriale. Ta logique c'est: tu es francophone, donc le territoire où tu vis doit être rattaché au territoire francophone. Si tu prenais en compte le droit des gens, tu respecterais le droit des flamands de s'exprimer dans leur langue lorsqu'ils ont affaire à un francophone.


La loyauté, une fois de plus consiste à respecter un accord (les lois de 60), mais si une partie décide unilatéralement de le modifier, tout doit être renégocié, y compris les limites de Bruxelles.

Mais ce n'est qu'un compromis, et comme tous les compromis, il se remet en question après un certain temps. Comme n'importe quelle législation. Les circonscriptions électorales ont fortement évoluées depuis 1960 partout dans le pays. Quasiment à chaque élection, on modifie les règles électorales. Personne n'y voit à redire. Personne n'invoque de loyauté ou que sais-je. Par contre, pour BHV, là d'un seul coup, ce serait tabou ? Ben non, tout se discute. C'est le principe d'une démocratie.

Ai-je dit que toute la Flandre est fasciste? Il y a encore deux tiers de démocrates.


Tu as dit ceci plus haut:

Moi: "Mais c'est typique de l'argumentation francophone: se faire passer pour des démocrates et accuser les flamands de fachistes."
Toi: "Je viens de voir au JT des milices flamandes en chemise noire défiler à Vilvorde pour demander l'indépendance de la Flandre. Tu penses vraiment ce que tu dis?"

En d'autres termes, je te reproche d'accuser tous les flamands d'êtres fachistes, et tu me réponds en invoquer un défilé de fachos. Et en ajoutant même "tu penses vraiment ce que tu dis", comme si c'était inconcevable que tous les flamands ne soient pas fachistes.

Saint Jean-Baptiste 24/04/2010 @ 01:06:28
Laissons tomber ces clichés populistes destinés au conditionnement des foules :
Le Flamand est raciste, fasciste, nazillon…
Le Wallon est braillard, paresseux, gréviste…
Et parlons sérieusement : le mouvement flamand, aux origines, a voulu sauver la personnalité, le caractère, du peuple flamand, à commencer par sa langue.
Jusque dans les années ’50, pour arriver à quelque chose en Belgique, il fallait parler français – même en pays flamand.
Pour s’en persuader, il suffit de savoir que tous les statuts, administration, comptabilité des firmes installées en Flandre étaient en français.
Ce qui veut dire que la direction de toutes ces sociétés était, en fait, occupée par les francophones du pays flamand, qui dès lors, ont constitué la classe sociale dominante.
C’est un phénomène qui est très ancien : il a commencé au XVème siècle, quand le français a remplacé le latin comme langue véhiculaire à travers l’Europe.
(Les Francophones sont depuis toujours, une minorité de 20 à 25 % en Flandre, surtout dans les villes).

Donc ce mouvement flamand, contesté par les Francophones, avait tout à fait raison.
Il fallait sauver la langue du peuple flamand, et ils y sont arrivés.
Un seul exemple : à l’expo de 1958, à Bruxelles, tous les panneaux étaient en français, rien en flamand ! Aujourd’hui ce serait tout à fait inimaginable ! Tout ce qui se dit, tout ce qui s’écrit, officiellement à Bruxelles, l’est d’abord en flamand puis en français.
(Les Bruxellois sachant qu’il faut toujours servir d’abord les plus minoritaires de ses concitoyens). ;-))


Où le mouvement flamand, s’égare complètement, c’est quand il parle de son « territoire » flamand, son « heilige land » (sa terre sacrée), délimitée par une frontière tout à fait virtuelle, dite linguistique.
Cette frontière est purement artificielle, et elle n’a rien de linguistique puisqu’elle divise, arbitrairement, une région du centre de la Belgique où se trouve plus de francophones que de flamands et qui, historiquement, a toujours été bilingue ou plutôt multilingue.
Le Brabant est depuis toujours une terre de rencontre, un marché européen, une place internationale, il n’a jamais été ni terre flamande, ni terre wallonne.

Aujourd’hui ce Brabant devrait être une province bilingue au moins administrativement, comme bruxelles.
Et toute la Belgique devrait bilingue, d’ailleurs, du moins administrativement.


Et c’est là tout le nœud du problème belge. Les Flamands veulent « récupérer » un territoire qui n’a jamais existé, ni à l’intérieur de la Belgique, ni ailleurs.
C’est l’éternel problème des populations qui se veulent indépendantes : la fixation des frontières. Et en Belgique, en plus, ces frontières sont imaginaires.

On le voit très bien aujourd’hui en Yougoslavie, par exemple : tous ces problèmes de « territoire » qui existaient du temps des Habsbourg et de l’Empire Ottoman, ressurgissent aujourd’hui et sont insolubles : les populations sont trop mélangées, les frontières seront toujours contestées.
On voit les même problèmes en ex-URSS où on repart avec des questions de territoires d’avant 1918.
Alors, la seule solution, m’sieurs dames, n’est pas de se séparer, mais d’apprendre à vivre ensemble.

Le rat des champs
avatar 24/04/2010 @ 09:23:34
Mieke, tout le problème vient de la fixation de la frontière linguistique qui a été faite sans tenir compte de l'avis des populations concernées par des marchandages politiciens entre les deux communautés linguistiques. L'histoire nous enseigne que chaque fois qu'une frontière est fixée arbitrairement, quelques années plus tard, c'est le bordel. Un bel exemple est le conflit beaucoup plus sanglant entre l'Inde et le Pakistan. Tu dis que les communes "à facilités" sont flamandes. Eh oui, elles font partie du sol flamand depuis 1963, je n'en disconviens pas. Elles en font partie parce qu'en échange de la fixation de Bruxelles aux 19 communes et du district électoral de BHV, les francophones l'ont accepté à l'époque.

Or de nos jours, les Flamands reviennent sur les points de cet accord qui ne leur conviennent pas mais ne veulent pas toucher aux points qui les arrangent, ce qui n'est pas très honnête.

Mais ces communes sont-elles historiquement flamandes? Si la fixation de la frontière linguistique avait été faite sur base de la culture des populations concernées, il n'y aurait plus qu'à se taire.

Il faut donc si on veut être juste, remonter à la situation qui existait avant 1963.

Prenons le cas de Rhode Saint Genèse composé de deux tiers de francophones, qui est emblématique et particulièrement névralgique, puisqu'en cas de jonction à Bruxelles, cette commune créerait un pont avec la région wallonne, ce dont les Flamands ne veulent à aucun prix.

Au XIXe siècle et aux débuts du XXe siècle, Rhode Saint Genèse faisait partie du "Quartier de Bruxelles" qui était une survivance du comté de Bruxelles de l'ancien Régime. Il y avait à cette époque trois autres quartiers, celui d'Anvers, de Bois le Duc et de Louvain, qui composaient les Etats de Brabant.

Historiquement, Rhode saint Genèse qui n'était qu'un village à l'époque est donc bel et bien bruxellois, et c'est une loi de 1963 qui lui a donné le statut de terre flamande, laquelle loi est actuellement contestée par les mouvements flamands, du moins sur les points qui leur sont défavorables. Il n'est pas question pour eux de revenir sur les points favorables à la Flandre et donc défavorables aux francophones.

Il est donc tout à fait faux de prétendre comme le répètent inlassablement les mouvements flam... J'allais écrire flamingants, mais restons polis. Donc, il est faux que Rhode saint Genèse est peuplée de riches francophones qui ont envahi la terre flamande, ils y sont depuis des générations et bien antérieurement à la création de la frontière linguistique qui a été faite sur leur dos.

Le rat des champs
avatar 24/04/2010 @ 09:54:00
Mais le référendum donnerait quoi ? 38/62 ? Il y a une écrasante majorité de flamands en Belgique. Le référendum refusé par les flamands n'a pas pour but de compter qui est flamand et qui est francophone. Le référendum qu'ils refusent est celui qui vise à modifier la frontière linguistique.

Mieke, ce n'est pas à une parfaite bilingue comme toi que je vais apprendre que "Geen taaltelling" signifie "pas de recensement linguistique" et non "pas de modification de la frontière linguistique". D'ailleurs à cette époque, elle n'existait pas encore.

D'ailleurs si les francophones étaient convaincus qu'ils étaient majoritaires, ils ne tiendraient pas à toutes les protections auxquels ils ont droit (parité ministres francophone/néerlandophone dans le gouvernmenet fédéral, mécanisme de la sonnette d'alarme, etc).

Ce n'est pas une question de majorité mais de représentation politique. Et puis il ne faut pas oublier qu'en échange de ces protections, les Flamands ont obtenu celles de la minorité flamande de Bruxelles, qui bénéficie d'une parité administrative et politique.

Le rat des champs
avatar 24/04/2010 @ 10:21:50
Si tu prenais en compte le droit des gens, tu respecterais le droit des flamands de s'exprimer dans leur langue lorsqu'ils ont affaire à un francophone.

Deux petites anecdotes pour te répondre, ce qui n'est pas un argument, j'en suis bien conscient, mais du moins cela pourra peut-être éclairer ceux qui nous lisent et qui ne connaissent pas notre pays.
1. J'habite en région francophone, comme tu le sais. Il y a quelques jours, un camionneur perdu dans les déviations et les travaux de ma ville m'a demandé son chemin en flamand et je lui ai répondu en flamand. Rien de plus normal, tu me diras, et c'est aussi mon avis.
2. Il y a quelques mois, perdu à Anvers, je demande mon chemin en flamand, avec, je le reconnais volontiers un accent qui m'aurait fait occire à la bataille des éperons d'or. Le type m'a toisé de la tête aux pieds puis des pieds à la tête, il a détourné la tête puis est parti sans me répondre. La justice m'oblige à dire qu'une brave dame qui avait assisté à la scène m'a répondu à peu près ceci, en français: "Monsieur j'ai tout vu, c'est scandaleux ces extrémistes ils font honte à la Flandre" Et elle m'a expliqué, toujours en un français impeccable par où je devais aller.

Micharlemagne

avatar 24/04/2010 @ 10:24:54
Je ne suis pas d'accord sur un point avec mon amie Mieke: mettre sur le même pied le FDF de Maingain et la NVA de De Wever est injuste, parce que le premier défend le droit des citoyens et le second celui du sol, comme l'a souligné Dehaene lui-même. Or, le droit des citoyens est reconnu universellement comme supérieur à celui du sol depuis le siècle des Lumières.

Négatif ! Le code français de la nationalité (celui de la patrie des droits de l'homme, c'est eux qui le disent) est clairement basé sur le droit du sol.

Saule

avatar 24/04/2010 @ 10:26:12
Pour cette histoire de riches francophones qui viennent s'installer chez les pauvres flamands, c'est absurde, je suppose que Mieke aussi s'en rend compte. Absurde ou pas, il n'empêche que beaucoup de flamands le croient, et c'est comme ça qu'ils légitiment leur "wooncode" et leur "Waar flamingen thuis zijn". Mais ce wooncode et ce rejet des gens qui ne parlent pas le flamand (en réalité : qui ne sont pas flamand de pure souche) s'apparente à du racisme, il faut bien le reconnaitre. Et c'est anti-démocratique de ne pas laisser des bourgmestres élus faire leur boulot. Sur ce coup, je pense que les flamands sont manipulés par les indépendantistes et par les médias flamands.

Mais il est probable que du côté wallon on souffre aussi de clichés faux.

Maintenant, si la démocratie c'est la loi du nombre, alors les flamands étant plus nombreux que les wallons, ils peuvent continuer à tirer la couverture vers eux jusqu'à ce qu'ils obtiennent l'indépendance sans perdre Bruxelles. D'ailleurs, pour BHV, ils vont faire un coup de force et imposer la loi du plus fort. A mon avis, Bruxelles est le seul enjeux qui lie les flamands à la Belgique.

Mieke Maaike
avatar 24/04/2010 @ 10:48:11
Où le mouvement flamand, s’égare complètement, c’est quand il parle de son « territoire » flamand, son « heilige land » (sa terre sacrée), délimitée par une frontière tout à fait virtuelle, dite linguistique.
Cette frontière est purement artificielle, et elle n’a rien de linguistique puisqu’elle divise, arbitrairement, une région du centre de la Belgique où se trouve plus de francophones que de flamands et qui, historiquement, a toujours été bilingue ou plutôt multilingue.

(je réponds à Le Rat en même temps) La fixation de la frontière linguistique est le résultat d'un refus des francophones d'instaurer le bilinguisme partout en Belgique. D'où compromis avec délimitation du territoire, et avec toutes les subtilités en dentelle diplomatique autour de Bruxelles. Et maintenant encore, les conflits dans la périphérie de bruxelles proviennent du fait que les francophones qui y vivent (pas tous heureusement, mais un partie suffisamment importante) refusent toujours de parler le néerlandais, exigent toujours que l'administration flamande leur envoie leurs papiers en français, et votent en grande proportion pour un parti qui n'a qu'un seul point à son programme: la défense des francophones. Comme je l'ai dit plus haut, le vrai problème est que dans les années 60, quand les flamands ont proposé le bilinguisme partout en Belgique, les francophones l'ont refusé. Ca a été une erreur fondamentale des francophones à l'époque. D'où les problèmes continuels. Au risque de me répéter, mais une des clés de résolution des conflits linguistiques en Belgique, c'est l'apprentissage généralisé du néerlandais et du français partout. Quand tous les francophones seront capables de s'exprimer en néerlandais et arrêteront d'exiger des privilèges linguistiques, il y aura beaucoup moins de problème.

Et c’est là tout le nœud du problème belge. Les Flamands veulent « récupérer » un territoire qui n’a jamais existé, ni à l’intérieur de la Belgique, ni ailleurs.

Non, le point de vue flamand est qu'ils ont été bien gentil et bien patients avec les francophones de la périphérie en leur laissant plusieurs décennies pour apprendre le néerlandais. C'est le compromis à la belge: les communes à facilités sont depuis le départ comprises comme provisoires chez les flamands (le temps que les francophones apprennent le néerlandais) et comme définitives chez les francophones (hors de question d'apprendre le néerlandais). Idem pour les arrondissements électoraux. Il n'y a pas encore si longtemps, je discutais avec un flamand de Hal (donc commune 100% flamande, mais faisant partie de l'arrondissement BHV). Un gars très chouette, militant de gauche, syndicaliste, altermondialiste (donc loin du cliché fachiste). Et il me disait "mais bon sang, que faut-il faire pour que les francophones apprennent enfin à parler néerlandais quand ils viennent s'installer ici ?". Lui ressent vraiment ce sentiment de colonisation de riches francophones de sa commune. Et il soutient donc toutes les mesures fermes des autorités flamandes en ce qui concerne l'emploi des langues avec la crainte que si les francophones obtiennent encore des largesses, il arrivera un jour où lui-même, flamand, sera contraint de parler le français partout s'il veut rester vivre dans sa commune.

Alors, la seule solution, m’sieurs dames, n’est pas de se séparer, mais d’apprendre à vivre ensemble.

Oui. Mais une grosse partie du problème provient de deux éléments:
1. Le refus de beaucoup de francophones de parler le néerlandais.
2. La montagne de préjugés que chaque communauté a sur l'autre, qui fait que chacun perçoit l'autre comme un agresseur et lui-même comme une victime.

Mieke, ce n'est pas à une parfaite bilingue comme toi que je vais apprendre que "Geen taaltelling" signifie "pas de recensement linguistique" et non "pas de modification de la frontière linguistique". D'ailleurs à cette époque, elle n'existait pas encore.

Mais parce que derrière ce recencement, il y a la volonté de modifier la frontière linguistique, et donc de grignoter les lieux où les flamands peuvent parler leur langue.

D'ailleurs si les francophones étaient convaincus qu'ils étaient majoritaires, ils ne tiendraient pas à toutes les protections auxquels ils ont droit (parité ministres francophone/néerlandophone dans le gouvernmenet fédéral, mécanisme de la sonnette d'alarme, etc).



Ce n'est pas une question de majorité mais de représentation politique. Et puis il ne faut pas oublier qu'en échange de ces protections, les Flamands ont obtenu celles de la minorité flamande de Bruxelles, qui bénéficie d'une parité administrative et politique.

Mais tu vois l'absurdité dans laquelle on en arrive au niveau politique: le premier critère pour choisir un ministre n'est pas qu'il soit compétent, ni qu'il proviennent d'un parti ayant récolté le plus de voix, ni qu'il soit populaire pour ses idées et son programme. La première chose qui compte, c'est le fait qu'il soit flamand ou francophone. Personnellement, je me contre-fous de sa langue maternelle et de son lieu de résidence. Ce qui compte pour moi, ce sont ses idées politiques sur tous les aspects du pays: lutte contre le chômage, amélioration de l'enseignement, protection de l'environnement, soutien de la sécurité sociale, lutte contre la pauvreté, politique de la mobilité, de la sécurité, etc etc. Et peu importe que les mesures dans tous ces domaines soient prises en français ou en néerlandais. L'essentiel, c'est qu'elles soient prises.

Maintenant, avec toutes ces conneries linguistiques, on se retrouve sans gouvernement fédéral à 2 mois de la présidence belge de l'union européenne. Bonjour le sens des responsabilités !

Shelton
avatar 24/04/2010 @ 11:12:51
Je ne suis pas Belge, donc je ne prendrai pas parti pour un camp ou l'autre.

Par contre j'aime beaucoup les cas concrets du Rat car il me font penser à ce que nous vivons en Alsace, surtout en dehors des villes...

Je connais bien la région car j'y ai vécu et j'ai épousé une alsacienne, donc c'est avec beaucoup de réalisme mais de sympathie que je regarde les choses : on s'adresse à quelqu'un en Français, on nous répond en Alsacien ou pas ; on s'adresse en Alsacien mais avec de l'accent, et on nous répond rien en nous maiprisant... Et si on parle Allemand, alors là on frôle le drame car l'Alsace n'est pas l'Allemagne...

Quelle aventure !!!

Saule

avatar 24/04/2010 @ 11:27:25
Il y a des flamands qui refusent de parler français maintenant, tandis que les francophones commencent à parler de mieux en mieux le flamand. En gros, depuis que les flamands sont plus riches, ils font ce qu'ils reprochaient aux wallons quand la situation était inversée.

Micharlemagne

avatar 24/04/2010 @ 11:27:42
En gros, je suis assez d'accord avec Mieke. Et je peux remonter à l'époque où les villages de la périphérie était indéniablement flamands. Les premiers habitants francophones de ces communes se sont pliés sans aucune gêne à la règle non écrite qui voulait que l'on parle flamand avec le boulanger, l'épicier, le laitier et le marchand de charbon. Puis l'"invasion" (le mot est un peu fort, mais je n'en trouve pas d'autre) a massivement commencé. Et les commerçants ont dû s'adapter (le curé aussi) s'ils ne voulaient pas perdre leur clientèle. De fil en aiguille, cette clientèle ne s'est donc plus sentie obligée de parler la langue véhiculaire du patelin et ont commencé à exiger que l'administration communale s'adresse à eux dans leur langue. Tout aurait pu continuer dans cette ligne si l'on ne s'était senti obligé de créer une frontière linguistique. Et cela, Mieke a raison, c'est dû aux Wallons parce qu'ils refusaient le bilinguisme généralisé. Donc, on a trouvé une solution boîteuse pour six de ces communes. (Pourquoi ces six là et pas les autres, on se demande bien ?). Bon, d'accord, c'était boîteux mais cela gardait une allure démocratique. Mais voilà ! On a décidé de fédéraliser le pays et donc de clicher la frontière linguistique. Or une frontière, qu'on le veuille ou non, c'est une donnée géographique. Il est donc logique que l'on ait appliqué le principe du droit du sol. Cela ne remettait pourtant pas en cause les facilités linguistiques et là, on appliquait le principe du droit des gens.
Puis on a commis le crime intellectuel de scinder la province de Brabant. Une revendication wallonne ! La logique simple et raisonnable aurait voulu que l'on fasse du Brabant une région bilingue comprenant l'actuelle région de Bruxelles-Capitale, comme l'ancien duché de Brabant. Mais cela, les Kubla et consorts ont fermement refusé de l'envisager. Pas de Flamands à Waterloo ! (Ou plutôt, pas de flamand à Waterloo) Il n'y a donc pas à s'étonner si les bourgmestres de Dilbeek, Hal, etc. prennent une position exactement parallèle.
Maintenant, les riches Flamands (il y en a de plus en plus...) qui s'installent à Waterloo bénéficient-ils de facilités linguistiques ? Et les Anglais ? Pourraient-ils en avoir ? On a posé la question à Kubla. Et la réponse a été très nette : "Never !" Le sol sacré de la Wallonie ?
En résumé, je crois qu'en Belgique, on ferait peut-être bien d'appliquer le principe évangélique de la paille et de la poutre avant de commencer à discuter.

Début Précédente Page 2 de 7 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier