Pendragon
avatar 21/09/2009 @ 16:09:25
Sam Mendes a mis dans le mille, incontestablement !

L’histoire est celle d’un couple, Frank (Leonardo DiCaprio) et April Wheeler (Kate Winslet), que nous suivons, presque caméra sur l’épaule, pendant quelques semaines de l’été, au milieu des années cinquante. Ils se sont rencontrés quelques années auparavant, se sont plus, se sont mariés, ont fait deux enfants et ont acheté une jolie maison dans un quartier calme de la banlieue. Lui travaille dans une grosse société, un travail qui ne lui plaît pas du tout, mais il faut bien manger et payer ses traites, elle ne travaille pas, elle est vaguement actrice de théâtre… et tous les deux s’emmerdent à fond ! Devant une telle vacuité de l’existence, leur amour ne peut que s’étioler et c’est jusque leur équilibre psychique qui pourrait en subir les conséquences.
Classant de vieilles photos, April retrouve un cliché de son mari à Paris, du temps de la guerre, et ils décident ensemble de tout quitter pour recommencer leur vie, recommencer « une » vie ou même « la » vie à Paris. Sur ces entrefaites, Frank reçoit une excellente promotion et … cela semble remettre les choses en question.

Le film nous montre les discussions, très en close-up de ces deux personnes qui s’en viennent à se déchirer simplement à cause de leur malheur individuel, à cause de leur inadéquation face à la vie en société qui nous est imposée depuis toujours. Cela donne lieu à des dialogues d’une rare justesse et, bien sûr, d’une actualité sidérante, cinquante ans plus tard !

- April Wheeler: Don't you see? That's the whole idea! You'll be able to do what you should have been aloud to do seven years ago, you'll have the time. For the first time in your life, you'll have the time to find out what it is you actually want to do. And when you figure it out, you'll have the time and the freedom, to start doing.
- Frank Wheeler: This doesn't seem very realistic.
- April Wheeler: No, Frank. This is what's unrealistic. It's unrealistic for a man with a fine mind to go on working year after year at a job he can't stand. Coming home to a place he can't stand, to a wife who's equally unable to stand the same things. And you know what the worst part of it is? Our whole existence here is based on this great premise that we're special. They we're superior to the whole thing. But we're not. We're just like everyone else! We bought into the same, ridiculous delusion. That we have to resign from life and settle down the moment we have children. And we've been punishing each other for it.

Sam Mendes met également en scène un « fou », une personne qui a subit 37 électrochocs (nous sommes dans les années 50) pour tenter de le guérir de son incapacité à contrôler ses émotions. Bien sûr, quand il parle aux Wheeler, il ne mâche pas ses mots :

- John Givings: Hopeless emptiness. Now you’ve said it. Plenty of people are onto the emptiness, but it takes real guts to see the hopelessness.

- John Givings: You want to play house you got to have a job. You want to play nice house, very sweet house, you got to have a job you don't like.

Il y a très peu d’éléments extérieurs, les enfants ne sont jamais présents (erreur délibérée ?), les voisins ne font que passer, les amant-maîtresses ne sont qu’ébauchés, bref, c’est un vrai close-up sur une portion de vie dans laquelle tous les spectateurs se retrouveront un jour ou l’autre, que ce soit du côté de Frank ou du côté d’April… et c’est à faire peur !

Drame social ou drame psychologique, je crains que ce ne soit ici du pareil au même et bien sûr, qui dit drame, dit fin dramatique que je ne dévoilerai pas… mais laissez-moi simplement vous parler de la toute dernière image du film, où l’on voit un vieil homme (le père de John) baisser son sonotone jusqu’au niveau zéro alors que sa femme parle des Wheeler… une libre interprétation de ma part est simplement qu’on préfère se taire, ne pas voir, ne pas entendre ce genre d’histoire, ce genre de drame qui ne nous rappelle trop que nous sommes tous plus ou moins dans le cas, mais qu’on le supporte, plus ou moins, pour autant qu’on ne nous explique pas trop souvent qu’il existe autre chose !

Sans avoir lu le roman original de Richard Yates (du même titre), je peux cependant vous dire que c’est une toute grande œuvre que nous offre ici Sam Mendes, réalisateur, entre autre, du fabuleux American Beauty, soit dit en passant ! Il me faudra sans doute lire le roman pour en extraire encore plus de substance, mais ce que j’ai vu hier est déjà suffisamment dense pour entretenir ma soif de l’étude humaine pour un petit moment…

Quant aux acteurs, DiCaprio et Winslet, je précise d’emblée que ce sont deux acteurs que je n’apprécie pas outre mesure mais ils donnent ici une performance qui, diantre, mérite amplement les nominations et récompenses reçus (Golden Globe pour Kate Winslet quand même) ! Enfin, pour DiCaprio, force m’est de revoir mon jugement sur lui, car après les nullités qu’étaient Romeo + Juliet, le Titanic, The Man in the Iron Mask ou The Beach, il s’est quand même bien rattrapé en entamant un agréable virage avec The Gangs of New York et en s’élevant vers les bons acteurs avec des films comme The Aviator, The Departed ou Blood Diamond. Et l’alchimie qui résulte de leur duo est tout simplement exceptionnelle, je crois n’avoir encore jamais vu une telle justesse d’interprétation pour deux acteurs, ensemble, tout au long d’un film ! Regards, silences, disputes, … tout est OMG, so realistic !

Bref, un excellent film, soutenu probablement par un excellent roman, mais un excellent film quand même ! A voir d’urgence !!!!!

P.

Virgile

avatar 21/09/2009 @ 16:30:04
Personnellement j'ai trouvé le film trop pessimiste, trop lourd. C'est bien fait, l'idée est intéressante, le personnage du fou aussi mais le traitement est trop sombre à mon goût. Ce couple se laisse bouffer par la vie sans jamais vraiment arriver à prendre les rênes ou a assumer pleinement leurs choix, c'est plutôt déprimant.

Pendragon
avatar 22/09/2009 @ 09:35:32
Donc, pour toi qui a la grande chance d’être un artiste et d’aimer ce que tu fais, pour toi qui, en plus, considère que chaque art se vaut ce qui donc renforce ta passion, ce film te paraît déprimant !? Et bien crois-moi, pour les 90 % des gens qui se sont reconnus à un moment ou l’autre de leur vie dans l’un ou l’autre des personnages, ça l’est encore plus !! Bien plus en fait car le réalisateur insiste sur l’inéluctabilité de la chose ou, à tout le moins, sur l’extrême difficulté du changement ! Quant à la lourdeur et au pessimisme que tu vois, je n’y ai vu pour ma part qu’un réalisme quotidien traité avec beaucoup de légèreté, on aurait pu être encore beaucoup plus noir…

Mais cela, ce n’est que ma propre interprétation, je serais curieux d’entendre d’autres avis…

Virgile

avatar 22/09/2009 @ 12:07:40
Bah mon avis c'est que c'est l'histoire d'un passage raté vers l'age adulte. Mais je ne dis pas que ça n'arrive pas à plein de gens. :op

Virgile

avatar 22/09/2009 @ 12:15:45
C'est sans doute aussi le fait justement que le réalisateur semble insister sur l'inéluctabilité du changement ou sa très grande difficulté qui m'a paru lourd. Je pense pour ma part que c'est plus facile de changer quand quelque chose ne nous convient pas que de supporter une situation qui ne nous convient pas. Ma vie n'est pas plus facile que la tienne ou celle de n'importe qui il me semble. Et celle du couple du film n'est pas non plus particulièrement difficile. Mais eux ils ne s'en sortent pas.

Aria
avatar 22/09/2009 @ 13:44:44
Je n'ai malheureusement pas vu ce film, qui me tentait beaucoup, mais j'arriverai peut-être à le voir.

Le thème me paraissait très intéressant.
Avec toutes les années que j'ai derrière moi, je peux dire qu'il est très difficile de changer de vie. Surtout lorsqu'on est en couple avec des enfants. Cela suppose que les deux aient envie du changement en même temps ou que celui qui se sent bien comme ça sache comprendre le malaise de l'autre et en tout cas ne se mette pas en travers de ses nouveaux projets.

Et là, je n'ai que des exemples où cela n'a pas marché. Soit le couple restait ensemble avec des tonnes de frustration pour celui qui avait construit un projet auquel l'autre n'adhérait pas. Soit il se séparait.

Avec une psychologie qui semblera peut-être trop facile, je dirai que souvent un couple se construit sur sa complémentarité : l'un est très stable, l'autre est plus moteur, l'un est artiste, l'autre a plus les pieds dans la glaise. Mais le jour où l'un des deux ne se sent plus bien dans l'équilibre qui fait leur couple, tout peut s'écrouler.

Si ce que j'ai écrit ne répond pas à ta question, Pendragon, excuse-moi !

Aria
avatar 22/09/2009 @ 14:45:05
Si je devais donner un conseil aux jeunes ou moins jeunes qui se mettent en couple : pour éviter ce problème de grand écart possible dans un couple au cas où l'un voudrait changer de vie, il faut que dès le départ le couple ait le même rapport à l'argent (très important), à la réussite sociale et à leur égalité dans le couple.

Tout à l'heure, j'étais assez pessimiste, mais je parlais de couples de ma génération, où les hommes étaient particulièrement machos. Et ont donc considéré que le travail de l'homme était primordial, même si leur épouse avait un niveau d'études plus important et des attentes plus fortes pour leur accomplissement professionnel.

Pendragon
avatar 22/09/2009 @ 14:58:09
Je ne pense pas que ce soit une question de machisme ou de rapport à l'argent ou de qui fait quoi dans le couple... je crois plutôt qu'il s'agit malheureusement de la "bête" question : bon sang, pourquoi se casser le c... toute la journée à faire un boulot qui ne nous plait pas ? juste pour manger ? juste pour payer la maison ? etc, etc, ... Le problème est que très peu de gens "vivent" dans le sens noble du terme... ce n'est pas une question de sexe, pas une question de génération, c'est un fait lié à notre nature humaine qui n'est pas en ligne avec les conventions sociales et qui ne l'a jamais été. Chaque individu "aimerait" faire quantité de choses, mais ce n'est tout simplement pas possible à cause d'une quantité invraisemblable de choses que l'on se met sur le dos... et croyez-moi, les vraies personnes "libres" de tout sont rares, voire inexistantes ! Après, certains supportent plus que d'autres, c'est sûr, mais la "douleur" de la vacuité de l'existence est bien réelle...

CptNemo

avatar 22/09/2009 @ 15:02:51
Bon je n'ai pas vu le film mais j'ai fini le livre il y'a pas très longtemps. C'était très beau, très déprimant et le sujet est très fort tant il parle à tout le monde je pense.

Aria
avatar 22/09/2009 @ 16:27:32
Je ne pense pas que ce soit une question de machisme ou de rapport à l'argent ou de qui fait quoi dans le couple... je crois plutôt qu'il s'agit malheureusement de la "bête" question : bon sang, pourquoi se casser le c... toute la journée à faire un boulot qui ne nous plait pas ? juste pour manger ? juste pour payer la maison ? etc, etc, ... Le problème est que très peu de gens "vivent" dans le sens noble du terme... ce n'est pas une question de sexe, pas une question de génération, c'est un fait lié à notre nature humaine qui n'est pas en ligne avec les conventions sociales et qui ne l'a jamais été. Chaque individu "aimerait" faire quantité de choses, mais ce n'est tout simplement pas possible à cause d'une quantité invraisemblable de choses que l'on se met sur le dos... et croyez-moi, les vraies personnes "libres" de tout sont rares, voire inexistantes ! Après, certains supportent plus que d'autres, c'est sûr, mais la "douleur" de la vacuité de l'existence est bien réelle...

Eh bien désolée, si tu te poses la question "pourquoi se casser le c..à faire un boulot qui me rase etc.", il faut bien trouver une réponse, comme : quel boulot aurait plus de sens pour moi ?
Et si ce boulot qui a plus de sens pour toi et qu'il est payé moitié moins cher que ce que tu gagnes en ce moment, viens m'expliquer comment tu fais si ta compagne te dit : impossible, je ne me vois pas vivre avec si peu d'argent, nous avons besoin de tant, nous avons des enfants à élever etc.

Si tu ne vois pas où intervient le rapport à l'argent, c'est moi qui me dis que tu n'as pas envie de comprendre ce que j'écris.

Pourquoi parler de "vacuité de l'existence" ? L' existence ne se réduit pas au travail et au fait de payer son appart' ou Dieu sait quoi.Pour moi, l'existence a du sens si tu y mets du sens. Il n'y a que toi qui peux savoir ce qui mettra du sens à ta vie.

Pendragon
avatar 22/09/2009 @ 20:07:31
Je n’ai jamais dit que je ne voyais pas où intervenait le rapport à l’argent, j’ai dit que pour moi la question n’était pas là !

Il est clair que dans le monde dans lequel nous vivons l’argent est le meilleur MOYEN d’avoir ce que l’on veut, grosse maison, grosse TV, home cinéma, ordinateur dernier cri et belle bagnole ! Et si l’on en a vraiment beaucoup, cela devient, vacances perpétuelles, encore plus grosses maison et bagnole, les meilleurs champagnes et pourquoi pas, des filles à gogo… chacun mettra ce qu’il désire dans la liste ! Mais, pour moi, la question n’est pas là ! Car, et cela répond à ta deuxième question, ce ne seront que des pis-aller dont je n’ai pas encore trouvé le SENS et c’est cette absence de sens que je qualifie de vacuité. Tout le débat est sur le sens de la vie, pas sur la façon dont tout un chacun la remplit, avec plus ou moins de bonheur ou non…

Raison pour laquelle je trouvais ce film relativement juste car il ne parle nullement de biens matériels mais de bien ou mal-être générique, le « matériel » n’étant que des retenues fictives, des excuses que l’on s’invente pour ne pas changer… La peur du changement (indépendante des excuses en question) étant plus forte que le mal-être quotidien chez certaine personne, alors que chez d’autre, ce mal-être entraîne des actes… comment les qualifierais-je ?... des actes… incompris !?

Aria
avatar 23/09/2009 @ 00:07:04
Je n’ai jamais dit que je ne voyais pas où intervenait le rapport à l’argent, j’ai dit que pour moi la question n’était pas là !

Car, et cela répond à ta deuxième question, ce ne seront que des pis-aller dont je n’ai pas encore trouvé le SENS et c’est cette absence de sens que je qualifie de vacuité. Tout le débat est sur le sens de la vie, pas sur la façon dont tout un chacun la remplit, avec plus ou moins de bonheur ou non…


Je comprends mieux comme ça.
Tout ce qu'apporte l'argent ne peut, en effet remplir une vie et il est bien difficile de parler du SENS de la vie, car c'est le GRAND problème quand on avance dans sa vie. Et ce problème prend une acuité plus grande chaque fois que nous sommes dans un passage à vide ou que nous traversons une crise. Crise de la quarantaine, de la cinquantaine, de la soixantaine. Il me semble que les crises sont souvent cycliques et correspondent aux caps de la vie.

Raison pour laquelle je trouvais ce film relativement juste car il ne parle nullement de biens matériels mais de bien ou mal-être générique, le « matériel » n’étant que des retenues fictives, des excuses que l’on s’invente pour ne pas changer… La peur du changement (indépendante des excuses en question) étant plus forte que le mal-être quotidien chez certaine personne, alors que chez d’autre, ce mal-être entraîne des actes… comment les qualifierais-je ?... des actes… incompris !?


Oui, là aussi je te rejoins. On se cache souvent derrière les problèmes "matériels" pour ne pas changer. Mais cette peur du changement est assez compréhensible. Parfois, on peut se demander si le changement n'entraînera pas un mal-être plus fort. Il y a des décisions qui sont tellement difficiles à prendre quand elles n'engagent pas que notre seule personne.
C'est vrai aussi que faute d'opérer des changements désirés, on peut en venir à des actes incompris, même de nous-mêmes.
Ces périodes de questionnements arrivent à quasiment tout le monde, à un moment ou un autre. Et chacun se sent bien seul dans ces moments-là.
Car, finalement, on ne peut en parler à personne.
On est seul. Il faut se faire confiance mais surtout éviter de se précipiter pour prendre des décisions lourdes.
Mais il est évident qu'une non-décision équivaut à une décision malgré tout.

Donatien
avatar 23/09/2009 @ 09:43:28
Encore une fois merci pour tes belles critiques Pendragon.Elles sont bonnes parce qu'elles transmettent tes émotions de spectateurs, ta capacité d'empathies avec certains personnages de cinéma ou littérature.
Cela se sent dans le texte et le style............

J'ai également trouvé que c'était un bon film. Pas "agréable" bien sûr. Il est de la même veine que "virgin suicides" de Sofia coppola.
Le spectateur voit des vies se déliter, glisser vers le drame...il a envie de crier (comme les gosses le faisaient au temps du cinoche) pour aider ces hommes et ces femmes............................

L'empathie suscité par le réalisateur et le jeu des acteurs nous implique, nous touche parce que nous nous sentons concernés..

J'ai admiré les performances de Di Caprio et de Winslet qui nous ont fait oublier leur statut de "star", surtout de Winslet qui se révèle bonne actrice et intelligente dans le choix de ses rôles.

Je crois logique que certaines réactions soient négatives , considérant que Sam Mendés serait un "professeur de désespoir", que la vie est à accepter telle quelle, justement parce que chacun se sent interrogé par de telles oeuvres.

Je crois que Nietzsche a dit "Si vous donnez plus de 8 heures par jour à vos obligations, vous menez une vie d'esclave"..

Facile à dire, difficile à vivre.

N.B. : Connais-tu le site de Bertrand Tavernier? C'est une mine pour les amateurs de cinéma.

A+

Pendragon
avatar 23/09/2009 @ 10:18:56
Merci à toi pour tes compliments... cela, au moins, va droit au coeur, tant il n'y a rien de plus difficile à transmettre qu'une passion !

Tu as raison pour Nietzsche, il dit dans Humain, trop humain : "Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour lui-même est un esclave, qu'il soit d'ailleurs ce qu'il veut : politique, marchand, fonctionnaire, érudit."

D'ailleurs, si tu aimes les citations, tape "esclave - citations" dans Google et tu en verras des pas piquées des vers ! ^^

Quant au site de Tavernier, non, je ne connais pas. Ma bible à moi c'est imdb.com...

P.

PS : Aria, je crains que tu n'aies entièrement raison...

Virgile

avatar 23/09/2009 @ 14:59:30
Le problème du sens de la vie n'épargne personne évidemment (sauf si il y a des gens qui arrivent à vivre sans jamais se poser de questions ce qui serait une grande chance je crois).

Mais face à ce problème universel j'ai en général tendance à préférer ceux qui réagissent avec humour ou en se retroussant les manches plutôt que ceux qui se morfondent en disant qu'on ne peut rien y faire. C'est sans doute la raison pour laquelle ce film ne m'a pas vraiment plu. Un peu comme dans "jeu d'enfants" avec Cotillard et Canet, j'avais envie de mettre des claques aux personnages principaux qui font eux même leur propre malheur. Tiens à ce sujet il y avait un livre dont certains passages étaient intéressants: "Faites vous-même votre malheur" de Paul Watzlawick.

La citation "Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour lui-même est un esclave, qu'il soit d'ailleurs ce qu'il veut : politique, marchand, fonctionnaire, érudit." je la trouve un peu bizarre. Qu'est ce que ça veut dire disposer des 2/3 de sa journée? On dispose de toute sa vie, personne ne nous oblige à bosser, à faire des enfants, a nous marier ou a faire quoi que ce soit d'autre. Nos choix (ou nos absences de choix) il faut les assumer qu'importe qu'ils soient bons ou mauvais, je ne crois pas qu'il y a vraiment des bons ou des mauvais choix, il y a des choix qu'on assume avec toutes leurs conséquences et d'autres qu'on n'assume pas. Dans ce film les personnages principaux n'assument pas leurs choix, c'est dans ce sens que j'écrivais qu'ils n'arrivent pas à devenir adultes.

Pendragon
avatar 23/09/2009 @ 15:56:19
Le problème est qu’un choix (quel qu’il soit) n’est jamais fait en TOUTE connaissance de causes et que donc, un choix pris a un moment donné parce que c’était le « meilleur » choix du moment (choix avec lequel on peut vivre parfaitement heureux pendant des années d’ailleurs) peut s’avérer « mauvais » plusieurs années plus tard… à un moment où une marche arrière n’est plus possible. Il faut alors continuer à vivre avec un choix fait dans le passé qui a des conséquences directes sur le présent… ce que la majorité des gens font, certes, mais certainement pas sans cogitation, soupir, regret et résignation… à des degrés divers selon les caractères et/ou les choix en question. Je ne pense pas que l’on puisse simplement classer ceux qui sont « malheureux » de personnes n’arrivant pas à devenir adultes, qui n’assument pas et après tout, tant pis pour eux… non, je ne pense pas que l’on puisse faire cela car on ne possède pas toutes les données qui les ont menés là où ils sont…

Et puis, avons-nous « réellement » le choix de nos actions ? Une réponse simple est de dire oui, mais le poids social, familial, l’entourage, l’héritage culturel, etc, etc, etc, … sont parfois tellement lourds que l’individu n’a pas réellement le choix… et encore une fois, le qualifier de « faible » et de « tant pis pour lui » est inique…

Virgile

avatar 23/09/2009 @ 19:01:51
"Le problème est qu’un choix (quel qu’il soit) n’est jamais fait en TOUTE connaissance de causes et que donc, un choix pris a un moment donné parce que c’était le « meilleur » choix du moment (choix avec lequel on peut vivre parfaitement heureux pendant des années d’ailleurs) peut s’avérer « mauvais » plusieurs années plus tard… à un moment où une marche arrière n’est plus possible."

Bah je sais tout ça, je ne l'ai pas nié, ce que je dis c'est que justement comme on ne maîtrise jamais toutes les conséquences de ses choix il n'y en a pas de bons ou de mauvais. La seule différence est dans la façon d'assumer ces choix et leurs conséquences. Dans le film ils n'assument clairement pas leurs choix, ils se les reprochent l'un l'autre parce que justement ils ne prennent pas leurs part de responsabilité dans ce qu'est devenue leur vie.


"Je ne pense pas que l’on puisse simplement classer ceux qui sont « malheureux » de personnes n’arrivant pas à devenir adultes, qui n’assument pas et après tout, tant pis pour eux… non, je ne pense pas que l’on puisse faire cela car on ne possède pas toutes les données qui les ont menés là où ils sont…"

Bah je n'ai jamais fait un tel classement il me semble. Dans le cadre du film en tout cas, comme dans le cas de l'autre film "jeu d'enfants", par contre là je trouve personnellement que ce sont les personnages qui font leur propre malheur et que ce malheur pourrait être évitable. C'est juste un avis personnel et pas une condamnation, ils se condamnent déjà bien assez eux même je trouve. ;op

"Et puis, avons-nous « réellement » le choix de nos actions ? Une réponse simple est de dire oui, mais le poids social, familial, l’entourage, l’héritage culturel, etc, etc, etc, … sont parfois tellement lourds que l’individu n’a pas réellement le choix… et encore une fois, le qualifier de « faible » et de « tant pis pour lui » est inique…"

Oui on a réellement le choix. Il y a des pressions, des influences, je ne le nie pas mais en définitive on a le choix. Et je trouve dangereux ou infantilisant de dire qu'on n'est pas responsables de nos choix.
Mon point de vue n'implique pas que tout être malheureux n'est qu'un faible et que c'est bien fait pour lui. Mon point de vue (qui n'est que mon point de vue donc sans souci d'objectivité ;op) ne s'applique qu'aux cas où ce qui rend les gens malheureux ce sont des choix non-assumés.

La grande majorité d'entre nous font des concessions dans la vie. Mais personne ne nous y oblige, on les fait en général parce qu'on en attend quelque chose. On n'est jamais que l'esclave de ses attentes et donc de soi même au final.

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