Farfalone
16/10/2009 @ 12:09:55
LE SILENCE DE LORNA
Film des frères Dardenne


« Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. » Emmanuel Kant: Fondations de la métaphysique des moeurs.

Lorna est une jeune immigrée albanaise en Belgique.
Elle a gagné sa naturalisation par le mariage, mariage dans lequel son "partenaire" est un junkie, Claude.
Claude a été payé pour le mariage et il sera payé pour le divorce.
Lorna n'aime pas Claude, Claude n'aime pas Lorna. Chacun se sert ou s'est servi de l'autre, l'une pour acquérir la nationalité belge, l'autre pour payer sa drogue.
Mais Lorna aime Lazlo (?*) qui lui est albanais et qui en épousant Lorna pourra acquérir à son tour la nationalité belge.
Et ils ouvriront un resto avec les sous qu'un russe pas très net, entremis par un chauffeur de taxi pour qui tout être humain représente une "valeur", mais marchande, (il touche des commissions sur ses intermédiations) remettra à Lorna pour un mariage blanc. Puis pour un nouveau divorce.
Voilà l'histoire. Sordide somme toute comme toutes les histoires où il y a des exploités qui pour ne pas être seules victimes de leurs exploiteurs exploitent à leur tour .
Lorna bosse, Lorna aime, Lorna calcule, Lorna trompe son monde et Lorna est trompée par son monde, par ce monde qui se construit en et hors d'elle.
Et Lorna est trompée par elle-même. Parce qu'elle se veut pragmatique Lorna: quand on est pauvre on n'a que rarement le choix et la morale c'est fait pour les sur alimentés. Et quand Claude se fait tirer l'oreille pour le divorce -oh rien qu'un petit peu- elle ne sourcille pas quand l'entremetteur taxi suggère qu'en dernier recours un drogué ça peut mourir d'overdose. Mais elle se trompe, Lorna parce que, être humain et donc "autre d'un autre", elle compatit à la douleur de Claude, et la compassion devient amour, un amour bref, fulgurant, charnel. Et quand Claude, réticent et gênant (il s'est laissé prendre à l'illusion du bonheur), est "overdosé" Lorna disjoncte et se vit littéralement à travers une grossesse qui n'est qu'imaginaire.
Tout le contraire du déni de grossesse: l'affirmation de grossesse, la revendication du prolongement en elle de cette compassion qui l'a brièvement et charnellement portée vers cet Autre qu'elle instrumentalisait.
Et Lorna fait ainsi foirer la transaction avec le russe, et le projet avec Laszlo. Et s'attire les foudres de l'entremetteur taxi qui n'aime pas perdre. En bon calculateur.
Poignant, tragique. Une écriture sèche faite d'une succession chronologique de scènes sans continuité apparente, proche d'une narration non linéaire, sans toutefois en être une, les ellipses tenant lieu ici de ciment entre les séquences. Pas d'explications, pas de bavardages: tout est donné à voir et à entendre, dans des dialogues tels qu'ils sont dans la vie, i.e poursuite par chacun au moyen d'une parole sans fioriture, crue, vraie, banale, de ses seules préoccupations. Pas de communication entre tous ces êtres, chacun est à sa façon à la poursuite d'un bonheur qui ne peut ici que s'acheter. Tout est calculé par tous, chacun pour soi dans les limites de sa liberté.
Lumière glauque qui est l'éclairage glauque d'une réalité glauque, d'un monde où les lucioles viennent depuis l'Est se bruler les ailes sur les lumières de l'Occident.
J'ai entrevu une filiation entre les frères Dardenne et un autre immigré pour lequel les Lumières de la Ville étaient aussi un piège.

Je n'ai pas l'enregistrement du film ni sa distribution, aussi les noms des protagonistes ne sont pas garantis.

Nomade 19/10/2009 @ 17:15:57
Bonjour,

Tu es nouveau sur le forum ?
Pourquoi parles-tu de ce film ? Il serait peut-être mieux de nous faire part de tes impressions, non ?

Ce film est sorti il y a un an voire plus... J'étais allée le voir. Jérémie Régnier y est touchant.

Farfalone
19/10/2009 @ 18:37:56
Bonjour,

Tu es nouveau sur le forum ?
Pourquoi parles-tu de ce film ? Il serait peut-être mieux de nous faire part de tes impressions, non ?

Ce film est sorti il y a un an voire plus... J'étais allée le voir. Jérémie Régnier y est touchant.


Bonjour.

Je me suis inscrit il y a une semaine.
Parce que je l'ai aimé. Il vient de passer à la télé
Je croyais avoir fait part, au travers de ce post, de mes impressions: visiblement c'est raté

Saule

avatar 19/10/2009 @ 20:19:30
Le cinéma des frères Dardenne, je me dis toujours que je devrais y aller, puis je n'y vais pas car j'ai peur de sortir démoralisé! J'ai vu la promesse et l'enfant, que j'aimais beaucoup (surtout le un).

Je préfère voir le film avant de lire ta critique, si il repasse à la TV..

Nomade 20/10/2009 @ 08:53:19
Oui, l'enfant m'a démoralisé

Nomade 20/10/2009 @ 14:33:23
Bonjour Farfalone,

Bienvenue à CL
et désolée pour ce rentre dedans. J'ai un côté bourrin
Tes impressions sont bien là, mais Internet au boulot n'affiche pas toujours tout. Je n'avais que le début. Il arrive très souvent que je ne puisse lire la totalité du premier post de chaque forum.

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