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Forums  :  Forum des livres  :  Haikus  :  Belle explication !

Lucien
avatar 04/06/2003 @ 00:00:00
«Ecrivez à propos de cette colère, et aussitôt il vous semble que vous décrivez la colère d'autrui. Personne ne peut être en colère et écrire en même temps un haïku.»
C'est Kinbote, peut-être, qui a attiré mon attention sur le haïku, un genre que je connaissais peu jusqu'il y a quelques mois. Kinbote et Thomas Fors.
Ecrire des haïkus, c'est vraiment concevoir l'écriture autrement. La voir comme une école de sagesse, un humble auxiliaire du réel, d'un réel devant lequel on s'incline, soi, se sachant si peu réel... Au moins est-on, brièvement, un regard, un appareil enregistreur, une plume en mouvement pour figer un moment. "Sorte de balafre légère tracée dans le temps", disait Barthes, le haïku, comme l'idéogramme jeté sur le papier par le pinceau du calligraphe, réalise à l'orientale ce que Perec a tenté toute sa vie à l'occidentale : "Je cherche en même temps l'éphémère et l'éternel."

Jules
04/06/2003 @ 00:00:00
Lucien, je me permets de revenir sur un livre que j'ai critiqué il y a un petit bout de temps: "Neige" de Maxence Fermine. Il est superbe et se lit en une heure. Il donne une très bonne idée de ce que représente les Haikus au Japon et de tout l'art qu'il faut pouvoir assimiler pour devenir un maître du genre. Les éditions "arléa" en ont tiré une édition très bien illustrée.

Thomas Fors 05/06/2003 @ 00:00:00
Je lis vos critiques très intéressantes à propos du "haïku". Il est évident que cette forme d'écriture amène l'écrivant au coeur de sa propre réflexion. Il est question pour lui de retenir l'essentiel, d'écarter le futile, l'accessoire. Lorsqu'on examine les productions francophones récentes, on constate que la forme évolue considérablement. On trouve des libertés prises par rapport à la forme japonaise classique et c'est un bien. Certains utilisent avec bonheur (je pense à Lucien) la structure 5/7/5 et ils parviennent à nous proposer des haïkus particulièrement légers. Par contre d'autres auteurs s'enlisent dans cette contrainte, voulant trop bien faire ou imiter. D'autres (et j'en fais partie) rejettent complètement toute règle extérieure à eux et suivent une contrainte nouvelle qu'ils s'imposent... C'est cela la liberté. Cela peut conduire à de nouveaux fragments de vécu, je pense au senryu, lequel tient davantage compte des émotions humaines.
Chaque auteur est unique : ne l'oublions jamais.

Jules
06/06/2003 @ 00:00:00
Je ne suis pas, loin de là, un spécialiste du Haiku. Quant aux règles strictes, elles n'ont de mérite que quand elles mettent en valeur de véritables talents qui se seraient de toute façon révélés.
Ce n'est pas à moi qu'il faut prêcher pour la liberté de l'émotion, moi le grand amateur de Louis- Ferdinand qui ne disait pas "Au commencement était le verbe", mais bien "Au commencement était l'émotion" Et lui, pour les exprimer, ils s'y entendait plus que vachement bien !... Qu'on aime ou pas...

Thomas Fors 06/06/2003 @ 00:00:00
Nous sommes tout à fait sur la même longueur d'onde : d'abord l'émotion.

Thomas Fors 20/10/2009 @ 22:22:57
En accord avec tout ce que tu écris, Kimbote, même si je n'ai pas encore lu ce livre...que je vais commander. Bien à toi.

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