Dirlandaise

avatar 06/08/2009 @ 06:04:31
Je viens de finir le visionnement de ce film admirable de M. Falardeau. Non, je ne vais pas vous entretenir de tous ses films, celui-ci est le dernier à faire l'objet d'une critique de ma part ici.

Pour bien comprendre le propos, il faut lire sur la révolte des Patriotes et aussi, sur la vie du notaire François-Marie-Thomas Chevalier de Lorimier, un des grands patriotes canadiens de la révolte 1837-39 au Bas-Canada (ancien nom du Québec), arrêté et pendu à Montréal le 15 février 1839.

Le film raconte les deux derniers jours de de Lorimier à la prison "Au Pied du courant" de Montréal en attendant son exécution. Au début du film, il ne sait pas encore qu'il sera pendu et apprend qu'il finira au bout d'une corde avec quatre de ses compagnons de révolte. Commence alors l'attente insoutenable pendant laquelle de Lorimier, un lettré, écrit son testament politique et reçoit la visite de son épouse éplorée. On assiste ensuite à l'exécution et M. Falardeau ne nous épargne aucun détail. Il est dur souvent dans ses films et j'avoue que j'ai eu de la peine à tout regarder. J'avais une boule dans la gorge et les larmes coulaient sur mes joues. La tension dramatique était à son paroxisme dans cette scène finale et c'est tout à fait impossible à regarder sans ressentir d'émotions et un pincement au coeur devant le jeu admirable de Luc Picard, un comédien québécois au talent immense et qui donne dans ce film la pleine mesure de ses capacités.

Le film est austère, quasi mystique. Les prises de vues et les décors rendent bien l'atmosphère qui pouvait régner dans la prison à cette époque. C'est filmé avec sobriété et un grand respect pour la souffrance de ces hommes simples souvent peu instruits, qui ont eu le courage de prendre les armes et de se révolter contre l'oppresseur. Les comédiens sont admirables de naturel. Ils ne jouent pas, ils vivent sous nos yeux ces événements tragiques.

Certaines scènes remarquables :

Le gros plan du visage de Luc Picard (de Lorimier) lorsqu'il apprend qu'il sera pendu le lendemain. Inoubliable !

Pendant la distribution de la soupe aux prisonniers, l'un d'entre eux se met à insulter un soldat anglais et à lui dire toutes sortes de saletés que l'autre ne comprend absolument pas.

Un soldat britannique demande la pardon à de Lorimier et essaie de le convaincre qu'il est obligé de faire ce qu'il fait pour nourrir sa famille et faire vivre ses enfants. Il essaie de se déculpabiliser mais n'obtient aucune réponse du notaire.

L'épouse de de Lorimier qui s'accroche à lui et refuse de le quitter lorsque l'heure des visites se termine car elle sait qu'elle ne le reverra jamais plus.

La marche des condamnés à l'échafaud...

"Nos barreaux, on va finir par les transporter dans nos têtes."

"Le pire, ce n'est pas l'occupation militaire, c'est l'occupation de nos cerveaux."

"Nous autres, on garde la paix. Eux autres, ils gardent la terre et le pouvoir."

"Pour les lâches, la liberté, c'est toujours extrémiste."

"Nous allons leur montrer comment meurent des Français."

Et pour Andro, oui, j'ai écouté attentivement le testament politique de de Lorimier qu'on peut d'ailleurs lire sur un des liens que je vais mettre à la fin. J'ai pensé à toi en l'écoutant. Merci.

Plus qu'un film, un chef-d'oeuvre !

http://fr.wikipedia.org/wiki/…

http://www.pierrefalardeau.com/content/view/26/48/

Nance
avatar 15/08/2009 @ 03:55:06
Le film joue à quelques reprises à Cinépop au mois de septembre, ça va être une bonne occasion de revoir ce film.
http://www.cinepop.ca/details/?11957

Dirlandaise

avatar 15/08/2009 @ 06:05:58
Ah quel beau et grand film ! Fait avec le coeur et cela parait.

Certains l'ont trouvé long mais moi, pas du tout ! Tout est significatif dans ce film, tout s'imbrique parfaitement en faire un chef-d'oeuvre comme seul Pierre Falardeau est capable d'en faire. Mais je me répète et je radote mais je ne me lasse pas de parler des films de M. Falardeau.

Il faut écouter attentivement les dialogues qui sont souvent très prenants surtout lorsque De Lorimier parle de ses souvenirs à sa femme au sujet de ses enfants qu'il ne reverra jamais plus. Comment écouter cela sans ressentir une émotion profonde. C'est si humain, si prenant. Et quand celle-ci refuse de le quitter lorsque l'heure des visites est achevée. Quel tristesse, quel désarroi si bien exprimés par la comédienne.

Et la solidarité des prisonniers qui sont tous des amis. Leur amitié est si belle à voir, si belle...

Un film assez manichéen cependant qui nous montre le côté stupide et borné des Anglais, leur mépris évident des Canadiens-français qu'ils tiennent sous leur domination de conquérants. C'est assez révoltant et je crois que M. Falardeau n'a pas voulu nous les montrer autrement. Il n'est pas nuancé ici, c'est noir et blanc point final mais au moins, il est fidèle à lui-même et à ses convictions profondes.

Et voilà que je suis intarissable quand il s'agit de lui... Je l'aime, je le vénère...malgré ses défauts et son extrémisme. Je dirais plutôt, pour son extrémisme car les gens aujourd'hui ne sont plus habités par cette flamme et je le regrette. Que nous restera-t-il quand il va partir ?

Shelton
avatar 15/08/2009 @ 07:11:04
Une histoire que je ne connais absolument pas comme d'ailleurs celle de ce Canada que je n'ai croisé que de très loin dans certaines pages de l'histoire de France...

Je ne sais pas si le film passe parfois en France mais je vais tenter de faire quelque chose...

Andro2
avatar 15/08/2009 @ 11:27:00
bonjour
aujourd hui 15 aout c est la fete des Acadiens et Acadiennes . c est aussi le tintamarre pour rappeler au monde que malgré tout le peuple acadien est encore en vie

vive acadie libre

andro2

Dirlandaise

avatar 15/08/2009 @ 14:11:02
J'espère qu'un jour, tu pourras voir ce grand film Shelton.

Andro, je te souhaite bonne fête à toi et à tous les Acadiens, un peuple qui a subi la déportation, un peuple qui a souffert d'une façon inconcevable sous la domination britannique et qui mérite mon plus profond respect pour avoir survécu à l'innommable.

Vive l'Acadie libre !

Martell
avatar 16/08/2009 @ 08:12:28
J’ai un profond respect pour cette génération des premiers colons français qui survécurent à l’isolement total et aux mortels hivers de ces temps lointain. Si leur culture a survécue à tant de drames oubliés c’est peut-être qu’ils ont transmis un peu de cette force intérieure qui leur donna le courage d’émigrer vers ces terres inconnues et hostiles mais où il y avait une promesse de liberté, loin du servage et des sombres châteaux.

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